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Porte ouverte

Émission présentée par Yann Porte

Le regard d'un citoyen concerné sur son territoire, pour une transition intelligente de la société. 

Une invitation à l'engagement, en partenariat avec Motris.

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Episodes

  • Le Père André-Marie
    30 novembre 2024

    Le Père André-Marie, Le petit moine qui ne dormait pas la nuit

    15 min
    Prêtre, moine bénédictin, potier, sculpteur, peintre, écrivain le Père André-Marie est un artiste inspiré qui a mis ses mains et son âme au service des autres pour être un baume versé sur toutes les formes de misère. Il entre au séminaire à onze ans, puis au monastère à dix-huit. Nommé par ses supérieurs "Père des pauvres d'ici et du Tiers-monde", il emploie ses talents à se battre contre la misère. Il parcourt le monde et a troqué sa cellule de moine bénédictin pour les cellules des prisons, son voeu de pauvreté monastique pour se battre contre les misères les plus désespérantes. Il rencontre et noue des liens forts avec l'Abbé Pierre, le Père Pedro de Madagascar, séjourne à Haîti, en Inde. Ses créations serviront à plus de 300 chantiers. "Faire du beau pour faire du bien" est sa devise. La Demeure n’est pas seulement une maison d'accueil de tous et de création artistique, elle est aussi maison d’édition. Le Père André-Marie, écrivain, poète, y édite ses quelque 80 livres.

    Invalide à 90% depuis la guerre d'Algérie, il ne cesse cependant de travailler, de construire, de bâtir, dans les pires conditions et pour les plus pauvres.

    André Marie est un artiste avec une grande modestie, un immense respect et sa discrétion va avec ambition sur toutes ses créations. Sa liberté de penser est créatrice sur sa vie qu'il offre à chacun et ses paroles résonnent et interpellent comme ses mains accompagnant ses outils de travail.

    Il se refuse à juger, classer ou mettre des étiquettes sur quiconque.
    Il aime simplement, et dans cet Amour, André Marie crée peint et écrit la nuit comme si le temps était absent en éternel présent.
    Il va son chemin, puise dans son évangile et son histoire, emprunte aux sages tibétains, aux sages Soufis, à son ami l'Abbé Pierre et à ceux qui sont soucieux de toujours mettre de la beauté, de la grandeur et à faire cercle autour des paroles de paix.

    Un moine qui invite à la liberté de soi... Si dans la journée il est au travail, la nuit il écrit. Plus de soixante livres dont les titres sont révélateurs: Urgence du partage, Le Dictionnaire amoureux des mots, Au- delà de la vie, l'Amour est ma paroisse, le Rêve d'un monde meilleur, Pardonner, Bénir en toute circonstance. En bon moine bénédictin, il est disciple de Hildegarde de Bingen, Abbesse bénédictine qui au neuvième siècle, poéte, peintre, musicienne,avait des révélations qui lui ont permis de citer des plantes du monde entier et d'en donner les propriétés thérapeutiques.

    Le Pape Benoît XVIl l'a nommée Docteur de l'Eglise. Inspiré par elle, le Père André Marie inclut constamment dans ses créations et ses peintures des pierres, dont il cite la qualité de protection, d'équilibre d'apaisement du stress.

    A l'Unesco , la Ligue Universelle du Bien Publique lui a accordé en 2013 la médaille d'Or de "Meilleurs serviteurs de l'Humanité".
    Une émission de télévision déclarait que le village de Croixrault qu'il habite, était, grâce à lui, le village le plus connu dans le le monde. André Marie en conclut dans ses conférences que l'Amour n'a pas de frontières, que la bonté est la plus grande des forces, qu'elle est contagieuse et que la bienveillance n'a pas de limites.

    Lorsqu'on lui a demandé s'il y avait quelque chose de plus beau que la beauté il a répondu avec tendresse "C'est la laideur lorsqu'elle est embellie, pardonnée, restaurée".

    C'est le but que le Pére André Marie confie à ses peintures: embellir le monde et le coeur des hommes.

