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Apprentissage

RCF,  - Modifié le 20 février 2018
Jean Pruvost revient mardi 20 février sur l'origine du mot apprentissage, au coeur des chantiers de l'Education nationale actuellement.
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"Voilà un mot, l’apprentissage, qui, depuis des siècles, est entré dans l’usage, et il garde de fait une vigueur toujours renouvelée, en réapparaissant presque toujours au moment où sont mises en chantier des réformes de l’Éducation nationale. C’est donc l’occasion pour nous d’en rechercher l’origine.

Il y a d'abord eu le mot apprendre, un mot à double sens. Oui j’apprends ma leçon, et le professeur apprend le français à ses élèves. Et la source originelle du mot "apprentissage" rest bien, cela s’entend, le verbe apprendre. Ce verbe est issu du latin populaire apprendere, saisir, concevoir, comprendre, lui-même issu du latin classique apprehendere, qui avait deux sens : saisir au corps, "prendre", comme encore aujourd’hui on "appréhende" un criminel, mais aussi un sens abstrait, comme dans appréhender la réalité, la saisir par la pensée.

Apprendre, attesté en langue française en 950, ne correspond tout d’abord qu’au seul fait d’acquérir la connaissance de quelque chose. Mais dès 1140, c’est aussi le fait de rendre quelqu’un capable de connaître un savoir qu’on lui transmet, et on peut alors apprendre à quelqu’un quelque chose. Voilà comment un enseignant incarne à la fois celui qui a appris une discipline puis qui l’apprend à ses élèves. Vers 1175, naissait ensuite la formule être apprentis, participe passé signifiant être en train d’apprendre un métier puis, attesté en 1278 venaient l’apprentif, et l’apprentive, mais aussi l’apprentis et l’apprentisse. Qui figurent dans le dictionnaire de Richelet, en 1680.

A l'époque, une "apprentisse" est une "jeune fille en apprentissage". Oui, et voici d’ailleurs la définition de Richelet : "Aprenti", avec un seul p pour Richelet "celui qui aprend un métier" et un peu plus loin "apprentisse : celle qui apprend un métier", avec l’"apprentissage", construit sur apprentis et dont on a la trace en français dès 1395, défini ainsi par Richelet : "Commencement de la personne qui s’exerce en quelque chose", mais c’est l’exemple qui est ici inquiétant : "Il fait l’apprentissage du bel art de la guerre".

Quant à l’exemple proposé pour l’aprentisse, il fait tout de suite comprendre que les auteurs de dictionnaires étaient des hommes, pas du tout politiquement corrects. Une jolie apprentisse…, voilà l’exemple proposé. Exemple inutile mais rêve éveillé du lexicographe !"

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