« La radicalisation et le terrorisme sont les symptômes les plus graves d’un mal plus profond qui touche trop de nos quartiers. Je veux parler de l’islamisme et du communautarisme ». C’est ainsi que Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, s’exprimait, la semaine dernière, pour présenter une circulaire visant, - je cite - « la lutte contre l’islamisme et le repli communautaire ».
On comprend le gouvernement de s’inquiéter de voir certains groupes, dans des quartiers de nos villes, ne plus respecter, sous prétexte d’orthodoxie religieuse, les plus élémentaires des lois républicaines, et notamment celles concernant l’égalité homme femme. Pourtant, cette assimilation entre communautarisme et islamisme me semble, en soi, source de confusion et contre-productive.
Sans doute faudrait-il déjà s’entendre sur les termes. L’islamisme est un projet politique visant à instaurer un mode de gouvernement régit par des préceptes religieux. Le communautarisme c’est vivre entre semblables dans un espace commun, où l’on partage mode de vie, de culture, de religion, etc. Il existe diverses formes de communautarisme en France, et pas seulement religieuses: communautarisme social parfois. Communautarisme sexuel aussi, avec des quartiers LGBT dans les grandes villes. Le communautarisme, c’est vrai, devient dangereux lorsqu’il sépare de ce qui est autre, clive, voire parfois tue. Parfois, c’est la première marche vers l’islamisme.
Dans notre tradition française universaliste, nous sommes méfiants à l’encontre de tout communautarisme, contrairement aux pays anglo saxon. Nous ne voyons peut-être pas assez que l’enracinement dans une communauté est, paradoxalement, souvent un gage de bonne intégration dans la nation. Il suffit de penser aux quartiers italiens, polonais, autrefois, chinois maintenant.
Certes, il faut lutter contre un communautarisme qui isole et asservit les personnes. Mais attention à ne pas priver ces mêmes personnes de la possibilité d’un ancrage dans leur tradition, leur quartier, leur famille. Les phénomènes migratoires sont trop massifs, les différences trop fortes pour envisager une intégration rapide. Un communautarisme sans intégration est dangereux. Mais l’intégration passe sans doute aujourd’hui par un minimum de communautarisme.
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