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Abbaye

RCF,  - Modifié le 30 mars 2018
La présence de RCF à l’abbaye de Maylis nous pousse à rappeler l’origine du mot abbaye. D’où vient-il ? On va constater qu’on ouvre les portes d’une grande famille de mots.
Pascal HausherrPascal Hausherr

"Abbaye", tout comme "abbé" vient du grec abba, d’origine araméenne, utilisé dans le Nouveau Testament pour désigner Dieu le père. Rappelons que l’araméen est une langue sémitique parlée durant l’Antiquité dans le Proche-Orient, et qui a survécu à travers le Syriaque. C’est ce mot grec qu’on retrouve donc en latin abbas, abattis en tant que père, chef d’une communauté religieuse. En latin ecclésiastique naquit ensuite abattia, qui correspondait à la charge d’abbé.

Quant au mot abbé, s’il a désigné en français le chef d’un monastère d’homme, d’une abbaye, il a aussi eu une valeur hiérarchique et figurée. Ainsi, l’abbé a désigné, attesté au XVIe, le chef d’une organisation de jeunes responsable des fêtes villageoises, mais aussi en Suisse le président d’une abbaye entendons une société de tir, sens attesté depuis 1685, et on parle alors plutôt d’abbé président.

L’abbaye, du latin abbatia malgré la référence au « père », a désigné aussi bien un monastère d’hommes que de femmes. On évoque aussi parfois les abbayes de commende, du latin commendare, confier. En fait, il s’agissait naguère une abbaye confiée temporairement à un séculier, en attendant la nomination d’un moine titulaire. Par extension ce fut le fait d’avoir confié à des clercs séculiers des abbayes, devenant source d’abus, les abbayes étant délaissées et leurs revenus enrichissant de hauts dignitaires dispensés de résidence et de régularité. Ce système néfaste fut abandonné.

L'abbaye, c'est bien sûr aussi le bâtiment édifié pour la communauté religieuse, d’où les abbayes dites romanes, ou cisterciennes, reposant sur l’art roman que pratiquait l’ordre de Cîteaux, au Moyen Âge. Il y a aussi des abbayes détestables, attestées en argot dès 1389, les maisons de tolérance, avec effrayante et attestée en 1628, l’abbaye de monte-à-regret, la potence, puis la guillotine. Fort heureusement, elles ont disparu alors que  demeurent dans leur si rassurante pérennité ces abbayes, qu’Anatole France présentaient comme des « joyaux sur la robe de la Gaule chrétienne ». Et dans ces abbayes sont nés nos premiers dictionnaires. Une belle et longue histoire que je raconterai…
 
 
 
 

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