Fantastique, un mot et un genre
Un Festival du fantastique est en cours, et oserais-je dire qu’après une conférence hier soir sur un péniche au pied de l’Académie française, le retour sur les routes enneigées à mon domicile relevait un peu du fantastique, blancheur de tous côtés, route presque vide, et la voiture prenant un moment ses libertés dans une lente glissade incontrôlable et chaloupée dans ma rue en pente. Sans aucun dommage.. Et la neige tombant doucement. Fantastique. Bon, c’est le mot aujourd’hui.
Le genre littéraire appelé fantastique qui débouchera ensuite sur le cinéma n’est attesté qu’en 1821, et on doit à Charles Nodier qui a au reste illustré ce genre ce premier exemple du mot, lorsqu’il déclare au tout début DE Smarra ou les Démons de la nuit, que "L’Odysée d’Homère est du fantastique sérieux". En revanche s’il s’agit de l’adjectif désignant ce qui est créé par l’imagination, et qui n’existe donc pas dans la réalité, c’est dès le XIVe siècle que ce sens apparaît dans notre langue française, issu du grec phantasma, l’apparition, la vision et même le fantôme, phantasma venant du verbe phainein, devenir visible, apparaître.
Et Furetière en 1690, dans notre premier dictionnaire encyclopédique de définir le mot ainsi "Fantastique. Imaginaire, qui n’a que l’apparence" assorti d’un exemple peu flatteur : "Les esprits faibles sont sujets à avoir plusieurs visions fantastiques ; il leur apparaît des esprits que n’ont que des corps fantastiques". Deux siècles plus tard, Littré donnera un sens supplémentaire évoquant les "contes fantastiques" qui explique-t-il sont des "contes de fées, des contes de revenants, en particulier, d’‘un genre de contes mis en vogue par l’allemand Hoffmann, où le surnaturel joue un grand rôle".
Le conte fantastique est né. Mais déjà aussi, le mot gagne le vocabulaire expressif et on évoque déjà un luxe fantastique. Enfin, au XXe, avant "c’est extra", l’expression "c’est fantastique" sera très en vogue. Ce qui me rappelle un verbe aujourd’hui disparu. Le verbe fantastiquer, utilisé par Montaigne, pour signifier "Imaginer selon sa fantaisie". Ah, devant cette forêt de dictionnaires qui me livraient leurs secrets, Stéphanie, je fantastiquais !
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