    Il a également animé des émissions de radio avec le thèmes tels que : Oser être soi-même,aire du beau pour faire du bien, réveiller l' Amour qui dort en nous. https://www.larevuedelaudela.com/nos-collaborateurs/pere-andre-marie.htm
  • Le Père André-Marie
    16 novembre 2024

    Le Père André-Marie, Faire du Beau pour faire du Bien

    15 min
    Prêtre, moine bénédictin, potier, sculpteur, peintre, écrivain le Père André-Marie est un artiste inspiré qui a mis ses mains et son âme au service des autres pour être un baume versé sur toutes les formes de misère. Il entre au séminaire à onze ans, puis au monastère à dix-huit. Nommé par ses supérieurs "Père des pauvres d'ici et du Tiers-monde", il emploie ses talents à se battre contre la misère. Il parcourt le monde et a troqué sa cellule de moine bénédictin pour les cellules des prisons, son voeu de pauvreté monastique pour se battre contre les misères les plus désespérantes. Il rencontre et noue des liens forts avec l'Abbé Pierre, le Père Pedro de Madagascar, séjourne à Haîti, en Inde. Ses créations serviront à plus de 300 chantiers. "Faire du beau pour faire du bien" est sa devise. La Demeure n’est pas seulement une maison d'accueil de tous et de création artistique, elle est aussi maison d’édition. Le Père André-Marie, écrivain, poète, y édite ses quelque 80 livres.

    Invalide à 90% depuis la guerre d'Algérie, il ne cesse cependant de travailler, de construire, de bâtir, dans les pires conditions et pour les plus pauvres.

    André Marie est un artiste avec une grande modestie, un immense respect et sa discrétion va avec ambition sur toutes ses créations. Sa liberté de penser est créatrice sur sa vie qu'il offre à chacun et ses paroles résonnent et interpellent comme ses mains accompagnant ses outils de travail.

    Il se refuse à juger, classer ou mettre des étiquettes sur quiconque.
    Il aime simplement, et dans cet Amour, André Marie crée peint et écrit la nuit comme si le temps était absent en éternel présent.
    Il va son chemin, puise dans son évangile et son histoire, emprunte aux sages tibétains, aux sages Soufis, à son ami l'Abbé Pierre et à ceux qui sont soucieux de toujours mettre de la beauté, de la grandeur et à faire cercle autour des paroles de paix.

    Un moine qui invite à la liberté de soi... Si dans la journée il est au travail, la nuit il écrit. Plus de soixante livres dont les titres sont révélateurs: Urgence du partage, Le Dictionnaire amoureux des mots, Au- delà de la vie, l'Amour est ma paroisse, le Rêve d'un monde meilleur, Pardonner, Bénir en toute circonstance. En bon moine bénédictin, il est disciple de Hildegarde de Bingen, Abbesse bénédictine qui au neuvième siècle, poéte, peintre, musicienne,avait des révélations qui lui ont permis de citer des plantes du monde entier et d'en donner les propriétés thérapeutiques.

    Le Pape Benoît XVIl l'a nommée Docteur de l'Eglise. Inspiré par elle, le Père André Marie inclut constamment dans ses créations et ses peintures des pierres, dont il cite la qualité de protection, d'équilibre d'apaisement du stress.

    À l'Unesco, la Ligue Universelle du Bien Publique lui a accordé en 2013 la médaille d'Or de "Meilleurs serviteurs de l'Humanité".

    Une émission de télévision déclarait que le village de Croixrault qu'il habite, était, grâce à lui , le village le plus connu dans le le monde. André Marie en conclut dans ses conférences que l'Amour n'a pas de frontières, que la bonté est la plus grande des forces, qu'elle est contagieuse et que la bienveillance n'a pas de limites.

    Lorsqu'on lui a demandé s'il y avait quelque chose de plus beau que la beauté il a répondu avec tendresse "C'est la laideur lorsqu'elle est embellie, pardonnée, restaurée".

    C'est le but que le Pére André Marie confie à ses peintures: embellir le monde et le coeur des hommes.

