Bioéthique, la convergence des oppositions est-elle possible ?
L’article supprimé autorisait des modifications transgéniques d’embryons à des fins de recherche, ainsi que la possibilité d’introduire des cellules humaines dans des embryons d’animaux pour former des embryons chimères.
Ce rejet des sénateurs est nouveau. C’est le signe que cette loi provoque d’autres oppositions, au-delà de la Manif pour tous qui refuse la PMA depuis le début. Et ces nouveaux opposants appartiennent non pas aux courants conservateurs catholiques, mais à ceux de la gauche écologique. Ainsi, une pétition dans le journal Le Monde, signée par des personnalités comme José Bove, Dominique Bourg, avait, quelques jours auparavant, alerté sur les risques de cette loi qui pourrait aboutir pour eux, à « une humanité génétiquement modifiée ».
Est-ce à dire qu’entre ces opposants-là à la loi de bioéthique, et ceux qui, comme l’a rappelé Mgrâ¯d’Ornellas pour l’Église catholique, refusent de voir bouleversé les lois de filiations et les règles de paternité, une possible convergence est possible ?
En réalité, non. L’opposition de l’Église et des partisans de la Manif pour tous, est fondée sur ce qu’elle considère comme une rupture anthropologique, et d’un certain modèle familial et de sexualité.
En revanche, pour les écologistes, il s’agit d’une conception du vivant, qu’ils ne veulent pas voir régulé par les lois du marché. Pour eux, le risque c’est, à force de manipulation génétique, on oriente le génome de notre espèce par des choix d’« amélioration » vers des enfants identiques, « parfaits ». À noter que ce risque eugénique est aussi pointé par les manifestants de La Manif pour tous.
Pour autant, ces diverses oppositions, venant de bords politiques et philosophiques différents, voire opposés, sont un bon signe. C’est la manifestation que les catholiques qui manifestent contre la PMA ne sont pas les uniques tenants d’une autre conception de la bioéthique. Et qu’ils se trouvent des intellectuels, des philosophes pour manifester que le vivant ne peut être réglé uniquement par une idéologie libertaire, dans une logique de recherche du bien individuel.
Ce qui est rassurant, c’est qu’il reste en France des personnes, de différents horizons, qui considèrent ces lois de bioéthique non pas comme le moyen de donner des droits individuels supplémentaires, mais comme faisant partis d’un projet global de société, qui nous concerne tous.
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