Accueillant, attention à l'orthographe !

Accueillant, voilà un mot qu’en tant que nom, un accueillant ou une accueillante, on ne trouve pas dans le Dictionnaire de la langue française de Littré, même si l’adjectif accueillant est attesté en français depuis le XIIIe siècle, signifiant "faisant bon accueil". Ce qui nous pousse à radiographier aussi le mot "accueil".

Cueillir s’écrivant donc c-u-e-i, comme accueil et accueillant. En fait, on comprend  bien la réaction des élèves consistant à l’écrire comme fauteuil car ce u-e-i-l ne paraît pas très logique. C’est Littré, amoureux de l’histoire de la langue française, qui au XIXe nous éclaire à propos de cette orthographe curieuse. Voici le commentaire qu’il offre pour le verbe accueillir. Accrochez-nous bien par ce que c’est pesant dans la précision : "L’orthographe de ce mot est restée celle de l’ancienne langue où notre son eu était exprimé par ue ; ce qui l’a maintenue, ce qui a empêché que ue ne devînt eu comme dans les autres cas, ce fut la nécessité de laisser au c le son d’un k. Mais l’orthographe actuelle n’en demeure pas moins fautive, puisque la combinaison ue n’a plus le son de eu. On remédierait à cet inconvénient en écrivant accœil comme cœur, ou acœil comme œil".  Avec un seul c donc.

Au départ, il y a bien sûr le verbe "cueillir", qui vient du latin "colligere", signifiant "assembler", ligere, ensemble co. Par déformation successive on arriva au mot coillir, c-o-i-l, avant la naissance du mot d’aujourd’hui. Si le sens de cueillir est clair, prendre sur une racine ou une branche, une fleur, un fruit, le fait qu’accueillir soit de ma même famille n’est pas transparent. C’est que jadis accueillir signifiait rassembler en poussant devant soi des animaux, et en fait c’est de ce mouvement vers l’avant qui est venu le fait d’aller au-devant de quelqu’un et en définitive de le recevoir, De ce dernier sens est issu le mot accueillant sous-entendant le fait de bien accueillir. Puis récemment, le nom, un accueillant.

Le mot entre dans les dictionnaires en 1993, dans le Petit Robert. Et voilà la définition : "Bénévole qui accueille et écoute les personnes démunies dans une association charitable". Dans le fond, il reste à l’accueillant à pousser devant lui, non plus des animaux mais du réconfort, des solutions. Comme un bouquet fraîchement cueilli. C-u-e-i-l.