    Il a également animé des émissions de radio avec le thèmes tels que : Oser être soi-même,aire du beau pour faire du bien, réveiller l' Amour qui dort en nous. https://www.larevuedelaudela.com/nos-collaborateurs/pere-andre-marie.htm
  • Eric Fottorino
    9 novembre 2024

    Eric Fottorino, La vocation journalistique créatrice du Monde à l'Un

    15 min
    En 1984, Eric Fottorino commence sa vie professionnelle comme pigiste à Libération avant de rejoindre l’équipe fondatrice de La Tribune de l'économie où il explore l’univers des matières premières. Une spécialité encore peu traitée dans la presse française, qu’il développera dans de nombreux journaux économiques (La Vie française) comme dans les colonnes de La Croix, s’attachant à mettre en lumière leur dimension humaine, sociale, géopolitique et mythique. Ce thème lui inspirera son premier essai, Le Festin de la Terre, paru en 1988.

    Après vingt-cinq années passées au quotidien Le Monde, qu’il dirige de 2007 à février 2011, il est le cofondateur de l'hebdomadaire Le 1, lancé en avril 20142, et des trimestriels America (2017), Zadig (2019) et Légende (2020).

    Le 1 est une publication innovante dans la forme — une unique feuille pliée — comme sur le fond : il ne traite qu'un seul grand thème d'actualité à travers les regards d'écrivains, de chercheurs, d’experts et d’artistes. Il ne laisse aucune place à la publicité et se veut exclusivement « un journal de lecteurs ». En novembre 2015, Le 1 a cédé une licence de son concept au quotidien italien La Stampa.
    En mars 2017, il lance avec François Busnel le magazine trimestriel America.

    En mars 2019, Éric Fottorino lance la revue Zadig, un trimestriel de près de 200 pages consacré à la France d'aujourd'hui, qui rassemble des journalistes, des historiens et des romanciers. En synthèse, Le Figaro précise pour la décrire que « chaque numéro évoque un aspect de la France vu par des journalistes, des écrivains et des intellectuels ». La revue est inspirée des expériences réussies de America et du 1.
  • Eric Fottorino
    2 novembre 2024

    Eric Fottorino, Le roman transgénérationnel

    15 min
    Éric Fottorino est un journaliste et écrivain français. Son œuvre littéraire explore les zones restées inconnues de sa propre identité, de son roman familial.

    Enfant naturel reconnu et adopté par un pied-noir de Tunisie, Michel Fottorino, auquel il consacrera un récit, L’Homme qui m’aimait tout bas, il est le fils biologique d’un juif marocain natif de Fès. Pièce majeure du récit familial, L’Homme qui m’aimait tout bas est inspiré par le suicide de son père adoptif dont il porte le nom. Ce livre sombre et solaire à la fois montre comment l’absence des liens du sang n’interdit pas la naissance de liens filiaux puissants.

    Questions à mon père (Gallimard 2010) complète ce diptyque des pères, l’auteur interrogeant son père naturel peu avant sa disparition. Dans ce texte de questionnement, Éric Fottorino demande à son père marocain ce que signifie pour lui être juif. « Être juif, répond-il, c’est avoir peur ». L’auteur qui a retrouvé tardivement ce père écrit : « Comme on peut aimer deux enfants, on peut aimer deux pères à la fois. » Le père n’a pas reconnu le fils, c’est le fils qui a reconnu le père, offrant à chacun d’eux comme une renaissance.

    Avec Dix-sept ans (Gallimard 2018), Éric Fottorino aborde frontalement la figure de sa mère qui n’était jusqu’alors dans son œuvre qu’un profil perdu. Cette jeune femme devenue fille-mère à l’âge de dix-sept ans est source d’admiration et d’incompréhension pour l’enfant, d’inquiétude aussi quand elle le laisse seul ou semble disparaître.

    À travers ces récits et romans dont il souligne qu’ils sont « traduits du silence », Éric Fottorino tente depuis plus de trente ans de s’inventer une famille.
  • Jean-Paul Delfino
    26 octobre 2024

    Jean-Paul Delfino, le passionné de Suzanne Valadon

    15 min
    Jean-Paul Delfino est l’auteur et le conteur à l'accent aixois et truculent d’une quarantaine de romans portés par une passion communicative. Presque tous sont écrits à la lumière de la littérature et de la musique brésiliennes dont il est l’un des meilleurs spécialistes mondiaux.

