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Abîme

RCF,  -  Modifié le 3 février 2020
"Le Dieu des abîmes" c'est l'ouvrage d'Isabelle le Bourgeois, mais que signifie ces abîmes ?
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Si on se contente de dire à quelqu’un en France à quoi il pense quand on lui dit abîme, une fois sur deux la réponse se présente sous la forme d’une phrase apprise traditionnellement dès l’école primaire : « l’accent circonflexe de la cime, dans sa chute est tombé dans l’abîme ». Voilà, c’est dit, abîme a récupéré tout au fond cet accent circonflexe, mais, voilà qui n’explique rien quant à l’origine de ce mot…

En effet, parce qu’il y a un cas particulier où on peut mettre un y à abyme, qui n’est pas fautif, et donc on perçoit tout de suite que c’est un mot assez complexe à analyser dans sa forme. Il y a aussi le fait que si on cherche des synonymes, on tombe très vite sur abysse, a-b-y-s-s-e. Alors vite remontons à l’origine. C’est au milieu du XIIe siècle que le mot entre en français, il venait du grec abussos, signifiant « sans fond », repris en latin sous la forme abyssus, avec un y conformément à la transcription latine des mots grec, mais déformé aussi en latin chrétien en abismus, avec ou sans y, d’où son entrée en français sous la forme abyme.

Quant au mot abysse, de même racine, en latin ecclésiastique il se spécialisa dès le IVe siècle pour désigner les profondeurs de la mer. Et de fait, il mit longtemps à entrer français, puisque sa première attestation ne date que de 1890, en étant donc synonyme des grandes profondeurs sous-marine, fréquemment en usage au pluriel.  Pour en revenir à l’abîme, souvent avec un y jusqu’au début du XXe siècle, dès 1680, chez Richelet et Furetière on le repère pourtant sa forme actuelle avec son i et son accent circonflexe. Il faudra cependant attendre 1798, pour que s’impose la forme actuelle sans y. « Profondeur immense, gouffre profond », telle est la première définition de Furetière. Dans le fond, c’est le cas de le dire, cette définition reste judicieuse mais il ajoute aussi, parce que le mot est d’abord utilisé dans le vocabulaire religieux : enfer.

En effet, soit en matière de blason, soit en termes littéraires, dans l’expression « mise en abyme ». C’est André Gide qui a proposé la formule adoptée en 1950. Une mise en abyme, c’est quand vous avez un tableau dans le tableau. La meilleure illustration c’est la vache qui rit, qui porte à ses oreilles de boites de vache qui rit, boites sur lesquelles il y a de nouveau la vache qui rit, et cela sans fin …. Ah la vache, quelle mise en abyme dit-elle, avec un y…

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