EHPAD ou maison?

Il y a quelque temps une forte médiatisation a mis sur le devant de la scène les grandes difficultés et même l’indigence des EHPAD, autrement dit les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes. Leur dénomination est elle-même un tout un programme. Froid.

Qui voudrait habiter non plus dans une Maison, mais dans un Établissement ? Qui voudrait être catégorisé comme une Personne Âgée Dépendante ? Comme si vous n’étiez plus que cela dans la vie. Nommée par une limite. Et même une limite potentielle puisque nombre de résidents en EHPAD ne sont pas dépendants - ou le sont peu - mais juste très âgés. Vous voici alors assigné à la dépendance, assujetti. Contradiction totale avec la valorisation des droits et des désirs des personnes et du respect de leurs potentialités. Comme avec le projet de tous ces Établissements, axé sur l’autonomie.

Je ne sais qui a eu l’idée de cette appellation, justement à l’occasion d’une loi, en 1997, qui voulait mettre l’accent non plus sur le lieu d’hébergement mais sur le lieu de vie ! Voilà en tout cas un lapsus révélateur qui a fini par engendrer ce qu’il contenait : plus d’anonymat et de deshumanisation, pour les habitants - les résidents comme on dit - et pour les soignants et accompagnants. En lieu et place de l‘intimité et de la convivialité d’une maison.

Et pourtant, tout un petit peuple s’emploie à faire de ces lieux des espaces ultimes de la sollicitude et du soin. Des lieux de vie. Soignants, personnels, direction, aidants, bénévoles, et résidents aussi. Oui, il convient de soutenir tous ceux qui témoignent d'un sens exigeant de notre co-humanité à l'égard des personnes vulnérables dans le vieillissement. Soutenir aussi tant d'initiatives qui s'emploient à manifester la dignité et la reconnaissance de chacun. Qui témoignent que tous nous sommes, jusqu’au bout, membres d'une communauté humaine, vivante et ouverte.

Mais la dignité, la sollicitude, le soin, ont un prix, celui que nous sommes collectivement capables d’y mettre pour qu’il y ait les compétences nécessaires, le nombre de personnel suffisant et la valorisation sociale indispensable à ses métiers. Alors ces lieux seront des Maisons où vivre encore et toujours, promesse pour chacun de nous que nous non plus, nous ne serons pas abandonnés, à l’aube de nos grandes vulnérabilités. Alors restons concernés et engagés.