    Son autre passion pour Suzanne Valadon et le travail d’archives qu’il a réalisé sur la peintre, lui ont valu d’être adoubé par les conservateurs de l’exposition Valadon de Pompidou-Metz et de collaborer aux actes de colloque Valadon. Modèle de Renoir, muse de Degas, égérie de Satie et grand amour de Toulouse- Lautrec, Suzanne Valadon (1865-1938) a d’abord été écuyère de cirque avant de devenir modèle pour les plus grands. Femme libre et farouchement indépendante, elle se lance elle-même dans la peinture et devient la première femme admise à la Société Nationale de Beaux-Arts.

    Elle est la mère d'un maître avec lequel elle avait une relation fusionnelle et conflictuelle, Maurice Utrillo. Le roman de Delfino la cueille à la fin de sa carrière, bien après la brouille avec son fils. Entre l’absinthe, le tabac, un jeune amant qui la couve (Gazi le Tatar, de trente-cinq ans son cadet), Francis Carco qui veut écrire sa biographie et l’efflorescence trouble de ses souvenirs, Suzanne se raconte. Entre vérité et légende, l’histoire d’une femme libre à en mourir. Les mille vies de Suzanne l’insoumise, l'affranchie de Montmartre.
  • Diego Masson
    19 octobre 2024

    Diego Masson, "Gratitude envers Varian Fry qui m'a sauvé la vie en 1941"

    14 min

     

    Merci à Marie-José Georges, responsable de la communication du Centre Pompidou Metz grâce à qui cette rencontre a été rendue possible. Merci également à Matthieu Verdeuil pour son documentaire Visas pour la liberté qui retrace cette histoire poignante, l'histoire du journaliste américain Varian Fry, envoyé à Marseille pendant la Seconde Guerre mondiale avec une liste de 200 artistes, intellectuels, juifs et antinazis pour les aider à quitter la France occupée. Il parviendra à sauver plus de 2000 personnes du régime de Vichy, en partance vers l’Amérique. Cette histoire oubliée ressurgit aujourd’hui dans un quartier sensible de Marseille qui abritait alors à la Villa Air-Bel André Breton et le groupe des surréalistes en exil.

    André Masson a lui aussi bénéficié de l’aide de Varian Fry et participé aux créations collectives surréalistes, notamment le jeu de carte de Marseille. Son fil Diego est l’un des témoins essentiels de cette histoire, en chemin vers les États-Unis. Fils de l'artiste André Masson et neveu par alliance du psychanalyste Jacques Lacan, Diego Masson témoigne de son rapport familial et inspirant avec ces deux figures culturelles majeures de notre Histoire auxquelles le Centre Pompidou Metz a consacré simultanément deux expositions capitales. Diego Masson est lui-même un musicien accompli et un chef d'orchestre novateur. Il a étudié le piano et la composition au Conservatoire de Paris. Dès l'obtention de son diplôme, il rejoint le Domaine musical comme percussionniste et entame des études de direction d'orchestre auprès du directeur du groupe, Pierre Boulez. En 1966, il crée Musique Vivante, un groupe spécialisé dans la musique contemporaine qu'il dirige jusqu'en 1989. Il revient sur ses années d'enfance durant la guerre et raconte comment le "Juste" Varian Fry lui a sauvé la vie ainsi qu'à toute sa famille à Marseille en 1940 et 1941.

    Fry était officiellement à Marseille en tant que journaliste mais en fait envoyé par l'Emergency Rescue Committee (ERC) (Comité de sauvetage d'urgence) qui officia sous le nom de « Centre américain de secours », le 14 août 1940. « Fry est arrivé à Marseille en août avec 3 000 dollars, une petite valise et une liste de quelque deux cents écrivains et artistes en danger. Presque immédiatement il s'est trouvé confronté à un drame humain majeur et ce qui devait être une mission de reconnaissance de trois semaines se transforma en une aventure éprouvante de treize mois ». L'opération de sauvetage consistait à attribuer deux cents bourses à « certains des meilleurs scientifiques et universitaires européens » pour les aider à fuir l’Europe et à se réinstaller outre-Atlantique. Sa mission était d'aider des intellectuels, artistes, écrivains et antinazis, dont certains militants trotskystes6, à fuir l'Europe. Il s'installa tout d'abord à l'hôtel Splendide où il avait rencontré un autre Américain, Franck Bohn, envoyé par la Fédération américaine du travail (AFL) et aidé par le Jewish Labor Committee (JLC) pour aider des militants syndicalistes ou socialistes à s'enfuir.

