Dernière étape pour la réforme ferroviaire
Le Sénat doit entériner aujourd’hui à son tour - et par une large majorité - le texte du projet de loi approuvé lundi dernier par la commission mixte paritaire, qui regroupe députés et sénateurs. C’est la fin d’un épisode de près de quatre mois, marqué par la grève la plus longue depuis les trente dernières années, trente jours hier - huit de plus que celle de 1995, qui a tant marqué le Français.
C'est apparemment une victoire en rase campagne pour le gouvernement. La tactique du : « je frappe d’abord et je discute ensuite, mais seulement à la marge », a bien fonctionné. Les trois grands principes de la réforme : transformation de la SNCF en société anonyme, ouverture à la concurrence, fin du recrutement au statut en 2020, n’ont pas subi une seule écornure. Les concessions destinées à amadouer en fin de course les syndicats réformistes - Unsa et CFDT - ont notamment porté sur le sac à dos social que pourront emporter les cheminots avec eux en cas de passage à la concurrence. Ce qui, au passage, sera bénéfique à terme pour la SNCF face à ses futurs concurrents.
Ces derniers devront en quelque sorte courir avec un poids attaché aux pieds. D’autant que, face à eux, la SNCF sera plus légère, avec une dette allégée de 35 milliards par l’Etat et une plus grande autonomie de gestion permise par le statut de société anonyme. Les pouvoirs publics pourront plus difficilement lui dicter sa conduite. La direction de la société nationale en rêvait depuis des décennies…
Tout ne va pas vraiment pour le mieux pour Emmanuel Macron, Edouard Philippe et Guillaume Pepy, le patron de la SNCF. Du côté du président et du gouvernement, le passage en force laissera certainement des traces dans l’opinion et surtout chez les syndicats réformistes. On le voit aux critiques sévères qu’adresse Laurent Berger, le patron de la CFDT, à l’égard de la méthode présidentielle.
Et du côté des cheminots, personne, à la direction, ne se fait d’illusions : les prochains mois seront socialement compliqués à la SNCF et les voyageurs ne peuvent pas exclure de nouveaux débrayages.
D’autant que s’engagent demain les négociations avec l’Union des transports publics et ferroviaires, la fédération patronale, sur la future convention collective du secteur ouvert à la concurrence. Les syndicats se montreront fermes, d’autant que les élections à la SNCF à l’automne risquent de favoriser les plus radicaux d’entre eux. On le voit, avec la prudence de la CFDT, hier, lors de l’intersyndicale. Après avoir appelé mercredi à suspendre la grève durant les épreuves du bac, la semaine prochaine, elle a souligné hier qu’il ne s’agissait pas d’une sortie du mouvement, qui continuera au moins jusqu’au 28 juin. On verra ce qu’il en est cet été…
Les usagers du train n’en ont peut être pas fini avec les galères… Mais la SNCF va tout faire pour les amadouer. Elle a annoncé ces derniers jours une série de cadeaux commerciaux pour leur faire à nouveau préférer le train. En revanche, le transport des marchandises, le frêt, a été la grande victime du mouvement, avec la priorité donnée aux trains de voyageurs durant la grève. Malgré les grands discours écologistes, il sera difficile de le ranimer.
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