Général, du nom à l'adjectif !
"Général" ! Voilà de fait un mot complexe, tantôt adjectif comme dans un problème général, une idée générale, une tendance générale, l’intérêt général, une grève générale, la culture générale, le Conseil général, aller du particulier au général, ah… mais là on passe de l’adjectif au substantif. Alors vient le général en chef, mais aussi des Jésuites, le général de brigade, de division, de corps d’armée, commandant en chef, et depuis 1802, la générale, l’épouse d’un général. Aucun doute, il est temps de radiographier le mot.
En fait, il a pour souche très ancienne l’indoeuropéen, gene, signifiant engendrer, naître, qui a aboutit au latin gens, gentis, race, peuple, d’où, entré en français au Xe siècle gent et son pluriel les gen(t)s, désignant donc des personnes en nombre indéterminé. Sur le latin gens se sont créés d’autres mots latins, gentilis à l’origine de gentil d’abord de bonne race, puis délicat, doux. Et vient enfin en français, attesté en 1121, le mot général issu du latin generalis, terme philosophique pour désigner ce qui se rapporte à un genre, à une espèce, à un ensemble d’individus, s’opposant à singuli, particulier.
D’où le sens de l’adjectif général. qui donne naissance à la locution "en général", vers 1270. L’adjectif va aussi prendre le sens de ce qui intéresse une majorité de personnes, d’où en 1574, l’apparition de l’assemblée générale, avec une valeur administrative qu’on retrouvera dans le "conseil général". De l’autre côté, l’adjectif s’emploie à propos d’une science qui couvre un ensemble de spécialités, d’où la culture générale.
La notion de fonction apparaît au XIVe siècle avec le vicaire général et les généraux trésoriers, il s’agit dès lors d’un grade supérieur dans une hiérarchie au sens pour la personne « qui embrasse l’ensemble d’une organisation », une administration, d’où dès 1540 le capitaine général d’un corps militaire, bientôt abrégé en général. Et celui-ci fit une grande carrière, avec différents grades marqués par un certain nombre d’étoiles. Sans oublier le général des Jésuites. Dans le fond il faut garder dans l’esprit le sens de l’adjectif pour comprendre le nom : un général est au service du général, de l’ensemble des gens, sa première origine. Certes ils dominent pour mieux voir cet ensemble : "les étoiles de troupe", disent les verbicrucistes, ou moins élégamment "le gros de la troupe", un gros qui pèse à juste titre, "Mon général !" …
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