    Malgré la surveillance du régime de Vichy, il cache de nombreuses personnes et les aide à s'enfuir. Il loge pendant quelques mois à la villa Air-Bel. Plus de 2 200 personnes se réfugièrent notamment au Portugal, alors neutre, avant de se rendre aux États-Unis. D'autres passèrent par la Martinique, comme André Breton, André Masson et sa famille ou Victor Serge. Les plus proches collaborateurs de Varian Fry furent Miriam Davenport (en), ancienne étudiante de l'Institut d'art et d'archéologie à la Sorbonne, Mary Jayne Gold, héritière à la vie romanesque, Daniel Bénédite, Albert Hirschman, Franz von Hildebrand (Franzi von Hildebrand), Charles Fawcett, Leon Ball, Jean Gemähling ou Charles Wolff. Il a également bénéficié de l'aide financière de Peggy Guggenheim. Fry fut grandement aidé par Hiram Bingham IV, vice-consul américain à Marseille, qui combattit l'antisémitisme du département d'État et sa politique frileuse en matière de visas. Hiram Bingham IV n'hésita pas à délivrer des milliers de visas, vrais ou faux. Visas et faux papiers furent organisés par tous les moyens disponibles, y compris des contacts avec le « milieu » marseillais. Ils sont finalement près de deux mille à en bénéficier, généralement des intellectuels ou des artistes de renom comme Claude Lévi-Strauss, Max Ernst, André Breton, Hannah Arendt, Marc Chagall, Lion Feuchtwanger, Heinrich Mann, Walter Mehring, Alma Mahler, Anna Seghers, Arthur Koestler, Jacques Hadamard ou Otto Meyerhof. Quant aux autres, les anonymes qui ne sont pas sur la liste et qui assiègent jour et nuit le consulat américain, ils n’ont guère d’illusions à se faire, car, comme l’explique Varian Fry dans son livre Surrender on Demand, « nous refusons d'aider quiconque n'est pas recommandé par une personne de confiance ». Cette politique déplut au régime de Vichy et au gouvernement américain, alors neutre dans le conflit européen. L'intendant de police de Marseille, Maurice de Rodellec du Porzic, obtint son départ. Après s'être fait confisquer son passeport par les autorités américaines, Varian Fry dut peu après quitter le territoire français le 16 septembre 1941.

  • Olivier Weber
    12 octobre 2024

    Olivier Weber, un correspondant de guerre poète

    15 min
    Qu'est-ce qui motive Olivier Weber à prendre autant de risques pour témoigner de ces guerres lointaines et des souffrances humaines en esthète? Amoureux des livres de voyageurs et d'aventuriers, ses modèles sont Jack London, Joseph Kessel, Joseph Conrad mais aussi Goethe et Cervantès. Quoi de plus évident pour cet écrivain voyageur que de rendre hommage à Joseph Kessel, qui fut tout à la fois romancier, reporter, combattant et académicien ?

    Olivier Weber nous raconte comment il a en quelque sorte, marché dans les pas du grand romancier. "Les livres c'est ma famille, c'est un pays sans frontière, c'est un passeport". Comme correspondant de guerre pour le The Sunday Times, Libération, Le Point, Olivier Weber a couvert plus d'une vingtaine de conflits dans le monde, en Irak, en Birmanie ou en Afghanistan aux côtés du commandant Massoud puis de son fils. Il a été jusqu'à infiltrer des guérillas et des cartels de trafiquants de drogue. Devenu ambassadeur de France itinérant de 2008 à 2013, il a lutté contre le trafic des êtres humains.

    Qu'est-ce qui motive un homme à prendre autant de risques pour témoigner de ces guerres lointaines ou des souffrances humaines ? "Pour moi, le reportage il commence ici, il commence aux portes de Paris dans nos banlieues, dans des villes de Province, dans les restaurants, dans les arrière-boutiques, dans les arrière-cuisines, pour voir les gens, ce qui est important c'est la passion de l'humain."

