Voilà un mot, "dialogue", particulièrement important dans la relation humaine, qu’il s’agisse de la famille, de l’entreprise, de la nation ou de la planète. Bon on n’en est pas encore au dialogue interplanétaire ! Avec une origine sans trop d’ambiguïté, ce qui fait bien commencer l’histoire du mot.
Il s’agit bien au départ du grec dialegein, discuter, où l’on reconnaît le fait de lire, de choisir (legein) à travers (dia), d’où le mot dialogue qui est passé en français au tout début du XIIIe siècle, en tant qu’ "entretien entre deux ou plusieurs personnes". D’un emploi rare jusqu’au XVIe siècle, il fut d’emblée caractérisé dans l’usage par son appartenance aux domaines littéraires, s’assimilant surtout à un genre écrit. Les dialogues de Platon, par exemple, qui rappelons-le en écrivit une trentaine, véritables débats, discussions entre plusieurs personnes, au moins à trois et souvent plus.
De fait, c’est au théâtre, au contact de ce que l’on appelle le monologue, c’est-à-dire le discours que se tient à lui seul l’un des personnages, que le mot "dialogue" a progressivement été interprété comme un échange entre seulement deux personnes. Sans doute en opposant "mono", un, à « di » deux, alors que c’est la racine dia, qui comme on vient de le constater, était à repérer dans le dialogue… D’emploi d’abord abusif, puis toléré, cette notion de "conversation à deux" finit par être enregistrée dans nos dictionnaires du XIXe siècle.
Ce qui confère aujourd’hui une sorte de faux abus de langue lorsqu’on évoque la notion de "dialogue à trois" qui pourtant, lorsque le mot signifiait pleinement "entretien entre plusieurs personnes" avait tout son sens.
Et on aime assez consulter Furetière qui, en 1690 donc, nous donne des exemples plaisants. "Une mère doit prendre garde à ces longs dialogues que les galants font avec leurs filles". Il ajoute d’ailleurs le verbe « dialogiser » consistant à écrire des "dialogues" au théâtre. Retenons cependant qu’en 1694 l’Académie signale que "dialogue ne se dit guère que dans le style familier". Voilà qui a complètement changé aujourd’hui, où il vient en tête dans toute concertation. Laissons le dernier mot aux verbicrucistes qui définissent le dialogue comme "un produit d’entretien" ! Eh bienl’on a tous à cœur de bénéficier d’un excellent produit bien sûr !
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