Ecologie intégrale, à chacun sa part
Pour les participants de cette table ronde, l'écologie intégrale, concept developpé par le pape François dans l'encyclique Laudato Si, est un outil utile pour penser l'avenir. Pour Martin Kopp, "intégral signifie entier et plein, c'est-à-dire que c'est une approche de la question écologique qui n'ampute pas l'écologie de certaines choses: souvent on parle de l'environnement comme étant ce qui est extérieur à nous, ce qui est le cadre, dont on ne fait pas partie. L'écologie intégrale, elle, dit que nous, les êtres humains, faisons partie de la nature, dans les différentes dimensions de notre existence, humaines et sociale".
"Tout est lié" dit le pape François dans son encyclique. Pour Emilie Johann, "cela veut dire qu'il n'y a pas une crise sociale d'un côté et une crise environnementale de l'autre mais une crise socio-environnamentale. Et ça veut dire que quand on pense les problèmes il faut se rappeler que tout ce qui accroît les conflits, les inégalités, les déplacements de population a aussi des conséquences environnementales. Ces conséquences aggravent les inégalités. Les inégalités viennent aussi de modes de consommation des énergies et des ressources qui bénéficient à une minorité qui en fait un usage excessif. C'est à la fois penser ensemble les problèmes mais aussi les solutions: il faut trouver des solutions qui contribuent à la fois à restaurer et à préserver a justice humaine, tout en respectant les limites de la planète et des ressources".
Et Martin Kopp d'ajouter: "la question climatique est liée à la pauvreté de diverses manières, la plus importante étant le fait que les personnes les plus pauvres sont celles qui ont le moins participé au problème du changement climatique parce qu'elles ont des émissions de gaz à effet de serre très faibles, et pourtant ce sont celles qui, et au sud et au nord, sont les premières victimes de ses conséquences" (d'où la notion de justice climatique.
Prendre soin de toute les relations
Pour Gonzague Le Bigot, l'écologie intégrale consiste à prendre soin des relations : "la relation à soi-même, la relation à l'autre, la relation à l'ennvironnement et la relation à l'autre". Ce quadriptyque a été mis en avant et proposé aux jeunes participants de l'université d'été Young Caritas. Des jeuunes, pour certains déjà très conscients de la crise socio-environnemental et des défis qu'elle leur impose. Marie Haccoun, stagiaire au Secours catholique ces derniers mois, a découvert ces défis et la notion d'écologie intégrale en préparant l'université Young Caritas: "ce que j'ai compris de l'écologie intégrale,témoigne-t-elle, c'est qu'il faut prendre en compte tous les aspects, pas seulement l'environnement mais aussi les aspects sociaux et politiques. Ca s'oppose à la croissance accélérée que nous vivons en ce moment, il faut ralentir. On est tous co-citoyens de cette planète qui est notre maison à tous et il faut apprendre à vivre ensemble de manière respectueuse de tout cet écosystème et de la Création en général".
Sur cette nécessité de sortir d'une croissance efffrénée, Martin Kopp, doctorant en théologie dont la thèse porte sur la décroissance, ne peut que renchérir : "on ne peut pas parler d'écologie ou d'environnement sans parler d'économie. Et on ne peut pas parler d'économie en occultant le fait que le grand dogme ou la grande croyance de l'économie actuelle c'est que l'état préférentiel ou même recherché partout dans le monde économique c'est une économie qui croisse: la croissance du PIB, des productions de richesses économiques dans un pays est le but premier d'une société. Or, nous avons déjà dépassé un certain nombre de limites: par exemple, le 1er août, on a atteint le jour du dépassement, c'est-à-dire qu'on est en déficit écologique pour l'année 2018. Pour revenir en deça de certaines limites, mais aussi pour permettre à ceux qui n'ont pas assez de consommer plus parce qu'ils en ont besoin pour leur dignité, il faut que certains décroissent. Et e pape le dit au paragraphe 193 de l'encyclique Laudato Si: il faut que certains parties du monde vivent une certaine décroissance pour permettre à d'autres de vivre une saine croissance. Les stocks ne sont pas illimités, il faut les partager, or aujourd'hui ils sont accaparés par les pays développés".
