« Sourd, aveugle, fou à lier, débile, schyzo, barjot, triso, malade, … » nous nous servons trop souvent de ces mots, qui désignent un handicap ou une maladie psychique, pour protester, parfois pour insulter quelqu’un. En plus, très souvent, l’utilisation de ces clichés cache des idées fausses, que la chambre d’écho médiatique répand dans les esprits. « Je ne suis pas autiste, je vois bien les difficultés » a ainsi déclaré agacé un homme politique en réponse à l’insistance d’un interviewer. Une bonne occasion de préciser que les personnes autistes perçoivent, ressentent les difficultés, même si c’est très différemment ! « Les français schizophrènes en matière de sobriété énergétique » titre un journal pour dire le double langage de nos concitoyens sur ce sujet. Une bonne occasion de préciser que les troubles schizophréniques n’ont rien à voir avec un dédoublement de la personnalité. « Bien sûr qu’ici nous avons nos gogols comme partout » a pu dire encore un footballeur pour dénoncer la stupidité des agissements violents de certains supporters. Une bonne occasion de rappeler que la personne trisomique, encore trop souvent désignée « gogol », fait preuve d’une intelligence du cœur qui la préserve largement de toute violence stupide !
Ces images et ces insultes risquent de blesser deux fois : celui à qui on s’adresse, que l’on veut peut-être blesser, hélas. Mais aussi celui qui vit le handicap ou la maladie dont on s’est servi pour insulter, qui se voit involontairement et douloureusement faussement stigmatisé. On peut aisément imaginer ce que ressentent des personnes atteintes de schizophrénie ou de trisomie quand elles voient leur maladie ou leur handicap associés à tel ou tel dysfonctionnement de la société par telle ou telle personnalité en vue, qui fait la une des journaux.
C’est tellement dans le langage courant qu'il est difficile d’y échapper : nous pouvons chacun, et moi le premier, reconnaître humblement qu’il nous arrive de tomber dans ce travers, même inconsciemment. Apprenons à nous corriger les uns les autres avec bienveillance sur ce plan. Cela peut paraitre peu de choses, mais en éliminant de notre langage l’usage métaphorique désobligeant des noms de maladies et de handicaps, nous faisons reculer à petits pas la stigmatisation dont souffrent ceux qui en sont atteints.
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