    "J'ai davantage appris des guerres par des romans que par des essais." Lauréat des prix Albert-Londres et Joseph-Kessel, pour ne citer qu'eux, Olivier Weber affirme "ne plus faire, ou très peu, de distingo entre la littérature du réel, qui est le grand reportage, qui est le document, qui est le récit, qui est l'essai, et deuxièmement l'imaginaire, la fiction. Parce que la fiction vous permet de réenchanter le réel et de mieux l'expliquer." Les livres qui ont changé sa destinée ? "Götz von Berlichingen", de Goethe, et "Don Quichotte" de Cervantes.

    Des livres qu'à l'âge de huit ans il lisait sous sa couette au pensionnat. "J'ai eu la chance d'avoir entre les mains des livres de Goethe et de Cervantès". Adolescent, ce fils d'une famille modeste du Mercantour lisait "Goethe en allemand et Cervantès en espagnol à [ses] chèvres". Jeune berger dans la vallée de la Roya, il rêvait de "parcourir le monde" et de franchir ce qu'il appelle les "frontières visibles et les frontières invisibles", celles qui séparent les hommes en castes et en milieux sociaux.
    "Si tu dois traverser l'Enfer, continue à voyager, à travailler et à aimer: J'étais malheureux dans ma tête", explique-t-il, ce pourquoi en regardant des montagnes il se disait "je peux les franchir, je peux espérer de meilleurs lendemains". Aujourd'hui encore, "l'espérance d'un meilleur avenir", c'est cela qui l'anime. "J'écris avec cette sensation, ce sentiment, je crois qu'on on écrit non pas dans le malheur, mais dans ce besoin d'espérance."

    Olivier Weber est l'auteur de près de 30 romans, essais et biographies. Il a été secouriste en mer à Nice, a suivi des études d'économie et d'ethnologie, il est titulaire d'un un doctorat de droit international et d'un diplôme américain en management, il a appris l'indonésien et le malaisien. "Toutes ces marches ont été gravies une par une, je ne pense pas que j'ai du mérite", dit-il. Pour lui, le secret c'est le travail, il dit "le travail, le travail, le travail", comme Jack London en son temps. "20 ans d'efforts" et une vie à écumer les pages d'innombrables livres. "Les livres c'est ma famille, c'est un pays sans frontière, c'est un passeport.
  • Olivier Weber
    5 octobre 2024

    Olivier Weber, témoin des Hommes parmi les Hommes

    15 min

    Qu'est-ce qui motive un homme à prendre autant de risques pour témoigner de ces guerres lointaines et des souffrances humaines en esthète? Amoureux des livres de voyageurs et d'aventuriers, ses modèles sont Jack London, Joseph Kessel, Joseph Conrad mais aussi Goethe et Cervantès. Quoi de plus évident pour cet écrivain voyageur que de rendre hommage à Joseph Kessel, qui fut tout à la fois romancier, reporter, combattant et académicien ? Olivier Weber nous raconte comment il a marché dans les pas du grand romancier. "Les livres c'est ma famille, c'est un pays sans frontière, c'est un passeport". Comme correspondant de guerre pour le The Sunday Times, Libération, Le Point, il a couvert plus d'une vingtaine de conflits dans le monde, en Irak, en Birmanie ou en Afghanistan aux côtés du commandant Massoud puis de son fils. Il est allé infiltrer des guérillas et des cartels de trafiquants de drogue. Devenu ambassadeur de France itinérant de 2008 à 2013, il a lutté contre le trafic des êtres humains. Qu'est-ce qui motive un homme à prendre autant de risques pour témoigner de ces guerres lointaines ou des souffrances humaines ? "Pour moi, le reportage il commence ici, il commence aux portes de Paris dans nos banlieues, dans des villes de Province, dans les restaurants, dans les arrière-boutiques, dans les arrière-cuisines, pour voir les gens, ce qui est important c'est la passion de l'humain." "J'ai davantage appris des guerres par des romans que par des essais." Lauréat des prix Albert-Londres et Joseph-Kessel, pour ne citer qu'eux, Olivier Weber affirme "ne plus faire, ou très peu, de distingo entre la littérature du réel, qui est le grand reportage, qui est le document, qui est le récit, qui est l'essai, et deuxièmement l'imaginaire, la fiction. Parce que la fiction vous permet de réenchanter le réel et de mieux l'expliquer."

