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Anne-Marie Pelletier: "dans l'Eglise, les femmes ont toujours eu quelque chose en moins que les hommes"

RCF,  - Modifié le 17 septembre 2019
Quelle place pour les femmes dans l'Eglise ? Comment l'institution peut-elle évoluer dans ce sens ? Stéphanie Gallet reçoit la théologienne Anne-Marie Pelletier.
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Le 17 septembre, l’Église catholique célèbre Sainte Hildegarde de Bingen. Une femme d’importance dans l’histoire de l’Église universelle. L’occasion pour Stéphanie Gallet de recevoir Anne-Marie Pelletier, théologienne, auteur de "L’Église, des femmes avec des hommes" (éd. du Cerf), et de s’interroger sur la place des femmes dans l’institution religieuse. "Dans le monde catholique, le mot féministe est presque tabou. Il a fallu que le pape François rappelle il y a quelques mois que cela n’était pas un mot interdit. Je préfère dit que depuis des années, je suis en souci de la vie des femmes et de la cause des femmes" explique-t-elle.
 

La relation homme-femme dans l'Eglise: difficile mais fondamentale

"Dans l’Église catholique, les femmes ont toujours quelque chose en moins que les hommes" écrit Anne-Marie Pelletier dans son dernier ouvrage. "Évidemment. Ne serait-ce que pour une raison essentielle : elles ne peuvent pas être prêtre. C’est une différence dont il faut tenir compte car elle règle les représentations que nous avons des rôles dans l’Église" ajoute-t-elle, allant même jusqu’à évoquer une misogynie viscérale. "La relation entre les hommes et les femmes est une relation aussi difficile qu’elle est fondamentale" lance la théologienne.

Aujourd’hui, "le monde autour de nous retentit constamment de cette question des femmes. Nous sommes partie prenante de cette société, de notre culture. Les injustices, les violences faites aux femmes émergent aujourd’hui dans la société. C’est le moment ou jamais d’aller regarder de plus près ce qu’il en est dans notre vie chrétienne, dans notre théologie. Sachant que nous sommes dépositaires d’une parole forte sur le sujet, celle de Saint Paul, qui dans la lettre aux Galates, proclame que désormais dans le Christ, il n’y a plus ni homme, ni femme".
 

Des rendez-vous manqués

Pour Anne-Marie Pelletier, le malaise des femmes dans l’Eglise vient de deux rendez-vous manqués. Le premier, en 1968, l’encyclique Humanae Vitae de Paul VI, et la question du sacerdoce ministériel. En 1968, Paul VI et son entourage vont continuer de creuser le fossé entre les femmes et l’Eglise. "C’est une histoire tragique. Dans Humanae Vitae, il dit non à la contraception. Les femmes n’ont eu aucune part à la réflexion. Une fois de plus, comme dans l’ensemble des cultures humaines, des hommes légifèrent sur les femmes, leur corps, leur intimité" lance-t-elle.

"En son point de départ, la Bible est un texte porteur de la révélation de Dieu sur notre humanité, mais qui se formule dans des mots humains, dans une culture humaine, marquée par l’androcentrisme. Ce qui est passionnant, c’est de voir comment en dépit de cela, constamment, la révélation biblique produit des échappées et permet de retrouver les femmes dans des rôles tout à fait essentiels" conclut Anne-Marie Pelletier.

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