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Économie à l'arrêt : le "jour du dépassement" a reculé

RCF,  - Modifié le 10 juin 2020
Le "jour du dépassement", date à laquelle nous avons épuisé ce que la Terre peut nous fournir en une année, va reculer de trois semaines. Grâce à la crise économique?
DR - Johannes HerrmannDR - Johannes Herrmann

Cyniquement, c’est vrai. C’est le genre de raisonnement qui dit que la meilleure chose qui pourrait arriver au reste de la planète, c’est la disparition de notre espèce. C’est un fait. La pandémie nous a contraints à relâcher une partie de notre pression sur notre milieu de vie, ce que manifeste ce chiffre. Seulement l’écologie est un engagement des hommes, dont le but est de sauvegarder les conditions d’existence des hommes sur cette planète, ce qui implique de la garder habitable pour les autres espèces aussi. Cette crise, en l’état, ne nous a pas fait avancer d’un pouce.

Cependant les tenants de la décroissance disent qu’il faut baisser la consommation et le PIB. Oui, encore que c’est simplifier à outrance un programme qui est beaucoup plus complexe et plus progressif. Nous savons, nous mesurons que notre forme économique actuelle excède ce que la planète peut nous donner et donc qu’elle ne durera pas. Elle n’est pas celle qui donnera une vie bonne à tous.

Ce fameux "jour du dépassement" est une modélisation simplifiée de ces calculs. Ici, il recule parce que la plupart des activités, qu’elles soient purement vitales ou non, ont été frappées. D’où une crise, brutale, des écroulements sans contrôle, frappant les plus pauvres. Sachant que par ailleurs la déforestation n’a pas ralenti, au contraire. Ce que nous vivons ici, ce n’est pas un test grandeur nature de décroissance, c’est au contraire le genre de choc que la sortie du mythe de la croissance cherche à nous épargner. Nous sommes toujours dans ce paradigme. Cette crise post-Covid, c’est le vieil immeuble qui nous tombe sur la tête. Changer de système, c’est raser cet immeuble après avoir relogé ses habitants dans des logements mieux adaptés.

Mais l’impact de cette crise montre que le prix du changement sera très élevé lui aussi. Plus on attend, plus il le sera. La pandémie nous a brûlé un joker. Nous devons faire face à la misère qu’elle engendre alors même que la crise écologique globale continue – il fait 50°C en Irak – donc on va être tenté de remettre la révolution écologique à plus tard, et ainsi de suite à chaque événement dont ceux de nature écologique. Si nous n’ouvrons pas le chantier, nous risquons d’entrer dans une spirale vicieuse très dangereuse.

 

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