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Apôtre

RCF,  -  Modifié le 2 mai 2018
Apôtre, s’il est un mot magnifique, c’est bien celui-ci. Mais en définitive, on en oublie presque le sens étymologique et c’est ce qui, entre autres, nous intéresse ce matin.
Pascal Hausherr Pascal Hausherr

Voilà un mot très ancien, le grec apostolos, signifiant envoyé, qui est un mot construit avec apo, loin en grec, et stello, j’envoie. Et c’est donc le juste mot pour les douze principaux disciples que Jésus-Christ envoya pour prêcher l’Évangile. Le grec apostolos fut ensuite repris en latin ecclésiastique sous la forme apostolus, qui devint à la fin du XIe siècle, apostle au moment d’entrer en langue française. On le trouve en effet ainsi encore prononcé, apostle, dans l’une de nos premières grandes œuvres littéraires, la chanson de Roland, chanson de geste de 1080.

Mais au XIIe siècle est déjà attesté l’apostre, ce r étant de fait une déformation par commodité de prononciation. On aime l’idée de l’envoyé, qu’on retrouve rappelée par Furetière dans son Dictionnaire universel en 1690 : « Apostre, Disciple de Jésus-Christ qui a eu sa mission pour prescher son Evangile par tout le monde. » Et Furetière de rappeler alors quelques formules bien ancrées dans notre christianisme en citant deux apôtres. D’abord Saint Pierre : « St Pierre est le premier des douze Apostres ». Ensuite Saint Paul « St Paul est appelé par excellence l’Apostre des Gentils, parce que c’est celuy qui a fait le plus de conversions. »

Au sens premier du mot apôtre désignant les disciples du Christ de son vivant, se sont adjoints bien sûr des sens seconds, dans la lignée des premiers apôtres. Et Furetière y fait écho aussi : « Apostre, souligne-t-il, est aussi celuy qui a le premier planté la Foy en quelque endroit. Saint Denis de Corinthe est l’apostre de la France. St François Xavier est l’Apostre des Indes ». Et puis bien sûr, d’un mot si symbolique, sont nés quelques autres sens figurés.

Dès le XVIIe siècle, Furetière rappelle qu’« on dit proverbialement & ironiquement, qu’un homme est un bon apôtre, pour dire que c’est un bon compagnon, ou qu’il est hypocrite. » Il y a eu aussi des sens argotiques, que les truands appelant apôtres les jurés d’assise, qui sont douze. Et le mot est cela va presque de soi aussi utilisé pour la personne qui défend une cause avec foi, être l’apôtre par exemple de la paix dans le monde. Et j’aime bien l’anagramme d’apôtre : optera !
 

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