Soif de justice

Vous entendez sûrement des personnes chrétiennes parler aux autres des miracles qu’elles auraient vécus, des bienfaits qu’elles auraient reçus de la part de Dieu. Si certains se limitent à dire ce que Dieu a fait pour eux, d’autres vont plus loin, jusqu’à vouloir convaincre et « gagner des âmes » pour le Christ. Pour aller encore plus loin, certains seraient prêts à donner de leur vie et même à prendre celle des autres (l’histoire nous le confirme) au nom de cette foi. Peu importe la forme qu’ils prennent, ces actes sont considérés par leurs auteurs comme un témoignage. Qu’est-ce que donc le témoignage chrétien ? Comment pourrait-on aujourd’hui être témoins dans un monde défiguré et perdu ?

On était habitué, dans la bouche des dignitaires américains, au traditionnel « God bless America », on y voyait quelque chose d’un peu exotique et amusant en contexte français. Force est de constater que, ces derniers temps, ce qui nous semblait une originalité de l’autre côté de l’Atlantique, prend une actualité brûlante même en France : l’alliance du politique et de la religion assumée par un Trump (qui a dit en septembre 2025 lors d’un discours « We want to bring God back into our beautiful USA” ») se retrouve, sur un mode différent (pour l’instant), dans la classe politique française : nous serions une nation judéo-chrétienne selon Bruno Retailleau (interview au JDD de septembre 2024). Et ils sont nombreux aujourd’hui à lui emboîter le pas. Nous aimerions aujourd’hui, via la question du nationalisme chrétien, interroger ce qui, pour nous, ne va pas de soi : l’alliance de la nation et de la religion, et à plus forte raison du christianisme.

Références bibliographiques :

- Augustin, Les Confessions.
- G. Bernanos, La Liberté pour quoi faire?
- P. Kropotkine, La Morale anarchiste, L'Entraide.
- E. Leclerc, Saint François d'Assise, le retour à l'Evangile.
- L. Tolstoï, Ma Religion.
- CIRA Lausanne, Refuser de parvenir.
- M. Steffens, Petit traité de la joie, percevoir la beauté de l'existence.

Références :

Amer Meziane Mohamad, Des empires sous la terre
Arendt Hannah, Sur la violence
Augustin, La Cité de Dieu
Bergson Henri, Les deux sources de la morale et de la religion
Ellul Jacques, La Subversion du christianisme
Candiard Adrien, Veilleurs, où en est la nuit?
Zweig Stefan, Le Monde d'hier, souvenirs d'un Européen
Weil Simone, L'Enracinement

Dans cet épisode, on adresse la question de la décroissance. On entend partout, sur les ondes et ailleurs, qu'elle est indécente, inéluctable et qu'elle sera probablement subie. C'est le paradigme de la chute qui est mis en avant car le seul enjeu est bien d'"amortir" ce mouvement. Notre discussion fait le pari inverse : on y voit une réalité infiniment désirable et qui, loin de nous amoindrir, révèle une richesse d'une grande profondeur. Le concept de décroissance nous oblige à sortir de nos cadres de réflexion traditionnels et c'est de cet effort de décentrement que nos trois voix veulent témoigner aujourd'hui.

Nous accueillons pour cette épisode Camille, qui a travaillé en EPHAD pour y développer la culture palliative. Alors que se prépare depuis quelques années une nouvelle loi sur l’organisation de la fin de vie en France, nous tentons de réfléchir à la signification du soin à l’intérieur d’une société, en particulier du soin porté aux mourants et à ceux qui souffrent de maladies très éprouvantes.

Christianisme et anarchisme, deux notions a priori bien éloignées. D’un côté, une religion lourde de deux millénaires d’histoire, de l’autre une pensée politique relativement récente et à la réputation sulfureuse. Pourtant, des rapprochements s’imposent dès lors qu’on s’intéresse à ce qui est dit du pouvoir dans les Évangiles : « les premiers seront les derniers, les derniers seront les premiers », « ne vous faites pas appeler pères, ne vous faites pas appeler maîtres ». Les textes évangéliques appellent à un renversement des puissants et à l’élaboration d’une relation fraternelle, c’est-à-dire égalitaire, avec tous, ils brouillent totalement la distinction du maître et du serviteur. Le christianisme semble bien être un anarchisme.

Au cœur de l'Afrique, la République démocratique du Congo est un pays dont le sous-sol est riche de minerais. Certaines de ses ressources naturelles, dont le coltan, sont indispensables à l'industrie du numérique et la transition écologique vers laquelle la planète souhaite aller. Pourtant, depuis près de 30 ans, la partie Est de ce pays vit une tragédie, un génocide qui n'est pas sans lien avec ses minerais. Cet épisode interroge la justice, la fraternité dans le contexte congolais. La vie humaine n'a-t-elle pas plus de prix que des pierres précieuses ? Quel est le rôle de la communauté internationale dans cette tragédie mais aussi dans l'avènement d'une paix et d'une justice durables ? Nos téléphones, nos ordinateurs portables, les batteries de nos voitures électriques, nos bijoux, doivent nous pousser à nous interroger sur les conséquences parfois catastrophiques de nos désirs insatiables de confort.

L'identité, c'est une évidence. On en aurait toutes et tous une ! À quoi bon la questionner ? Cet épisode tente pourtant de la mettre à distance et de l'observer telle qu'on nous la présente aujourd'hui : un étendard contre l'autre. Peut-on la transformer pour en faire quelque chose de positif ? A-t-elle un sens, cette identité contemporaine, à l'aune des textes évangéliques ? On en parle pour essayer de peut-être comprendre un peu plus qui on est, ou peut-être... pour se débarrasser de la question !

Être artisan de paix, est-ce simplement s’abstenir de violence ? Ne s’agit-il pas plutôt de lutter pour la justice ? Le faux pacifisme consiste à s’horrifier des symptômes de la violence sans jamais s’intéresser à ses causes profondes et aux structures d’injustice qui les favorisent. Le véritable pacifisme est une bataille menée au nom de la justice, qui nécessite de regarder en face le carnage sur lequel reposent certains de nos privilèges, et qui implique de ne pas laisser s’endormir la conscience des oppresseurs.