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Fermeture du Golfe de Gascogne : de lourdes pertes pour la filière pêche
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Fermeture du Golfe de Gascogne : de lourdes pertes pour la filière pêche

Un article rédigé par Claire le Parc et Ronan Le Coz - RCF Bretagne, le 20 février 2024  -  Modifié le 21 février 2024

La fermeture d'un mois du Golfe de Gascogne, décidé par le Conseil d'État pour préserver les cétacés, prend fin mardi 20 février. A l'heure du bilan les professionnels évoquent de lourdes pertes. Leur mot d'ordre : "plus jamais ça!"

Les navires bloqués à quai au port de pêche de Lorient - © Claire Le Parc Les navires bloqués à quai au port de pêche de Lorient - © Claire Le Parc

La mesure suscite colère et indignation... L'interdiction de pêche pour les bateaux de plus de 8 mètres utilisant des engins qui peuvent capturer des dauphins, prise par le Conseil d'État dans le golfe de Gascogne pour réduire les captures accidentelles de petits cétacés, prend fin ce mardi 20 février. Les 450 navires bloqués à quai depuis un mois vont pouvoir reprendre la mer. Mais à Lorient les visages restent figés. Un avis de tempête pourrait, en effet, prolonger l'inactivité des équipages. Un nouveau revers pour des pêcheurs qui pointent "les lourdes conséquences de la fermeture du Golfe de Gascogne." 

Une inquiétude palpable

A l'heure du bilan, le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM) évoque une baisse de 47% des volumes et de 58 % du chiffre d'affaire sur la façade Atlantique. "Rien que pour la SEM de Lorient Keroman la perte se chiffre à 2 millions d'euros", précise Olivier Le Nézet, le Président de la SEM et du CNPMEM. Rassemblés à Lorient, ce mardi, les différents acteurs ont voulu montrer leur unité. Autour de la table, l'inquiétude est palpable. "Nous attendons des conséquences concrètes sur les petites poissonneries dans les prochains mois", commente Dominique Ciaravola, Président de l'OPAM (groupement d'acheteurs). Une inquiétudes partagée également par les mareyeurs et autres acteurs. 

A terre, en mer... Toute la filière est impactée!

Olivier Le Nézet, le Président du Comité national des pêches et des élevages marins (CNPMEM) demande donc "un versement urgent" des aides de l'État. Pour les pêcheurs les enjeux sont multiples : garder leurs équipages, maintenir l'activité, rassurer les consommateurs et, de fait, maintenir la clientèle. 

Une action juridique

Le CNPMEM évoque également une action juridique. "Nous allons attaquer sur le fond auprès du Conseil d'État. Il est important, pour nous, de démontrer la stupidité de cette mesure." Une incompréhension d'autant plus forte que "80 % de la flotte du Golfe de Gascogne était équipée d'engins ou d'outils pour éviter les captures accidentelles. Les pêcheurs sont acteurs pour trouver des solutions et cohabiter avec leur environnement." Une volonté qui doit, pour le Président du CNPMEM, s'accompagner de mesures fortes. La profession demande plus de transparence sur les causes de la mort des cétacés échoués. "L'État doit recadrer les missions et intérêts de chacun."

Tuer la pêche française ne sauvera pas l'environnement 

Deux hypothèses pour les scientifiques

Par ailleurs, du côté des scientifiques, la question reste entière : pourquoi les captures accidentelles de dauphins ont-elles doublées dans le golfe de Gascogne depuis 2016 ? Deux hypothèses principales sont étudiées par les chercheurs : une modification des pratiques de pêche, ou une modification de l’habitat des dauphins, liée à leurs habitudes alimentaires et au changement global… La deuxième hypothèse a pris du corps depuis quelques mois : l’hiver dernier, le programme d’observation Delmoges, porté par l'Ifremer et l'Université de La Rochelle, et dont le CNPMEM est partenaire, avait montré des concentrations de dauphins et de leurs proies (en particulier les anchois et les sardines) près des côtes, à moins de 100 mètres de profondeur, dans des zones très exposées aux engins de pêche…

Trouver le moyen d'éloigner les dauphins

Et puis il y a l’autre volet de la connaissance scientifique sur ce dossier et qui concerne les moyens d’effarouchement... Sur certains engins de pêche, des « pingers », des émetteurs acoustiques, ont été fixés. Ils ont montré des bons résultats mais ils ne sont pas adaptés à un déploiement sur des milliers de kilomètres de filets… À grande échelle, ils pourraient occasionner une pollution sonore importante dans le golfe de Gascogne. D’autres système sont été déployés : des « pingers », là encore, sur les coques des navires, des balises informatives discriminantes, des cordages réflecteurs… Mais tout cela demande encore du temps et des moyens, avant de trouver le système idéal pour épargner les cétacés.

 

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