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Aime la justice, ose être libre !

RCF,  - Modifié le 29 avril 2019
Un basculement social dans les priorités du président de la République ? C'est la question que se pose le père Antoine Guggenheim dans son édito du jour
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Le propos introductif de la conférence de presse du président Macron était rythmé par la répétition du plus beau des programmes politiques : "combattre l’injustice". On l’a à peine remarqué, mais c’est l’annonce – vraie ou fictive, on le saura dans les années à venir – d’un changement profond de priorités de celui qui déclarait, dans sa première adresse aux parlementaires réunis en Congrès à Versailles, vouloir permettre à chacun de s’accomplir avant de songer à bâtir une solidarité.

Bien sûr, on peut proposer d’autres fins transcendantes à l’action politique : la grandeur de la France, la construction de l’Europe, la poursuite de la paix dans le monde. Ces finalités toutes positives doivent être l’âme et le corps de l’engagement non partisan de nos élus. Et comme le président de la république, représentant suprême de la nation, se doit d’être un arbitre et non le chef de l’exécutif, ou pire le chef d’une majorité parlementaire, il doit se fixer un tel cap, qui l’aide à se situer au-dessus des partis, des intérêts particuliers, et même des intérêts particuliers de l’Etat.

Mais, dans un contexte de douleur et de crise, comme celui que nous traversons depuis le crash bancaire de 2008, transformé en faillite politique et philosophique de la France et de ses responsables, le premier combat à mener, comme l’ont montré les premiers « gilets jaunes », est celui d’une dénonciation et d’une résistance aux injustices.

La recherche de la justice est, depuis Platon, une des plus hautes idées capables d’animer les sociétés. L’injustice est la souffrance la plus difficile à supporter, pas seulement au plan des sentiments, mais au plan même de l’efficacité. L’injustice divise les forces et annihile les coopérations. Combattre les injustices est le contraire d’une utopie : un enracinement dans le réel. Faire fi des injustices, c’est l’angle mort de l’humanisme individualiste, et le fruit amer de la vision libérale de l’être humain.

Certes, c’est une grande conquête de l’esprit européen de concevoir que chaque être humain est appelé à développer ses capacités pour s’accomplir, et il ne s’agit pas d’y renoncer en prônant un retour de l’autoritarisme social de droite ou de gauche. Mais ne sommes-nous pas arrivés au bout des puissances et des errances d’un humanisme préoccupé d’abord de l’accomplissement de soi sans limite, qu’il soit matérialiste ou spiritualiste ? Tel me semble être le sens de ce que Laudato Si’ appelle le double cri des pauvres et de la planète.

Au terme d’un développement de cinq siècles, l’oubli des limites et de la dimension relationnelle de l’humain apparaissent comme un angle mort dangereux dans la conduite de nos sociétés. Nous devons chercher et diffuser un nouvel humanisme du lien et de l’acceptation des limites, un humanisme de l’alliance avec autrui, comme chemin de l’accomplissement de soi.

Proposer le combat contre les injustices comme première motivation de l’action politique, s’il est avéré, serait un premier pas nécessaire sur ce chemin. Un renversement copernicien. Et une conversion tellement souhaitée dans le bagage intellectuel du président et de ses drôles de conseillers. "Aime la justice, ose être libre !"

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