25 janvier 2025
Prière du samedi 25 janvier 2025
Nous voilà arrivés au dernier jour de cette semaine dédiée à la prière pour l’unité des chrétiens et centrée sur la commémoration du concile de Nicée. En ce huitième jour, nous méditons sur la dernière phrase du Symbole de Foi : « J'attends la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. » Nous attendons le Royaume et la vie à venir, ce Royaume de Dieu qui est déjà là et pas encore là. Le chant liturgique orthodoxe que nous entendons - « Recevez le Corps du Christ, buvez à la Source immortelle » - est chanté au moment de la communion des fidèles pendant la Divine Liturgie qui est, en quelque sorte, l’équivalent de la messe des catholiques romains, ou d’un culte avec la célébration de la Cène dans les communautés chrétiennes issues de la Réforme. Pour les chrétiens orthodoxes, la Divine Liturgie est anticipation du banquet céleste. Or, le nombre huit est symbolique, le huitième jour est à la fois premier et dernier jour, quand tout recommence et tout s’accomplit. En effet, la Divine Liturgie nous donne de goûter la Résurrection et l’éternité. Et ce chant mélismatique, c’est-à-dire lent et très orné, ouvre comme une suspension du temps pour offrir à tous de goûter la vie à venir, c’est-à-dire d’être un seul corps en Christ. Le chrétien orthodoxe roumain Nicolas Steinhardt, qui, après avoir passé plusieurs années dans les geôles communistes et y avoir été baptisé par des codétenus, devint moine quand il en est sorti, insiste sur la centralité du thème du festin dans tout l’enseignement du Christ, et n’hésite pas à citer des auteurs chrétiens dits non orthodoxes dans un esprit de communion qui convient en ce jour. Écoutons ses réflexions, tirées de son Journal de la Félicité.
« Le Seigneur trouve tout un tas de bonnes occasions de festins et de réjouissances. On fait un repas après une guérison ; après avoir gagné un nouvel adepte ou conquis une âme ; dans le cas du fils prodigue ou du douanier Zachée, c’est un grand repentir qui justifie la splendeur de la fête. Le Seigneur change l’eau en vin et le bénit aux noces de Cana ; Marie offre des huiles, elle aussi, au cours d’un repas ; à Béthanie, cela a dû être un bien grand repas pour que Marthe soit si soucieuse et si accablée de travail. Non content d’accepter l’invitation des pécheurs, le Seigneur ne refuse pas non plus celle des pharisiens. Le Ciel est souvent comparé à un festin, et qu’est-il promis à celui qui ouvre son cœur à Jésus ? Celui qui jusque-là se tenait à la porte et frappait affirme à présent : « J’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi ». Cet inépuisable entrain et cette volonté du Seigneur de fêter les joies par des festins se retrouvent tout au long des années d’enseignement. Les textes en témoignent clairement : « Jean est venu, ne mangeant ni ne buvant, et ils disent : “Il a un démon”. Le Fils de l’Homme est venu, mangeant et buvant, et ils disent : “C’est un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des pécheurs” ». Paul, suivant l’exemple de son maître, fêta aussi la victoire du bien, le baptême du geôlier de Philippes, « …dressa la table et il se réjouit avec tous les siens… » A. Schmemann s’approprie la formule matérialiste de Feuerbach : « L’homme est ce qu’il mange » et dit que c’est une formule strictement biblique et chrétienne. Celui qui ne mange pas mon corps et ne boit pas mon sang. Et Schmemann (qui est orthodoxe) d’affirmer : pour un chrétien, le monde est un festin, l’image du festin apparaît constamment tout au long des Écritures, il en est le final et le couronnement : « Vous mangerez et boirez à ma table, en mon Royaume ».
Le Seigneur – cela apparaît partout – bénit, transforme, multiplie : le pain, le vin, les poissons. Il ne donne pas l’image d’un Dieu du désert, de la pouszta, de la toundra, de la stérilité, de la sécheresse et de l’aridité
Droits image: Prière du matin sur RCF Lorraine Nancy