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​Migrants: pour Christophe Deltombe, "l’Europe traverse une crise de ses valeurs"
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​Migrants: pour Christophe Deltombe, "l’Europe traverse une crise de ses valeurs"

RCF,  -  Modifié le 4 septembre 2018
Après son élection fin juin à la présidence de la Cimade, Christophe Deltombe fait le point sur la crise migratoire.
Fanny Cohen-Moreau RCF Fanny Cohen-Moreau RCF

Le HCR a publié lundi 3 septembre un rapport sur la Méditerranée. 1.600 migrants y ont trouvé la mort depuis janvier.
 

"Ces personnes ne quittent pas leur pays pour le plaisir"

Si le nombre de traversées de migrants sur la Méditerranée a diminué de près de 40% par rapport à 2017, le voyage n’a jamais été aussi dangereux, explique le HCR. "Il y a une histoire très lourde de cette traversée, et en particulier récemment entre la Libye et l’Italie. Des accords ont été passés entre la Libye et l’Europe. Ces accords prévoient d’armer les garde-côtes libyens afin de faire la chasse aux migrants et de les ramener sur la côte libyenne. L’Italie interdit l’accès à ses ports, et impose de renvoyer vers la Libye les bateaux qui recueillent les migrants. C’est la règle actuellement en Méditerranée. Cette règle, les ONG refusent de l’appliquer pour des raisons très simples : on ne renvoie pas dans un pays où se pratiquent des crimes contre l’humanité des personnes qui risquent de subir ces crimes" explique Christophe Deltombe, nouveau président de la Cimade, avocat, ancien président d’Emmaus France.

Pour Christophe Deltombe, ces accords prouvent que l’Europe a une politique criminelle en ce qui concerne la question migratoire. Une politique qui a pour but de stopper les flux migratoires. "Ces personnes ne quittent pas leur pays pour le plaisir. Ce n’est pas car il y a des douches à Calais que les Afghans quittent leur pays. Elles ont des raisons très sérieuses de le faire : la guerre, les persécutions, la misère. Bref, des quantités de motifs qui font que si nous étions à leur place, nous quitterions nous aussi notre pays" ajoute le nouveau président de la Cimade.
 

 

"Le populisme ne s'embarasse pas de la vérité"

Le HCR explique que le nombre de personnes faisant la traversée sont moins nombreuses. "Si tant est qu’il y eut une crise migratoire. On voit bien la décrue. Un certain nombre de causes sont dues à ces politiques qui sont menées sur nos frontières. Mais il y a une décrue de cette pression migratoire, et aujourd’hui on entend toujours un discours anti. Ce discours est inversement proportionnel à la décrue. Il est de plus en plus agressif à l’encontre des migrants alors même que la réalité de la crise migratoire est en train de diminuer de manière considérable. L’Europe traverse une crise de ses valeurs, de la solidarité, de ses principes d’accueil. L’Europ est en train de jouer sa survie sur ces questions" lance Christophe Deltombe.

"Le populisme est un discours politique qui surfe sur les peurs et sur la xénophobie. Il ne s'embarasse pas de la vérité. On a bien un discours qui surfe sur des non-réalités. Il y a un certain nombre de réponses à apporter à la crise des migrants. Il y a le secours et l'accueil, ce sont deux choses différentes. On ne transige pas sur le secours. Mais sur l'accueil, il y a différentes choses à faire" conclut-il.

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