Etats-Unis: l'enquête sur l'ingérence russe, un écran de fumée?
L’enquête pour déterminer l’ingérence de la Russie dans la campagne présidentielle de Donald Trump fait la une des médias américains. Pour le philosophe et politologue franco-américain Dick Howard, ce n’est pas une coïncidence : l’affaire fait du bruit au moment où de nombreuses décisions gouvernementales sont en train d’être prises.
Le cas de George Papadopoulos
L’affaire de l’ingérence russe dans la campagne américaine recouvre deux cas distincts: Paul Manafort, ancien directeur de campagne du président Trump, est, entre autre, accusé de complot contre les Etats-Unis. George Papadopoulos, membre actif de la campagne 2016, vient de plaider coupable d'avoir menti au FBI sur la date de sa rencontre avec un "proche" du gouvernement russe.
C’est pour ce dernier que l’affaire prend une tournure "grave" pour Dick Howard. "Manafort est un vieux de la vieille", analyse-t-il. Ses engagemements envers la Russie sont en effet connus. Au contraire, "Papadopoulos est un jeune qui démarrait en politique, un des cinq conseillers nommés en mars dernier par Trump."
Un timing bien calculé ?
Dick Howard se déclare "horrifié de voir [son] peuple se braquer sur cette affaire-là, alors qu’il y en a d’autres plus graves." Donald Trump doit en effet nommer le nouveau chef de la banque centrale (Fed) jeudi qui déterminera la nouvelle politique économique des Etats-Unis. Il se rendra en outre à partir du 5 novembre en Asie. Une tournée qui devrait clarifier sa politique étrangère.
Des évènements importants pour l’avenir de la politique aux Etats-Unis, passés sous silence dans la presse.
Le débat se perd en tweets steriles
Le politologue fait particulièrement référence au grand projet de réforme fiscale, "la plus grande en 30 ans", et promise depuis un an par le gouvernement. Le Congrès américain a décidé en fin de semaine dernière de la voter avant la fin du mois prochain. La loi prévoit notamment d’égaliser les taux d’imposition des contribuables.
"Il faudrait débattre plutôt que de rester sur ces histoires de série noire"
Une décision qui promet de favoriser les classes moyennes, alors que ses détracteurs, dont fait partie Dick Howard, y voient une occasion de multiplier les niches fiscales qui ne profiteraient qu’aux plus riches. "Il faudrait en débattre plutôt que rester rivés sur ces histoires de série noire." Il se désole ainsi de la multitude de tweets engagés par le président contre l'enquête du procureur spécial sur sa campagne électorale: "Il ne s'agit qu'une tactique de contre-attaque, et non d'un vrai débat."
Se déclarant "désenchanté", le politologue s'était résigné à ne plus écrire ou se prononcer publiquement depuis l'élection de Donald Trump. C'est l'affaire de Charlottesville en août 2017, qui l’a incité à reprendre la plume, lorsqu'il publie un article pour la revue Esprit: "Il y a quelque chose de cassé en Amérique."
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