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Chevet

RCF,  - Modifié le 8 avril 2020
Après la Journée internationale des batailles d'oreillers, Jean Pruvost nous parle aujourd'hui du chevet : tout comme l'oreiller il est à la tête du lit, et mérite donc toute notre attention
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C’est encore plus confondant, si on lit la définition du Dictionnaire de Furetière en 1690. « Chevet. Oreiller long & rond rempli de plumes, sur lequel on met la teste quand on est couché. » Chevet et oreiller avaient exactement le même sens. Furetière signale au passage l’origine du mot, le latin capitium, issu du latin caput, ayant donné chef, la tête. En fait le capitium, désignait un corsage de femme passé par la tête, ainsi qu’une encolure, mais en latin médiéval, c’est devenu la tête du lit, peut-être en tant qu’ouverture lit du côté de la tête. Et Furetière d’offrir des contextes presque amusants. Par exemple, « cet homme ronfle sitôt qu’il a la tête sur le chevet ». C’est plus rassurant que l’autre exemple : « Cet homme a toujours des armes sous son chevet. » Et puis vient un exemple qu’on ne conseille pas pour les hôpitaux : « Il y avoit si peu de lits, que les uns couchoient sur le chevet, & les autres aux pieds. », c’est-à-dire tête bêche.

Alors, rappelons que ce tête-bêche n’a aucun rapport avec la bêche du jardinier, c’est en fait la déformation du mot bêchevet construit à partir de bis, bes, signifiant deux et de chevet, bêchevet signifiant littéralement « double tête ». Bon, on est d’accord, une tête et des pieds, ça fait une drôle de double-tête. C’est pourquoi l’expression mal comprise fut transformée en tête-bêche, pas plus explicite à dire vrai. Signalons d’ailleurs que le mot bêcheveter existe encore pour les bouteilles, qu’on place tête-bêche. Alors pour en revenir au mot chevet, entré en français en 1174 en tant qu’oreiller, au XIIIe siècle, il s’est agi aussi de la tête d’une nef d’église et en 1450 il désigna aussi la tête du lit, d’où la table de chevet. Enfin, en1828 était attesté le livre de chevet. On a aussi parlé d’une épée de chevet, désignant une personne à ses côtés, à son service.

Exactement. Et pour en revenir à la bataille d’oreillers, pas question de l’organiser dans les champs entre les moissonneurs d’autrefois. Que dit en effet Furetière : « Un moissonneur qui n’a qu’une pierre pour son chevet ne laisse pas de bien dormir. » Alors surtout pas de batailles de chevet. Et vite retrouver son oreiller douillet !

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