Handicap et préhistoire, les mêmes combats qu’aujourd’hui
"En croisant les sources écrites et les découvertes dans les nécropoles on constate qu’il n’y avait pas de distinction faite entre les individus… Autrefois, on était tous des handicapés en puissance". Celle qui parle ainsi dans Le Figaro est Valérie Delattre, archéo-anthropologue, qui a écrit un livre aux éditions le Pommier "Handicap, quand l’archéologie nous éclaire". Une plongée passionnante dans le passé lointain, où l’auteur se pose la question de l’intégration des personnes handicapées.
Qu’apprend-on à ce sujet ?
"On sait que de nombreuses personnes ont vécu longtemps avec des fractures irréversibles" -dit-elle. "Leur quotidien était totalement chamboulé. Pourtant, ils n’étaient pas rejetés". Ainsi, sur des vestiges très anciens, les fouilles révèlent que la bienveillance des humains à l’égard des plus vulnérables ne date pas d’aujourd’hui. Sur le site de Qafzeh en Israël, 100.000 ans avant notre ère, un adolescent atteint de troubles neurocognitifs a bénéficié d’un traitement funéraire unique, qui témoigne de l’attention que la communauté lui a portée.
Il y a aussi Nandy, homme du Néandertal, atteint de multiples handicaps sévères, qui n’aurait jamais atteint les 40 ans qu’on lui prête s’il n’avait pas bénéficié de l’assistance de ses congénères. Les exemples sont ainsi nombreux, qui illustrent une grande sollicitude envers les plus faibles. Certains sites témoignent aussi des efforts faits pour réparer ou compenser des corps abîmés, comme d’anciennes traces d’interventions chirurgicales et de prothèses rudimentaires.
Ca parait très positif ! Tout était donc pour le mieux avec les moyens de l’époque ?
Pas spécialement. Valérie Delattre n’occulte pas les cas de rejet, et mentionne les nombreuses traces "d’exclusions, de railleries et même d’éliminations des personnes infirmes et vulnérables encombrantes". Au fond on aurait envie de dire que les combats de la préhistoire étaient un peu les mêmes que ceux que nous traversons aujourd’hui : rejet, élimination, soin, réparation, bienveillance, inclusion.
C’est ce qu’elle constate elle-même, qui en débutant ce travail a choisi de s’engager dans une association de sensibilisation au handicap : "parfois nos sociétés sont tellement normatives et intolérantes" -dit-elle- qu’on ne se pose pas la question de leur quotidien. Alors, puisse ce livre sur nos ancêtres nous permettre de nous questionner sur le présent et sur l’avenir ! Quel sera le regard nos lointains descendants sur notre époque en matière de handicap ?
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