    Les livres qui ont changé sa destinée ? "Götz von Berlichingen", de Goethe, et "Don Quichotte" de Cervantes. Des livres qu'à l'âge de huit ans il lisait sous sa couette au pensionnat. "J'ai eu la chance d'avoir entre les mains des livres de Goethe et de Cervantès". Adolescent, ce fils d'une famille modeste du Mercantour lisait "Goethe en allemand et Cervantès en espagnol à [ses] chèvres". Jeune berger dans la vallée de la Roya, il rêvait de "parcourir le monde" et de franchir ce qu'il appelle les "frontières visibles et les frontières invisibles", celles qui séparent les hommes en castes et en milieux sociaux. "Si tu dois traverser l'Enfer, continue à voyager, à travailler et à aimer: J'étais malheureux dans ma tête", explique-t-il, ce pourquoi en regardant des montagnes il se disait "je peux les franchir, je peux espérer de meilleurs lendemains". Aujourd'hui encore, "l'espérance d'un meilleur avenir", c'est cela qui l'anime. "J'écris avec cette sensation, ce sentiment, je crois qu'on on écrit non pas dans le malheur, mais dans ce besoin d'espérance." Olivier Weber est l'auteur de près de 30 romans, essais et biographies. Il a été secouriste en mer à Nice, a suivi des études d'économie et d'ethnologie, il est titulaire d'un un doctorat de droit international et d'un diplôme américain en management, il a appris l'indonésien et le malaisien. "Toutes ces marches ont été gravies une par une, je ne pense pas que j'ai du mérite", dit-il. Pour lui, le secret c'est le travail, il dit "le travail, le travail, le travail", comme Jack London en son temps. "20 ans d'efforts" et une vie à écumer les pages d'innombrables livres. "Les livres c'est ma famille, c'est un pays sans frontière, c'est un passeport.

    Peut-on encore partir à l'aventure au XXIe siècle, à l'heure du surtourisme ? Cela fait plusieurs années qu'Olivier Weber, écrivain et grand reporter, cultive l'esprit d'aventure. Pour lui, l'aventure est synonyme de rupture, de refus du confort tel que nous les offrent les sociétés occidentales modernes. Et si on cédait à notre "pulsion de nomade" ? "Il faut être prêt à affronter l’inconnu, il faut être prêt à aller vers le mystère." L’aventure on l’associe le plus souvent aux grandes découvertes de la Renaissance ou aux explorations du XIXe siècle. Aujourd’hui, elle a ses voyagistes, qui font venir des milliers de personnes aux mêmes endroits. Quelle aventure vit-on quand on reste connecté à internet ou quand on ne quitte pas un certain confort ? Comment parler d’aventure aux hommes et aux femmes du XXIe siècle ? Avec son "Dictionnaire amoureux de l’aventure" (éd. Plon, 2024) Olivier Weber partage sa propre vision de l’aventure, qui va avec le goût du risque, du mystère et même de l'absurde... Grand reporter pour Le Point, Olivier Weber a été correspondant de guerre en Afrique et au Moyen-Orient. Il a couvert de nombreux conflits et guérillas en Iran, en au Tchad, en Chine, en Tchétchénie, en Russie, au Kosovo. En particulier, cet amoureux de l’Orient s’est rendu de nombreuses fois en Afghanistan, où il a côtoyé le commandant Massoud. Sa vision de l’aventure ressemble au goût du risque. "Il faut être prêt à affronter l’inconnu, il faut être prêt à aller vers le mystère. Il y a quelque fois un côté aventure, péril, goût du risque, qui n’est pas sans analogie avec l’absurde." "Absurde", c’est d'ailleurs la première entrée de son "Dictionnaire amoureux". Ce qui peut sembler étonnant de la part d’un reporter, en quête de ce qui est factuel. S’il y a "un côté irrationnel" dans l’aventure selon Olivier Weber, c’est parce qu’en un sens il s’agit de "repousser le réel". C’est-à-dire repousser les frontières de ce qui est connu, prêt à se laisser déposséder de ce que l’on sait. À 65 ans, Olivier Weber s’est aussi imposé dans le paysage littéraire. Auteur de romans, essais et récits de voyage, il a reçu de nombreux prix, dont le prix Joseph-Kessel et le prix Albert-Londres.

