Coronavirus: pour Anne-Claude Crémieux, la France a manqué d'humilité
"A ce jour, l'équipement est suffisant pour la protection du personnel"
Les soignants sont-il bien équipés face à l'épidémie de coronavirus ? Pour Anne-Claude Crémieux, professeure de médecine, spécialiste des maladies infectieuses à l'hôpital Saint Louis, il faut observer ce phénomène au jour le jour. Tout peut changer en seulement 24 heures. Et d'après elle, "à ce jour, l'équipement est suffisant pour la protection du personnel".
"Personne ne peut s'attendre à un tel phénomène. C'est le côté imprévisible de la crise sanitaire. Ce qui est important au début d'une crise, c'est de savoir que l'on est face à de l'inattendu. C'est pour cela qu'il faut toujours avoir en tête le scénario du pire, de manière à se préparer, et pour avoir une réponse sur-évaluée, que sous-estimée" ajoute la spécialiste des maladies infectieuses.
Le SRAS a bouleversé notre vision des crises sanitaires
Pour cette dernière, la crise qui a changé la donne dans le milieu médical, c'est le SRAS. "C'est la première crise qui a introduit la notion de rapidité de diffusion. C'est un virus qui est parti d'une région de Chine, et il s'est diffusé en quelques jours dans le monde. Le problème, c'est que si ça se diffuse aussi rapidement, cela surprend l'ensemble des pays. Cela a bouleversé notre vision des crises" lance Anne-Claude Crémieux.
Elle explique néanmoins que face au coronavirus, on a fait preuve d'un manque de réactivité. "Il y a eu un vrai manque d'humilité face à ce qui frappait les autres pays" estime Anne-Claude Crémieux, qui insiste bien sur l'importance de l'humilité à avoir, face à l'expansion d'une pandémie mondiale.
"Plus on aura de tests, plus on pourra dépister les gens"
S'agissant du confinement, "les gens ont compris l'intérêt du confinement et l'importance de la menace. Ce confinement semble bien suivi. Le problème est désormais de gérer avec le retard que l'on a pris. Nous gérons un peu en pénurie. Il n'y a que deux façons de gérer la crise : le confinement et l'effort des professionnels de santé. Mais il nous manque des tests, des masques. Plus on aura de tests, plus on pourra dépister les gens, et maîtriser l'épidémie" précise Anne-Claude Crémieux.
Concernant la chloroquine, elle estime que l'on peut obtenir des résultats très rapidement. "En deux semaines, on peut avoir les résultats de tests qui nous permettront d'avoir deux groupes distincts. Le problème de la chloroquine, c'est que les résultats actuels sont encore trop contradictoires" conclut Anne-Claude Crémieux. "Il ne faut pas prendre de risques sans bénéfices".
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