Se saisir de la crise pour inventer et agir ensemble
Emilie Johann, à l'image des organisateurs de l'université Young Caritas, a à coeur de voir dans la crise actuelle pas seulement l'annonce d'une catastrophe mais aussi une formidable opportunité de s'unir pour inventer et agir: "on n'a pas le choix et en même temps c'est le moment pour trouver des solutions. On peut essayer de choisir une sobriété choisie, heureuse, une simplicité de laquelle on est acteur, plutôt que d'attendre le moment de la catastrophe. Il y a une urgence mais ce rassemblement de 700 jeunes aujourd'hui, c'est aussi ce moment où on peut travailler ensemble à essayer de construire des alternatives qui soient vraiment intégrales c'est-à-dire qui combient la lutte contre la pauvreté et l'exclusion ici en France et dans le monde et qui soient dans les limites planétaires pour qu'on ne vive plus à crédit".
Mais il reste un gros travail de conscientisation des jeunes à réaliser selon Marie Haccoun: "il y a encore plein de jeunes en France et dans le monde qui ne sont pas du tout au courant. C'est des gens pleins de bonne volonté et c'est un beau défi de les sensibiliser pour que tous ensemble on puisse faire quelque chose et qu'on arrête de foncer dans le mur".
Et puis il y a ceux qui s'inquiètent du risque qu'une fois de plus les plus pauvres soient oubliés, à l'image d'Antonin Dubois de la JOC de Mulhouse et écologiste qui prend la parole de manière ferme depuis la salle: "il y a des jeunes qui crèvent de la faim dans nos rues à Mulhouse, qui n'ont pas le permis de conduire. Et on nous demande de manger bio, mais avec quel argent ? La Cop 21 c'est des milliards de dollars qu'on donne à des gouvernements corrompus. On ferait mieux de donner cet argent aux pauvres, aux jeunes qui sont aux RSA, on en a marre qu'on prenne les pauvres pour des cons. Quand est-ce qu'on remet la dignité et l'humanité en place ?" Martin Kopp ne dément pas le coût des Conférences sur le climat: "ce sont des événements qui ont leur prix". Mais pour lui, ces conférences sont indispensables: " demain les changements climatiques seront une des causes principales du fait qu'on ne sera plus capables de produire assez pour nourri l'humanité. On va avoir une crise alimentaire et s'il n'y a pas un processus multilatéral entre l'ensemble des pays du monde, derrière c'est aussi le pauvre à Mulhouse qui en souffrira donc n'opposons pas les choses. L'un des grands slogans de l'écologie c'est penser global, agir local".
Penser global, agir local
Ce qu'illustre Emilie Johann: "penser des solutions à la crise climatique c'est aussi raviver les territoires en France, produire plus localement, consommer plus localement, créer des emplois sur son territoire par exemple, rendre les personnes actrices de leur alimentation, avoir un jardin aprtagé en curcuit court, ce n'est pas un truc de bobos, tout le monde peut le faire". Pour Martin Kopp, c'est à chacun de trouver comment il peut participer, en fonction de sa situation: "on est tous dans des lieux de vie différents, à des endroits différents dans nos existences et avec des modes de vie différents donc je ne crois pas qu'il y ait une seule réponse au défi écologique, chacun va trouver la sienne. Je donnerai un exemple parce qu'il ne dépend que d'un choix personnel: c'est le fait de manger moins de viande et moins de viande rouge. Ca a un impact exttrêment fort: un kilo de boeuf ce sont 18 kilos d'émission de gaz à effet de serre et 15 000 litres d'eau utilisés pur faire grandir un animal. Mondirecteur de thèse disait : on vote une fois par an mais on mange trois fois par jour". Gonzague Le Bigot, lui, prône la politique des petits pas: "on ne peut pas faire quelque chose de parfait tout de suite mais il faut commencer par des petits pas peut-être choisi de consommer local, d'utiliser des sacs en tissus plutôt qu'en plastique. Et petit à petit on rentre dans une démarche vertueuse".
Mais pour Maurice, jeune bénévole au Secours catholique, la responsabilité première revient aux politiques: "Est-ce que le problème écologique n'est pas un problème d'hypocrisie : on connaît tous les dangers que notre planète risque, ce n'est pas la responsabilité des jeunes, nous sommes mobilisés, des jeunes sont porteurs de projets, quelque chose bouge. Mais quelle est la responsabilité des Etats en ce qui concerne les problèmes environnementaux?" Réponse de Martin Kopp: "les gouvernants qu'on a sont ceux qu'on a élus. Quand on met un bulletin dans l'urne on sait quelle est la quantité et la qualité des propositions sur la question écologique et surtout est-ce que c'est devenu le coeur du logiciel politique, le point de départ de la réflexion ou est-ce que c'est quelque chose de partiel ou d'extérieur".
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