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Faut-il interdire la fessée pour les enfants?

Un article rédigé par Florence Gault - RCF,  -  Modifié le 29 novembre 2018
Une proposition de loi est soumise jeudi 29 novembre aux députés, et qui vise notamment à interdire la fessée.
Photo by David Straight on Unsplash Photo by David Straight on Unsplash

La France deviendra-t-elle le 55ème pays à interdire les "violences éducatives ordinaires" ? Une proposition de loi est soumise, aujourd'hui, au vote des députés.  Et elle porte sur une question clivante : donner une fessée, une gifle à un enfant, est-ce condamnable ?

Pour certains, une bonne fessée "remet les idées en place" tandis que pour d’autres, elle constitue une humiliation pour l’enfant. Selon un sondage réalisé en 2015, sept français sur dix ne souhaitent pas que la loi interdise la fessée dans le cadre familial. Mais cette proposition de loi vau au-delà de la fessée, puisqu'elle porte sur les violences éducatives ordinaires en général.
 

Une éducation non-violente inscrite dans le Code civil?

Par "violences éducatives ordinaires", il faut comprendre la fessée, la gifle dont on parle le plus souvent mais aussi les menaces, les cris ou les propos humiliants. Ce qu'explique Olivier Maurel, fondateur de l’Observatoire de la violence éducative ordinaire. C'est la députée MoDem Maud Petit, qui porte cette proposition de loi. Le texte prévoit notamment d'inscrire dans le Code civil que "les enfants ont le droit à une éducation sans violence".

Cette initiative est loin d’être une première. En début d’année, Maud Petit avait déjà déposé un texte similaire, passé à la trappe. En 2016, sous la présidence de François Hollande, un amendement interdisant les violences corporelles avait même été voté avant d’être censuré par le Conseil constitutionnel un an plus tard, pour des raisons de procédure. D’ailleurs, ce projet de loi découle de l'histoire personnelle de la députée, Maud Petit.
 

Des règles symboliques pour une prise de conscience

Pour autant, cette loi ne signifie pas que demain, tous les parents qui donnent des fessées ou des gifles, vont se retrouver devant les tribunaux. Ces nouvelles règles sont avant tout symboliques, sans sanction pénale à la clé. L'objectif est surtout de permettre aux parents une prise de conscience. C'est le souhait de la députée Maud Petit.

Elle est soutenue par plusieurs associations dans son combat. Pour ces dernières, partisanes d'une "éducation sans violence", ces gestes sont souvent jugés anodins mais ils ont des conséquences sur "la santé physique et mentale" des enfants, démontrés par certaines études.

Après un "Eloge de la gentillesse", le philosophe Emmanuel Jaffelin a publié une "Apologie de la punition" (éd.Plon). Il estime que la fessée est en fait un signe de l’amour des parents, et que cette proposition de loi étudiée à l'Assemblée découle d'un puritanisme à la double origine.
 

Une méthode de soulagement pour les parents

Pour la pédiatre Edwige Antier, auteur de "L'autorité sans fessée", la fessée est surtout une méthode de soulagement pour les parents. Il n'y a, selon elle, aucune vertu pédagogique dans cette geste. Ancienne députée Les Républicains de Paris, la pédiatre avait déposé en 2009 une proposition de loi visant à interdire les châtiments corporels, qui n'avait pas abouti. Elle livre à RCF quelques conseils pour une éducation sans violence.

A noter que depuis plusieurs années, le Conseil de l'Europe incite ses États membres à bannir les châtiments corporels infligés aux enfants. A ce jour, 32 des 47 pays membres de l'organisation ont adopté une législation en ce sens.

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