Au risque de la Parole RCF - page 11

Encore un mot sur la 4e béatitude de St Matthieu. Et puis l'entrée dans la 5e : "Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miéricorde." Les résonances du mot "miséricorde" sont multiples.

L'interrogatoire de Jésus est précédé par de pseudo-témoignages, des paroles confuses, contradictoires et donc sans valeur juridique. Ce sont des paroles qui ne cherchent pas la vérité. Face à cette violence Jésus se tait. Ce silence témoigne de la liberté de celui qui n'entre pas dans ce type de violence.

"Heureux ceux qui pleurent (ou ceux qui sont dans le deuil), ils seront consolés." Avec toutes les résonances de l'Ancien Testament. C'est un Dieu qui console. Ceci se passe dans un registre maternel.

Avec l'arrestation de Jésus nous entrons dans une phase de grande violence. Tous les termes sont détournés : par exemple le terme "livrer" signifie se donner entièrement et ce même terme est repris pour désigner l'action de Judas.

La 3e et la 4e béatitudes sont antithétiques (ceux qui pleurent seront consolés...). On peut rapprocher cela du "Magnificat" La troisième béatitude "Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés". On peut préférer l'expression "Heureux ceux qui sont dans le deuil" ou "Heureux ceux qui sont affligés".

C'est un moment particulièrement douloureux qui se déroule sur 3 lieux : l'espace réservé aux disciples, puis un espace réservé à Pierre, Jacques et Jean, enfin un espace où Jésus est seul. C'est un combat. Pour le croyant c'est le plus grand combat de toute l'histoire de l'humanité. Tout ceci se déroule en dehors de la logique de la réparation ou de la rétribution.

"Heureux les doux" est la 2e béatitude selon certains manuscrits. Quel est le sens de cette douceur qui n'est ni molesse ni tièdeur? La douceur c'est la violence surmontée. C'est la force qu'il faut pour ne pas répondre à la haine par la haine. Elle peut aussi permettre de dépasser les impasses que la loi, qui est bonne au départ, peut installer. La loi peut être violence. dès lors la douceur n'efface pas la loi mais la dépasse. La douceur est force et maitrise de soi.

Juste après le baptême l'Esprit de Dieu a poussé Jésus au désert pour y être tenté. Jésus va revivre l'aventure de son peuple (au désert, du temps de Moïse) et connaître des tentations ou des épreuves - c'est le même mot - très semblables.

Au début du chapitre 4 de St Matthieu, Jésus jeûne 40 jours et 40 nuits. Allusion à Moïse (2 épisodes) et à Elie (1 épisode). Ce jeûne introduit à un moment très intense de révélation et de grâce. Voir Exode 24 et Exode 34 pour Moïse ou encore 1 Rois 19 pour Elie.

Les tentations juste après le baptème sont pour Jésus un moment d'investiture. Jésus parcourt à nouveau tout l'itinéraire de son peuple, donc le désert et les tentations. On peut dire qu'ici Jésus grandit en humanité. Il connaît ce que nous connaissons tous. Cette première tentation est d'abord marquée par le nombre 40 : 40 ans dans le désert. 40 le temps de l'épreuve et de l'expérience.

Après avoir commenté le terme "heureux", Soeur Marie Raphaël commente la première béatitude et spécialement l'expression "les pauvres selon l'esprit". En résonance, dans l'Ancien Testament, il y a Isaïe aux chapitres 57 et 61 ou encore la prophète Sophonie aux chapitres 2 et 3. La pauvreté selon l'esprit est tout simplement le fait de reconnaître qu'on a besoin des autres, qu'on a besoin de Dieu, autrement dit, que le manque n'est pas une malédiction mais qu'il est nécessaire à la vie. Par ailleurs, plusieurs subtilités de traduction sont explicitées dans cette émission.

En St Marc au chapitre 14, les versets 22 à 31. La douleur de la trahison, l'annonce du reniement de Pierre, la confiance rompue. C'est une rupture entre le berger et son troupeau. Ils vont tous tomber.

Les béatitudes peuvent être groupées par deux. Ce groupement est une figure de style fréquente pour la poésie juive. L'ordre des béatitudes est parfois différent selon les manuscrits. Le mot "heureux" nous occupe largement ici.

Au chapitre 14 de St Marc, nous lisons la trahison de Judas et le dernier repas. Le mot clé de ces passages est le verbe "livrer" qui ici a deux sens : la trahison ou le don. La trahison c'est la tristesse de Dieu et le don c'est la joie. car Jésus s'est donné pour notre joie.

Les béatitudes de Mathhieu sont organisées en 8 + 1 avec un prolongement : "vous êtes le sel de la terre... vous êtes la lumière du monde". Les 8 premières se répondent 2 par 2. Tout cela est signifiant pour un écrivain juif. Par ailleurs la comparaison avec les béatitudes de Luc est éclairante. Il s'agit chez Luc d'un discours dans la plaine et les béatitudes sont réduites à 4. Enfin, Soeur Marie Raphaël situe la source "Q" ou "Quelle" qui est un recueil très ancien de paroles de Jésus.

Au chapitre 14 de St Marc : La décision est prise de mettre Jésus à mort, comme nous l'avons déjà vue. Ensuite il y a l'onction de Béthanie, un moment de tendresse gratuite qui est mal comprise par des disciples qui gromèlent. Les disciples restent dans un logique de calcul et ont du mal à entrer dans cette démarche de gratuité littéralement magnifique. Puis Judas passe à l'action. Il va livrer Jésus, sans doute parce que le message de Jésus est inacceptable pour lui. Les préparatifs du dernier repas peuvent être comparés à la préparation de l'entrée à Jérusalem sur un ânon. Jésus manifeste une confiance, un véritable lâcher-prise.

L'évangile de Matthieu est structuré en 5 discours. Nous abordons ici le premier bien connu comme "sermon sur la montagne". Les fameuses "béatitudes", qui ouvrent ce discours, constituent une exorde destinée aux auditeurs. En écho avec chapitre 61 d' Isaïe.

Le début du chapitre 14 est structuré en trois courtes séquences : - la décision est prise - l'onction de Béthanie - la trahison

Nous allons entrer dans le premier des 5 grands discours qui rythment l'évangile de Matthieu. C'est le Jésus enseignant que nous entendons ici.

La fin du chapitre 13 de St Marc passe du grandiose au quotidien. Marc revient à la grande image du figuier. Ce qui compte ici, après la disqualification du Temple, c'est l'obole de la veuve, c'est le figuier, c'est donc le retour au quotidien. Il s'agit de décrypter les signes et de prendre conscience des compétences que nous avons : les compétences du jardinier qui travaille dans la lenteur.