Des poissons tropicaux dans nos eaux !
Un poisson tropical, la Dirette de Parin, a été signalé en octobre à la limite du cercle polaire. Un spécimen avait été pêché en mer du nord en 2015. Une observation à relier au dérèglement climatique.
Un poisson tropical, la Dirette de Parin, a été signalé au mois d’octobre en mer de Norvège, à la limite du cercle polaire. Une observation à relier au dérèglement climatique. Les signalements de cette espèce des grands fonds se sont multipliés en Islande, depuis les années 90, et plus récemment en mer du Nord où un spécimen a été remonté par un pêcheur français en 2015. Mais le phénomène de migration des espèces vers le nord est plus large et ne concerne pas que cette espèce. C’est ce qu’explique Pierre Cresson, écologue à l’Ifremer : "On est quand même au nord de la France, et au nord de l’Europe, mais cet été par exemple il y a eu beaucoup de signalements de thons autour des îles britanniques. Ce sont des espèces plutôt d’eaux chaudes et ils remontent. De manière plus anecdotique on a eu des rascasses en Normandie…"
Ces déplacement d’espèces sont l’une des manifestations du changement climatique et des perturbations des océans au sens large. "Par exemple un des phénomènes majeurs en Méditerranée, c’est l’arrivée des espèces via le canal de Suez, avec des espèces de la mer Rouge qui rentrent en Méditerranée. Vous avez des poissons globe, ces poissons qui se gonflent quand ils sont dérangés, des poissons toxiques qui ont causé un certain nombre de problèmes de santé sur les côtes du Liban et d’Israël notamment. Ces déplacements d’espèces tropicales vers le nord sont très documentés et représentent un vrai problème."
Un problème pour les pêcheurs
Au-delà des observations (pour l’instant rares) de Dirette de Parin, les migrations d’espèces à cause du dérèglement climatique représentent aussi un problème nouveau pour les pêcheurs. En Bretagne, une invasion de poulpes a perturbé les pêcheries de coquilles Saint-Jacques à l’automne. Et il n’y a pas que les poulpes, raconte Olivier Le Nézet, le président du comité régional des pêches maritimes et des élevages marins : "C’est une espèce très féroce en terme d’alimentation : elle mange les homards, les tourteaux, les araignées de mer, les coquilles Saint-Jacques, les ormeaux, etc. On aura très certainement des conséquences catastrophiques d’ici un an ou deux ans. Aujourd’hui on se retrouve avec une recrudescence de poulpes mais aussi des étoiles de mer et d’autres espèces invasives comme les dorades royales qui font des dégâts sur les chantiers ostréicoles."
Olivier Le Nézet appelle à une prise de conscience du problème : "Il est important que la Commission européenne ait cela aussi en tête : il n’y a pas que la gestion des pêche, aujourd’hui les pêcheurs sont victimes du dérèglement climatique !"
Pour l’instant aucune observation de Dirette de Parin n’a été faite au large de la Bretagne, les eaux n’étant pas assez profondes, mais on ne sait jamais, et l’Ifremer demande aux pêcheurs de rapporter des observations, s’ils en font. Une demande qui peut aussi concerner le grand public qui se promène sur l’estran. L’objectif est de continuer à documenter cette migration de la Dirette de Parin et plus largement les effets du réchauffement climatique dans les océans.
Pour en savoir plus sur la Dirette de Parin : https://wwz.ifremer.fr/Actualites-et-Agenda/Toutes-les-actualites/Dereglement-climatique-un-poisson-tropical-retrouve-jusqu-au-cercle-polaire
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