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RCF Fragile, fragilité
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Fragile, fragilité

RCF,  -  Modifié le 5 juillet 2018
On a tous notre fragilité en fonction de sujets, des moments. Voilà un adjectif qui touche aussi bien les objets que les personnes et les situations.
Pascal Hausherr Pascal Hausherr

L'adjectif "fragile" résulte d’une histoire particulière de la langue française que l'on appelle les doublets. Un doublet lexical correspond à l’existence de deux mots différents par leur forme et leur sens mais de même origine étymologiques. Par exemple : aigre et âcre, appréhender et apprendre, écouter et ausculter. Chacune de ces paires de mots a pour origine un même mot latin. Ainsi le latin acrus a donné par déformation phonétique au fil des siècles le mot aigre, et au XVIIe siècle en reprenant la racine initiale, on a créé un nouveau mot, âcre, de sens voisin, mais plus intense.

De la même façon, le latin appehendere, saisir, concevoir, en se déformant a donné en français apprendre, mais au XIIIe siècle on a repris la racine et doublé le verbe apprendre du verbe appréhender, de sens plus fort, « saisir au corps », entre autres. Tout comme le latin auscultare déformé a abouti au verbe eskolter, puis écouter vers le Xe siècle, et au XVIe siècle, on a reconstruit savamment en partant du latin auscultare le verbe ausculter, examiner un malade en écoutant les bruits de l’organisme. Eh bien, ce mécanisme du « doublet » est à l’origine du mot « fragile ».

Du latin classique, impérial, fragilis, cassant, friable, périssable,  qui venait d’ailleurs du verbe frangere, briser, est né à la fin du XIe siècle et par voie populaire, au fur et à mesure de la déformation phonétique. Fraile, d’abord prononcé fra-ïle, puis fraile, finalement orthographié « frêle », désignant tout ce qui donne une impression de fragilité : Un enfant frêle, de frêles espérances. Et sans doute y a-t-il eu là l’influence de l’adjectif grêle, du latin gracilis, désignant quelque chose de fin, les pattes grêles d’un oiseau. Et puis au XIIe s., on a repris le latin fragilis pour créer le mot fragilité, désignant ce qui manque de solidité, au sens propre et au sens figuré, d’où est né au XIVe le mot fragile. Parmi les définitions de la « fragilité » dans nos premiers dictionnaires, il y en a une que je trouve presque poétique, chez Richelet, en 1680 : Fragilité : « pente à faillir », « faillir »…  traduite par « trop grande facilité à condescendre aux volontés de quelqu’un. Ah il faut faire attention aux pentes… Ne pas tomber !
 

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