Hélas un mot qui est d’une fréquence forte aujourd’hui, le mot « confinement », que nous allons radiographier – un verbe médical s’imposant presque ! Confinement, vient bien sûr du verbe confiner, qui lui-même vient du mot confins… Qui lui-même vient de… et c’est là que commencera notre voyage lexical.
Pour être même précis, le mot « confinement » est attesté dans notre langue française écrite en 1579, et le mot « confins » en 1308. Mais première caractéristique du mot, alors qu’aujourd’hui le singulier n’existe pas, on ne peut pas dire un confin, en tout cas en un mot… Dans l’Ystoire de Li Normant, c’est bien au singulier qu’on le déniche et il faudra attendre 1463 pour le repérer au pluriel dans les Mémoires de Philippe de Commynes, chroniqueur du XVe siècle donc et comme on le sait ayant rédigé les mémoires des règnes de Louis XI et Charles VIII. Désormais le pluriel s’impose dans l’usage. Au passage Philippe de Commynes aspirait à une Europe soudée et unie par la chrétienté.
Ainsi donc le mot confin, au singulier puis au pluriel, vient-il du latin classique confinium, pluriel de confinia, et se traduit facilement en y repérant, le préfixe, con, cum, ensemble, et finis, des limites, d’où le sens de « limites communes à des terres, proximité, voisinage ». La première fois que le mot « confins » entre dans un dictionnaire c’est dans celui de Furetière en 1680, ainsi défini : « Bornes d’un champ, d’une Seigneurie, d’un Pays. » Et parmi les exemples relevons celui-ci : « Les confins de l’Espagne sont la mer & les Pyrénées ». Quant au verbe « confiner », il est synonyme d’« être proche des bornes d’une autre Seigneurie ou pays ». Définition assortie d’un exemple aujourd’hui curieux : « Mon héritage confine d’Orient avec les Communes de la Paroisse », confiner d’Orient, c’est-à-dire à l’Ouest. C’est en 1481, qu’on appela « confinement », un terrain confiné, bien délimité donc, puis en 1579 que du fait d’être délimité, on passa au confinement en tant qu’emprisonnement, notamment dans une forteresse. Puis au XXe siècle intervint le confinement d’un malade contagieux, confinement d’abord à la chambre, et finalement dans un lieu clos. Eh bien nous en sommes très près, avec un nouveau cran, confinement non pas parce que nous sommes malades mais pour éviter d’être malade. Le confinement fait cependant parfois des heureux.
Eh bien vous ne pouvez pas les voir, Stéphanie, mais mes dix mille dictionnaires battent de toutes leurs feuilles, et m’ont fait une acclamation ce matin. Enfin, il va rester à la maison se sont-ils tous écriés. Eh bien oui… nos livres sont tout heureux. Alors faisons-leur plaisir !
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