Agro-écologie: "on peut faire beaucoup de choses en 20 ans" explique Maxime de Rostolan
Un livre et un documentaire. Tous deux ont le même titre, explicitement écologique: "On a vingt ans pour changer le monde".
C’est un véritable plaidoyer et appel pour une prise de conscience individuelle et collective que signe Maxime de Rostolan dans ce livre et ce documentaire. Des documents qui appellent à changer de modèle agricole et alimentaire, et à abandonner l’agriculture intensive qui continue de régner en maître après des décennies de carnage écologique.
Outre ce livre et le documentaire, Maxime de Rostolan est également à l’initiative du réseau Fermes d’avenir, qui promeut l’agro écologie, une agriculture respectueuse des hommes et de la nature. Ce dernier explique que nous avons finalement assez peu de temps devant nous, 20 ans, pour changer le monde.
"L'impact de l'homme est visible, il n'y a plus de débat"
"Jean Jouzel du Giec nous donne trois ans pour réagir. Yves Cochet disait que l’effondrement était probable en 2020, vraisemblable en 2025, et inévitable en 2030. Je pense que c’est un peu court. Cela va être un peu dur d’infléchir dans un temps si court. Par ailleurs, le Giec base toujours ses prévisions sur l’année 2100. C’est un peu déresponsabilisant et je pense qu’il faut trouver quelque chose de raisonnable entre les deux. Vingt ans, c’est le temps d’une génération. On peut faire beaucoup de choses en 20 ans" explique Maxime de Rostolan, fondateur de Blue Bees et des Fermes d'avenir.
Maxime de Rostolan a effectué en 2007 un tour du monde autour des problématiques de l’eau. Un périple qui fut l’élément déclencheur de son action actuelle. "Voyager permet de constater les dégâts que peuvent avoir les activités humaines sur l’environnement. Se frotter à la réalité du monde et à la petitesse du monde, c’est quelque chose d’important. La biodiversité des insectes est menacée. L’impact de l’homme est visible, il n’y a plus de débat. Il faut agir et l’agriculture est pour nous la première brique du socle sur lequel ériger notre nouveau modèle" ajoute Maxime de Rostolan.
"On s'adresse aux jeunes générations"
Face à l’impérieuse nécessité de protéger la nature, au lieu de "décapitaliser", il y a bien sûr la problématique de nourrir la planète. "C’est déjà une chose que l’on n’arrive pas à faire aujourd’hui avec l’agriculture industrielle. Il y a 18 000 enfants qui meurent de faim chaque jour dans le monde. Ce modèle ne parvient pas à répondre à ce besoin. Je réponds tout simplement que l’agriculture conventionnelle n’a que 50 ans. Elle n’a pas répondu à un besoin" précise le fondateur de Blue Bees.
Pour arriver à changer les mentalités, il faut tout d’abord essayer de changer les agriculteurs eux-mêmes, et notamment ceux qui ont utilisé des intrants pendant des décennies. "Ceux qui sont en fin de carrière, je ne veux pas les accabler. Ils ne sont pas responsables de cet état de fait. On fait appel à leur bon sens. Ils vont voir leurs voisins changer et être tout à fait résilients. On s’adresse surtout aux jeunes générations. Si on veut renouveler cette génération d’agriculteurs, on va travailler avec ceux qui s’installent aujourd’hui. Prenons ceux qui ont envie d’aller dans le bon sens. On fait en sorte que sur des territoires, des dynamiques se créent. On relie l’aval à l’amont" explique Maxime de Rostolan.
"Aujourd'hui, l'argent est une finalité"
Il faut également convaincre les institutionnels. Là, c’est plus compliqué. Le documentaire explique bien comment la politique est minée par les objectifs à court terme. Alors ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll le reconnaît dans le film, sans langue de bois. "L’aveu du ministre est terrible. L’autre gros défi c’est de remettre l’argent à sa place. Aujourd’hui l’argent est une finalité. Or c’est un moyen, pour aider, pour vivre bien, pour entreprendre" plaide le fondateur de Fermes d’avenir.
L’action de Maxime de Rostolan s’inscrit dans les pas de plusieurs personnalités. Parmi lesquelles Pierre Rabhi. "Je suis allé à une de ses conférences quand j’avais vingt ans. Cela m’a remué. Il a des écrits magnifiques". Et à ceux qui résistent encore, il prononce quatre petits mots : "au pire ça marche".
Emission réalisée en duplex de Tours
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