En Maine-et-Loire, des éleveurs distribuent du lait gratuitement

Depuis une semaine, des centaines de personnes affluent au lieu-dit la Butte, à Longué-Jumelles, dans le Saumurois, pour obtenir du lait gratuitement. A l’heure de la traite, deux éleveurs, Philippe et Jérôme Landelle, distribuent leur surplus de production. Ils ont atteint le volume maximum fixé sur leur contrat de vente avec Lactalis et préfèrent désormais donner leur lait plutôt que de payer des pénalités.
 

Succès inattendu de l’opération

La ferme des frères Landelle se trouve entre Les Rosiers sur Loire et Longué-Jumelles, en Maine-et-Loire. Au bout d’un long chemin gravillonné, au milieu des vaches, une longue file d’attente se forme tous les soirs à l’heure de la traite. Jerrican à la main, pichets tendus, les habitants des alentours sont au rendez-vous pour la distribution gratuite de lait.

Laura vient déjà pour la troisième fois, accompagnée de ses enfants. Ravie, elle remplit ses 14 bouteilles vides. « C'est génial pour les personnes qui n’ont pas beaucoup de moyens et cela permet de découvrir le vrai goût du lait », se réjouit-elle. Monique, quant à elle, est venue une demi-heure avant tout le monde, pour être sûre d’être servie. « Je donne quand même une pièce aux éleveurs pour compenser, c’est normal », estime-t-elle.

L’opération a débuté il y a une semaine. Philippe Landelle, éleveur au Gaec de la Butte ne s’attendait pas à un tel succès : « On a mis un message sur facebook pour annoncer la distribution gratuite. En cinq jours, on a pu donner entre 4600 et 4800 litres de lait. Des centaines de personnes sont venues. »
 

15 000 litres de surplus de lait à écouler

La distribution gratuite, c’est le seul moyen qu’a trouvé Philippe Landelle pour écouler son surplus de production sans payer trop de pénalités à Lactalis. En France, depuis 2015 et la fin des quotas laitiers fixés par l’Union Européenne, la gestion des volumes se fait dans le cadre des contrats signés entre les entreprises laitières et les producteurs.

Avec Lactalis, Philippe Landelle s’est mis d’accord sur un volume précis : il doit écouler 520 000 litres de lait par an, entre le 1er avril et le 31 mars. « On savait depuis le mois de novembre que l’on allait déborder, explique l’éleveur, on aurait pu anticiper et vendre une génisse ou des vaches en lait mais nous n’avions pas envie de nous séparer de bêtes en pleine forme. » Les frères Landelle se sont ainsi retrouvés avec 15 000 litres de lait en trop.

La difficile maîtrise des volumes

S’il vend son surplus de production à Lactalis, Philippe Landel devra payer une pénalité de 288 euros par tonne, pour avoir dépassé le volume fixé dans le contrat. « Il ne nous restera plus que deux centimes par litre, cela ne vaut pas le coup. On préfère en faire profiter les gens», calcule le fermier.

Toutefois, l’éleveur promet de ne rien jeter : tout ce qui ne sera pas donné au consommateur sera tout de même vendu à la laiterie. La mesure, en tout cas, n’est pas du goût de tout le monde. « Mes parents se sont faits insulter au téléphone par un éleveur de Segré », raconte Philippe Landelle, même si d’autres agriculteurs ont relayé l’annonce de la distribution gratuite sur les réseaux sociaux.

Au Gaec de la Butte, le lait continuera de couler à flots jusqu’au 31 mars. La distribution se fait tous les soirs à partir de 17h45.