Spectacle impressionnant de paralysie dans les transports en commun, embarras maximum sur les routes, grève qui dure sur les ondes de service public, la France a ouvert cette semaine dans un étrange climat, sorte de prolongation chaotique du mouvement entamé le 5 décembre même si la mobilisation a été moins forte hier.
Il faudra très vite une double clarification. Elle seule peut conduire à l’indispensable apaisement. Une opportunité existe aujourd’hui. Dès ce midi, en fait, quand Edouard Philippe dévoilera au Conseil économique, social et environnemental (CESE) le contenu précis de la réforme, visant à installer un nouveau régime universel.
Ces précisions sont devenues indispensables pour savoir enfin qui sera vraiment concerné et à partir de quand par cette révolution qui vise à écarter plus d’une quarantaine de régimes spéciaux. Et à établir ainsi une certaine équité entre Français en matière de retraite.
L’absence de clarté de l’exécutif a jusqu’ici largement contribué à installer la confusion et les craintes. Les Français jugent pourtant, à une écrasante majorité, cette réforme nécessaire.
Edouard Philippe saura-t-il trouver les mots pour éteindre les inquiétudes ? Saura-t-il équilibrer cette réforme pour qu’elle puisse être vraiment soutenue ?
Saura-t-il par exemple mieux répartir les efforts demandés aux uns et aux autres en renonçant à protéger toujours certaines professions liées à la sécurité au détriment d’autres ? Saura-t-il éviter d’essayer de conjuguer, au risque de tout faire capoter, les changements indispensables et les ambitions comptables ?
On le voit, la voie est étroite. Et c’est pourtant à ce moment-là que se jouera la suite du quinquennat. Si l’exécutif convainc, la victoire sera éclatante.
Dans le cas contraire, la réforme, vecteur porteur d’Emmanuel Macron, deviendra difficile, voire impossible. Si le président de la République et son premier ministre veulent vite reprendre la main, il leur faudra donc beaucoup d’intelligence politique.
Mais les syndicats ont aussi des responsabilités à prendre…
Une même exigence de clarification doit être adressée aux partenaires sociaux, patronat compris. Sont-ils prêts, chacun, à accepter cette avancée réformatrice ? Ou préfèreront-ils, une fois le projet dévoilé, à continuer de surfer sur les inquiétudes de leurs adhérents et de tenter de prolonger le mouvement ? La CFDT et la CGT n’ont pas à l’évidence les mêmes objectifs.
De leur point de vue, comme pour le gouvernement, la réponse n’est pas simple. Souvent débordés par l’intransigeance d’une partie de leur base, accepter d’engager un dialogue va leur demander un sens élevé des responsabilités.
C’est pourquoi il serait vraiment sage qu’Edouard Philippe propose, mercredi, une véritable offre de compromis.
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