Dessiner est le mot et ce sera un combat des chefs. Chaque Etat scrute ce qu’il devra payer et combien il pourra récolter. Un prêté pour un rendu donc. Mais pour continuer sur le registre de la bande dessinée, Jean-Claude Juncker joue le devin. En effet, il faut une belle capacité de projection pour définir un horizon de 10 ans pour vos dépenses et vos recettes dans un contexte de grande traversée post Brexit. Cela représente 15 milliards en moins par année. Il faut donc faire des économies et des réallocations de ressources. Et donc des choix.
Ces choix qui font déjà l’objet de critiques. Le ministre français de l’agriculture a estimé que ce budget était inacceptable car il diminue les ressources de la Politique agricole commune et donc des agriculteurs…
La Commission européenne a proposé et maintenant c’est aux capitales de négocier avec une approbation du Parlement européen. C’est le début du combat des chefs qui va vite se transformer en zizanie alors que le temps est compté car une décision est espérée avant les élections européennes de mai prochain. Aussi, la négociation est tendue : chaque secteur a le sentiment que le ciel lui tombe sur la tête. Jugez plus tôt : l’Europe doit faire mieux avec moins. Grosso modo 1,1% des PIB nationaux. Elle coupe donc dans l’agriculture et les fonds de cohésion, mais se renforce sur les grands enjeux.
Et des nouvelles dimensions de notre sécurité collective notamment, le volet défense étant à l’honneur. La rose et le glaive en quelque sorte. On multiplie par deux le budget Erasmus mais on ajoute « en même temps » 13 milliards pour un fonds européen de défense. 10 000 gardes côtes sont prévus par exemple. D’autres vainqueurs apparaissent, l’innovation ou la politique de voisinage notamment. En revanche on est loin d’un budget propre de la zone euro avec 25 milliards qui pourront aider les pays en difficulté. Utile si c’est Malte, des cacahuètes si c’est l’Italie…
C’est donc un budget dans la continuité de ses prédécesseurs, ce n’est pas l’Odyssée annoncée. En quelque sorte on essaye de combler le grand fossé entre les aspirations des citoyens -le financement direct, une sorte de retour sur investissement, et la gestion des grands enjeux. Ce budget est équilibré, et en effet sans surprise majeure à l’exception de la conditionnalité de certaines aides. En résumé, un budget, plus flexible, mais pas coupé à la serpe... d'or bien sûr !
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !