On vote dimanche et pourtant, une enquête de l’IFOP pour l’ANACEJ et les Jeunes Européens montre que seuls 23% des 18-24 ans sont sûrs d’aller voter. L’abstention sera vraisemblablement très forte, en particulier chez les jeunes. Il ne suffit pas de se lamenter, il ne suffit pas de faire culpabiliser ni d’invoquer les glorieux anciens morts pour la démocratie et le droit de vote. Il s’agit de comprendre pourquoi les jeunes ne croient plus en l’opportunité du vote, pourquoi, plus que leurs aînés, ils considèrent que voter est une façon de légitimer un système qu’ils considèrent irrécupérable.
Il serait faux de dire que la politique, la construction de l’intérêt commun n’intéresse pas les jeunes. Samedi dernier, ils étaient 70 réunis pendant toute une journée pour débattre, échanger, réfléchir et faire des propositions concrètes sur l’emploi des jeunes dans le cadre des politiques européennes. Il s’agissait d’une journée « provox », c’est-à-dire ce dialogue structuré à l’échelle européenne entre jeunes et institutions.
Il est organisé en France par le Cnajep qui est le conseil national de jeunesse. Les cinq préconisations issues des travaux de cette journée ont été transmises à Gabriel Attal, secrétaire d’Etat à la jeunesse, qui les présentera ce matin au conseil des ministres de l’Union Européenne.
C’est très concret, les jeunes savent ce qui est fait de leurs contributions. La solution est donc sans doute plus dans la façon dont on permet aux jeunes de s’impliquer, de participer, d’être écoutés, que sur le seul rappel qu’il est important de voter. Il ne suffit pas de vouloir abaisser le droit de vote à 16 ans si les structures et l’accompagnement ne suivent pas.
Vouloir mieux associer les jeunes aux décisions qui les concernent, ce n’est pas de la démagogie ni du jeunisme, c’est une vraie nécessité parce que toutes les générations ne portent pas toutes les mêmes regards et ni les mêmes priorités.
Vendredi sera la deuxième journée de grève mondiale pour le climat après celle de mars. Typiquement, il y a un vrai clivage générationnel sur la façon d’aborder la crise climatique. Ce n’est d’ailleurs pas une « crise ». On n’a pas de mot pour décrire la situation. Ne serait-ce que par la dilatation des océans, les conséquences vont se compter en milliers d’années. Nous sommes dans une phase d’extinction des espèces plus rapide que lors de la disparition des dinosaures. On ne peut pas se contenter de parler de « crise ».
Alors que les générations qui avaient toutes les cartes en main continuent à tergiverser, la jeunesse se mobilise. A nous de rappeler malgré tout que la lutte contre les changements climatiques passe aussi par le vote. Qui mieux que l’Europe, qui mieux qu’une coordination d’Etats, peut prendre la tête de la lutte contre les changements climatiques ?
Dimanche, il faut voter pour construire une Europe forte collectivement, notamment pour pouvoir imposer une transition écologique rapide et équitable. Et tous les autres jours, il faut continuer à inventer de nouvelles façon de mieux associer les jeunes à la construction de l’intérêt général.
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