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Acte 18 des Gilets jaunes: "quand une foule se rassemble, c'est l'émotion dominante qui s'amplifie"

Acte 18 des Gilets jaunes: "quand une foule se rassemble, c'est l'émotion dominante qui s'amplifie"

RCF,  - Modifié le 18 mars 2019
La manifestation des Gilets jaunes de samedi a causé des violences inouïes sur les Champs-Elysées, à Paris. Retour sur l’acte 18 avec un spécialiste des foules.
Mehdi MoussaidMehdi Moussaid

"Je vois de la contagion sociale. À un certain niveau, un groupe de personnes va être amené à s’agrandir, et à entraîner d’autres personnes. Des gens qui n’étaient pas violents, qui deviennent de plus en plus nombreux. C’est un comportement qui à force de se répéter, de se normaliser, va grossier et entraîner d’autres personnes dans son sillage. Pour qu’une foule devienne violente il faut de la colère, et un groupuscule de personnes violentes au début. D’une manière générale, ce qui va se passer, quand une foule se rassemble, c’est l’émotion dominante qui va s’amplifier. Là, c’est la colère" explique Mehdi Moussaïd, chercheur en sciences cognitives à Berlin, auteur de "Fouloscopie : ce que la foule dit de nous" (éd. HumenSciences)

"Il y a plusieurs sous-groupes dans le mouvement des Gilets jaunes. Certains vont partager des valeurs positives et solidaires. D’autres vont partager des méthodes violentes. Ces groupes se distinguent des uns des autres, et ils vont former une  dynamique collective qui leur est propre" ajoute ce spécialiste des foules.

On parle aujourd’hui beaucoup de dispositif policier. Le gouvernement a d’ailleurs reconnu des dysfonctionnements dans la gestion de la manifestation samedi dernier. "On commence à comprendre certaines choses dans le maintien de la foule, grâce à des études sur les animaux sociaux. C’est assez intéressant. Dans un groupe d’individus, la plupart des gens ont tendance à imiter son voisin. Et si tout le monde imite son voisin, il suffit d’une petite minorité pour entraîner l’ensemble. Si on arrive à identifier ces leaders, on va pouvoir anticiper le mouvement et le comportement de la foule. Et cela s’applique aux humains. L’idée va donc être de savoir qui sont les leaders, et d’où ils viennent" précise-t-il.

Autre manifestation ce week-end en France, la marche du siècle pour le climat. Comme d’habitude, les chiffres du nombre de manifestants divergent selon les sources. "Nous les chercheurs, nous savons compter la foule. On va le faire avec des outils techniques, des enregistrements vidéo. On ne va pas compter en direct. On ne regarde pas la foule depuis l’intérieur ou le côté, mais depuis le dessus. Et on va utiliser des techniques de vision par ordinateur, avec des programmes qui vont compter. Et on double le comptage avec un comptage manuel" explique Mehdi Moussaïd.

A la différence des Gilets jaunes, les marches pour le climat ne sont pas  caractérisées par la colère. "On pourrait penser que c’est de la colère à première vue, mais il s’agit plutôt de joie. On voit des sourires, des slogans qui font sourire, qui sont plutôt ironiques qu’agressifs. Les individus redoublent de créativité, c’est très intéressant" lance le chercheur.

Dans son ouvrage, Mehdi Moussaïd évoque l’intelligence collective des foules. "Une foule d’étudiants en médecine, si on arrive à agréger leurs jugements, va faire aussi bien qu’un vieux médecin expérimenté. On essaie de comprendre quels sont ces mécanismes. Il ne faut pas toujours avoir peur des foules. Elle n’est pas toujours agressive mais elle peut l’être. Il faut être un peu méfiant. Ce que je recommande souvent aux gens qui ont une phobie de la foule, c’est juste d’apprendre à la connaître, à comprendre comment elle fonctionne" conclut-il.

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