Vous les entendez ? Non ? Tendez l’oreille, écoutez bien : vous les entendez, cette fois, les oiseaux chanter ? Carpe diem : profitons de ce jour où les oiseaux chantent… où les oiseaux existent encore pour pouvoir chanter.
Il se pourrait en effet que ce ne soit plus le cas dans quelques années. Le chardonneret, par exemple, a disparu pour presque de moitié en France. Une étude récente, publiée dans la très sérieuse revue Science, fait état de la disparition programmée des girafes, des éléphants, et parle d’une « extinction de masse » des grands animaux.
Au fur et à mesure que l’homme est parti à la conquête de la planète, les grands mammifères ont disparu. Ont été éradiqués. On n’a jamais autant aimé les animaux. Mais ils n’ont jamais été autant menacés. Il ne s’agit pas seulement d’« anéantissement biologique », comme le disent les scientifiques : il s’agit de faute morale.
Car l’homme est responsable de ce qu’il détruit et domestique, responsable aussi de ce qu’il doit protéger. Or, c’est l’homme, et lui seul, qui est en cause dans cette disparition des espèces. Déforestation, braconnage, agriculture intensive, pollution, commerce d’espèces menacées : au total, plus de 50 % des animaux ont disparu en 40 ans.
Ce n’est pas seulement la biodiversité qui est touchée, c’est la beauté du monde qui recule. C’est notre humanité qui se fait insulte à elle-même. Les animaux appartiennent à l’histoire. Ils sont même sujets de l’histoire, tant ils ont accompagné l’homme, dans ses guerres comme dans ses victoires. Tant ils ont mêlé leur destin au nôtre. Il nous revient à présent, à nous humains, de les préserver de l’histoire, d’avoir le courage d’une politique générale de préservation des espèces.
Dans ce domaine comme dans d’autres, nous avons besoin de politiques ambitieuses et responsables. Si notre espèce a une quelconque supériorité sur d’autres, c’est dans ce sentiment moral de la responsabilité qu’elle s’enracine. Comme nous avons su parfois le faire, faisons mentir l’histoire : faisons en sorte que triomphe le bien, que l’emportent le respect et la justice. Carpe diem : promenons-nous dans les bois, pendant que l’homme n’y est pas. Profitons du loup, de l’ours, des oiseaux et des girafes, pendant que l’homme n’y est pas…
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