Compte

"La Cour des comptes publie son rapport rapport. C’est une formule qui s’installe dans notre vocabulaire et c’est l’occasion pour nous d’évoquer cette cour mais aussi le mot compte avec ses trois lettres m, p, et t, qui le dissocient du conte qu’on raconte, avec un n, ou du comte, avec un m, le titre de noblesse très ancien.

Deux de ces homonymes sont de même origine, le conte qu’on raconte aux enfants et le compte qu’on fait avec des additions. Commençons par ce dernier, qui vient du latin computare, un mot composé latin dans lequel on reconnaît com, ensemble, et putare, nettoyer, élaguer des branches par exemple. Computare a donc signifié apurer un ensemble, rendre conforme des calculs, puis tout simplement compter ses sous, mais aussi évaluer, penser dans par exemple "je compte venir".

Ce même verbe latin computare, dans la mesure où il signifie d’une certaine façon énumérer, a pris aussi le sens de raconter, parce qu’un conte en effet c’est une suite de faits énumérés, une addition de faits, tout comme des chiffres se succèdant et du latin computare sont ainsi nés le fait de "conter une histoire" et de "compter ses sous".

Ce que l’on sait moins et qui laisse rêveurs nos enfants en butte à l’orthographe, c’est que ces deux mots prononcés "konte" et entrés en français vers le XIe siècle, s’écrivaient de fait alors de la même manière, "c o n t e". Ce n’est qu’au XIIIe siècle qu’on a décidé d’en modifier l’orthographe renouant avec l’orthographe du latin "computare" pour "compter" ses sous. On le dissociait ainsi du conte qu’on raconte, pourtant de même racine.

Et vint ensuite la Cour des comptes créée dans le sillage de la Chambre des comptes, née au XIIe siècle. Cour des comptes instituée en 1807 par Napoléon, en tant que juridiction administrative contrôlant l’exécution des opérations financières de l’État et l’usage fait de l’argent public."