En parlant d’endurance je pense bien sûr aux soignants et à tous ceux qui sont à la tâche pour maintenir l’essentiel de la vie sociale et économique, à leurs familles qui s’en inquiètent autant qu’elles en sont fières, je pense aux malades ou à ceux que la crise sanitaire isole ou éprouvent. Mais je veux aussi parler de celles et ceux qui, depuis ce we, optimistes avec les infos maladroitement communiquées sur une amélioration de la situation, en profitent pour prendre le soleil. Parce que c’est long 3 semaines confinés. Et c’est vrai, trois semaines, c’est long, c’est long notamment sans école malgré les efforts et le dévouement des enseignants. C’est long sans sorties pour ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un jardin. Chacun a de bonnes raisons de vouloir tourner la page de ce confinement, mais pour écrire quoi sur la nouvelle ? C’est à cette question vertigineuse que nous renvoie la situation actuelle. Ne pas vouloir s’y confronter, tenter d’esquiver en revenant vite à notre vie d’avant ce serait réitérer les errements qui nous ont précisément plonger dans cette situation.
Le philosophe Bruno Latour a identifié cette situation à celle d’un avion volant, ayant perdu ses repères, bientôt sans carburant, cherchant un terrain pour atterrir, mais pour atterrir sans se crasher ! Devons-nous chercher à nous poser coute que coute en faisant demi-tour et advienne que pourra ? Ou devons-nous utiliser notre intelligence des paramètres de vol pour étudier les alternatives, et saisir l’occasion de nous poser sur un terrain plus en phase avec ce que nous avons compris de ce qui est essentiel pour chacun ? En accélérant les élans de solidarités qui nous ont amené à nous sentir tous appartenant à une même communauté de destin ? La situation actuelle trouve un écho dans la conclusion d’Edgar Morin, dans son Manifeste pour changer l’Education que je vous invite à le lire. Pour lui, Eduquer, c’est enseigner à vivre, c’est conjuguer le savoir-vivre. Il parle même de 2 notions de savoirs-vivre :
« Le 1er c’est un savoir-vivre qui aide à moins se tromper, à comprendre et affronter l’incertitude. Le 2ème ce serait un savoir-vivre qui aide à se repérer dans notre civilisation, à en connaître la part immergée qui, comme celle l’iceberg, est la plus importante, qui aide à se défendre et se protéger puis protéger les siens. » Cela implique donc pour nous tous de résister à l’impatience, d’affronter l’inconnu et l’incertain avec détermination et endurance. N’est-ce pas précisément ce à quoi nous convoque l’époque ? N’est pas précisément à cette métamorphose que nous invite le passage de Pâques avec le Christ ? Saurons-nous être les éducateurs de cette ambition ?
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