La rumeur bruissait depuis quelques jours à Segré (49) et ses communes alentours.
La municipalité souhaiterait mettre à bas l’église de la Ferrière-de-Flée, un des 17 clochers que détient la commune nouvelle de Segré-en-Anjou-Bleu. C’est tout d’abord Julien Lepage, président de l’association SOS Calvaires qui est le premier à mettre les pieds dans le plat en déclarant dans un entretien sur Youtube que la municipalité de Segré voudrait détruire 5 églises de son territoire. Jusqu’au jour où RCF Anjou reçoit par mail le communiqué émanant du délégué départemental de la Fédération Patrimoine Environnement. Une fédération rassemblant au niveau national près de 500 associations de protection du patrimoine, dénoncant la volonté de la mairie de déconstruire cette église datant du 19ème siècle, fermée depuis 8 ans pour cause de mauvais état. Paul Iogna-Prat, délégué départemental de cette fédération dévoile une menace de démolition sur 4 autres églises.
Invité lui aussi le 5 mai sur RCF Anjou, le curé de la paroisse, le père Emmanuel d’Andigné n’a pu, en revanche, confirmer qu’uniquement le projet de déconstruction de l’église de la Ferrière-de-Flée
Une émission qui a enflammé la toile et provoqué un vif émoi après que le très médiatique monsieur patrimoine d’Emmanuel Macron, l’animateur de télévision et de radio Stéphane Bern, ait partagé notre émission à ses plus de 400 000 followers sur Twitter, en déclarant « on continue le combat contre les destructeurs de notre patrimoine ». Ce qui a déchainé une tempête médiatique, mettant sous pression la maire de Segré-en-Anjou-Bleu, Geneviève Coquereau qui répondit enfin à l’invitation de RCF Anjou une semaine après, soit le mercredi 12 mai.
En revanche, concernant les 4 autres églises, son adjoint en charge des bâtiments cultuels, Joseph Galon, nie toute volonté de détruire les autres églises citées par la Fédération Patrimoine Environnement
Pour restaurer toutes les églises de la commune, la maire avance qu’il faudrait trouver la somme de 30 millions d’euros. Dans le même temps, ses opposants politiques n’ont pas attendu pour la mettre face à ses propres contradictions. En effet, son programme de campagne stipulait que toutes les églises seraient « conservées, remises en état ou totalement rénovées ».
Si l’annonce d’une déconstruction a provoqué une émotion compréhensible, force est de reconnaitre que la méthodologie n’était pas bonne.
Le curé de la paroisse n’a pas été convié à la toute première réunion entre la mairie et la commission diocésaine des églises, instance diocésaine menée par le laïc Bernard Hamon. Le Père Emmanuel d’Andigné déclare n’avoir eu vent du projet de déconstruction que le 5 mai, soit quelques jours après cette réunion, à laquelle il aurait dû pourtant être convié en tant qu’affectataire.
Une très mauvaise communication interne qui a pu laisser croire que la mairie et le diocèse souhaitait régler cette affaire en catimini et qui s’est nettement envenimée lorsque l’évêque du diocèse d’Angers, Mgr Emmanuel Delmas, a confirmé ensuite par voie de communiqué qu’il autorisait « le transfert du culte dans un autre lieu à proximité », laissant penser à certains, que du côté du diocèse la démolition était belle et bien actée. « Maladresse de langage » plaide Mgr Delmas qui a souhaité intervenir sur notre antenne pour préciser sa pensée.
Mgr Delmas appelle à reprendre le dialogue mais précise que s’il n’existe pas de solutions satisfaisante pour la survie de cette église, il autorise le transfert du culte ailleurs afin que les fidèles de la paroisse puissent continuer d’avoir un lieu de prière.
Force est de constater que cette polémique a eu le mérite de mettre en lumière une problématique de plus en fréquente : le sort du patrimoine religieux non-classé…
Impossible ne pas voir à travers cette dénonciation alarmiste la volonté de mettre la pression médiatique sur la municipalité afin de faire restaurer cette église. Pour ces associations de défense du patrimoine, tout comme pour l’Angevin François Jeanneau, architecte en chef des monuments historiques en charge du chantier du Mont-Saint-Michel, et de celui l’église du Sacré-Cœur de Cholet, c’est l’effet domino qui est à craindre.
Si la destruction de cette église de la Ferrière-de-Flée devait arriver malheureusement à son terme, le Maine- et-Loire conforterait sa place de premier département de France en terme de destruction d’églises. On se souvient des églises du Fief-Sauvin, détruite en 1997, Saint-Georges-des-Gardes en 2006, Saint-Aubin-du-Pavoil, déjà sur la commune de Segré, en 2013 et enfin celle qui reste la plus emblématique, l’église de Gesté en 2013. Et sans compter beaucoup d’autres, comme celle de Sainte-Gemmes-d’Andigné dont les projets de destructions ont avorté en raison de la mobilisation des croyants et des amoureux du patrimoine.
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