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Chute de conteneurs en mer : un phénomène en pleine augmentation
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Chute de conteneurs en mer : un phénomène en pleine augmentation

Un article rédigé par Océane Théard - RCF Bretagne, le 8 avril 2024  -  Modifié le 9 avril 2024

Ce dimanche, un navire portugais reliant Dublin à Santander déclare avoir perdu en mer 15 conteneurs, au Sud-Ouest de Penmarc’h. Des chutes qui se multiplient, et qui représentent une des problématiques majeurs de la sécurité maritime.

 

 

Le Lucia B, en transit entre Dublin et Santander, a perdu 15 conteneurs à la mer au large du Finistère - © Marine Nationale Le Lucia B, en transit entre Dublin et Santander, a perdu 15 conteneurs à la mer au large du Finistère - © Marine Nationale

Quinze immenses boîtes métalliques, a priori vides, dans les eaux du Finistère. Ce dimanche, un navire portugais, le "Lucia B" reliant Dublin à Santander a déclaré avoir perdu en mer quinze conteneurs, à 130 miles nautiques au large de Penmarc'h. Dans un communiqué, la préfecture maritime de l'Atlantique supposait, faute de signalement de la présence des conteneurs, que ceux-ci avaient coulé par le fond.

Des chutes majoritairement causées par les conditions météorologiques explique Nicolas Tamic, adjoint au directeur du CEDRE Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux. "On peut avoir du vent très fort qui va engendrer du tangage, du roulis qui va mettre à mal les cargaisons. Si elles sont mal arrimées, cela va engendrer des pertes plus ou moins importantes de conteneurs en mer."

 OFNI et pollution

Avec un premier risque lié à la chute de conteneurs, celui d'avoir des OFNI pour "objets flottants non identifiés", qui flottent à la surface ou juste en dessous de la surface de l'eau. Le poids de certaines boîtes atteignent les 30 tonnes, et peuvent causer d'énormes dégâts si elles heurtent un navire. "D'abord des pertes humaines si le navire coule, et aussi un risque de pollution si la boîte perfore une soute à fioul", précise Nicolas Tamic. Et justement, l'analyse des épisodes de pollution fait partie des attributions principales du CEDRE. "On est spécialisés dans les épisodes de pollution par hydrocarbures et par produits chimiques, et les porte-conteneurs transportent beaucoup de matières dangereuses. Dans ce cadre-là, on est beaucoup sollicités par la préfecture maritime et les services de la Marine Nationale, et au-delà des instances nationales, les instances internationales et européennes."

Une réglementation renforcée à partir de 2026

Si le suivi logistique est fait par les armateurs pour acheminer les conteneurs d'un port A à un port B, lorsqu'un conteneur est perdu en mer, ça se complique. La convention de Nairobi entrée en vigueur en 1996, imposait de déclarer toute perte de conteneur "mais on s'est aperçu qu'elle n'avait pas vraiment de valeur coercitive pour obliger un armateur à déclarer ses pertes", ajoute Nicolas Tamic. "On va peut être avoir d'ici 2026, un amendement de la convention Solas, convention pour la sauvegarde de la vie humaine en mer, qui obligerait les armateurs à déclarer la perte d'un conteneur ainsi que le type de produit qu'il contient, y compris des produits dangereux bien sûr. Avec l'obligation d'informer les navires alentours et l'Etat côtier qui a la responsabilité de la sécurité maritime dans la zone, et l'Etat du pavillon du navire."

Un passage de 1300 à 3000 chutes de conteneurs par an

Une évolution qui irait dans le bon sens au vue de l'aggravation phénomène. On est passés d'en moyenne "1 300 à 3000 chutes de boîtes par an", constate l'expert du CEDRE.

Et cela notamment à cause de problèmes de défauts de déclaration. La personne qui charge le conteneur va falsifier son contenu, sans même que l'armateur en soit informé. "Il va écrire "Je transporte 10 tonnes de brosses à dents" alors que ce sont 20 tonnes de produits chimiques", explique Nicolas Tamic. Problème : elles vont être mal placées dans le bateau, et des boîtes qu'on pensait être légères, dont le poids a été falsifié, vont être placées en tête de pile, au sommet du navire.

Or ces immenses navires, conçus pour maximiser leur cargaison et non pour s'adapter au mieux aux conditions météorologiques vont être très fortement en proie au roulis, au tangage. "Et ces boîtes lourdes, placées au sommet peuvent chuter et faire tomber toute la pile." C'est ce qui s'était produit en 2020. Plus de 1800 conteneurs étaient tombés d'un coup d'un navire japonais dans les eaux du Pacifique.

Dès lors que la météo se dégrade, cela accroît donc fortement le risque de chute, et la vigilance des instances de sécurité maritime est donc de mise.

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