    Deux auteurs qui lui ont appris l’esprit d’aventure - Olivier Weber est aussi l'auteur en 2019 d'un "Dictionnaire amoureux de Joseph Kessel". Ce qui ressemble à "une quête philosophique" mais aussi "de sentiment, d’émotions… de paysages terrestres et humains. Même si on a tout exploré on peut ré-explorer avec le cœur avec les yeux grands ouverts." À l’adolescence, quand il était berger, il a associé la découverte des grandes espaces à celles des univers de Goethe, de Cervantès, de Conrad. Moi j’ai le goût de la rupture, du voyage, de l’inconnu, de l’aventure depuis l’enfance, et je ne pense pas que je l’abandonnerai de sitôt L’aventure, cela commence souvent par "une rupture". C’est refuser ce que proposent nos sociétés modernes, l’assurance du confort. "Chacun dans sa vie, à un moment, a besoin de ruptures. D’autres l’ont toute leur vie. Moi j’ai le goût de la rupture, du voyage, de l’inconnu, de l’aventure depuis l’enfance, et je ne pense pas que je l’abandonnerai de sitôt."Et si on cédait collectivement à notre pulsion de nomades ? "On a encore ce côté nomade en nous, on s’aperçoit qu’on n’est pas fait pour rester assis toute la journée." Pour Olivier Weber, notre civilisation "trop sédentarisée, est mortelle". Il en est convaincu, "on a besoin mettre en avant cette pulsion cet élan, ce mouvement".

  • Christopher Pollmann
    21 septembre 2024

    Christopher Pollmann : "Comment éduquer l'être humain après Auschwitz ?"

    15 min
    Professeur agrégé de droit public, Christopher Pollmann est enseignant-chercheur à l’Université de Lorraine à Metz et directeur du séminaire « Accumulations et accélérations » à la Fondation Maison des sciences de l’homme de Paris. Dans son article Diminuer le refoulement éducatif pour éviter le défoulement meurtrier, il met en évidence à la suite d'Alice Miller, l'existence d'une pédagogie noire qui a été l'une des causes souterraines les plus puissantes qui a permis l'irruption du nazisme et d'Auschwitz.

    Afin d'inverser cette tendance à la transmission de la négation de l'Autre, un nouvel Humanisme se doit de reconnaître la dimension affective et inconsciente de notre existence et apprendre la difficulté et la profondeur de la vie relationnelle au sein d'une société où l'individualisme de masse et le consumérisme menacent de tout détruire.
    Citant Armen TARPINIAN, dans son article “Refonder l’humanisme”, publié dans Idées-forces pour le XXIe siècle, Revue de psychologie de la motivation n° 42-43, Chronique sociale : Lyon 2009, p. 9 à 13, il nous propose de relever ce défi sous peine de disparaitre: « [I]l s’agit d’apprendre […] à surmonter la double illusion de vouloir changer le monde sans se changer soi-même, ou de vouloir se changer soi-même sans vouloir changer le monde [...]. »

    Christopher Pollmann. Diminuer le refoulement éducatif pour éviter le défoulement meurtrier : Après Auschwitz, reconnaître la dimension affective de notre existence et apprendre la vie relationnelle. 2019.
  • Christopher Pollmann
    14 septembre 2024

    Christopher Pollmann : "Technologie sans conscience n'est que ruine de l'âme"

    15 min
    De quel totalitarime les écrans et le numérique sont-ils le nom?

    Professeur agrégé de droit public, Christopher Pollmann est enseignant-chercheur à l’Université de Lorraine à Metz et directeur du séminaire « Accumulations et accélérations » à la Fondation Maison des sciences de l’homme de Paris.

    Dans son ouvrage Le totalitarisme informatique, il se demande si, en externalisant de nombreuses facultés et activités humaines, le numérique, les écrans comme les IA ne rendent-il pas l’être humain « superflu » ? Chacun s’est déjà énervé contre les défauts informatiques, à l’instar du site Internet des Pages blanches qui, en confondant nom et prénom, ne permet pas de trouver une personne au patronyme répandu. Mais la fascination des écrans, au « design persuasif » conçu par Brian Fogg, rend la critique inaudible. Pour y remédier, Christopher Pollmann confronte son expérience de décennies passées devant l’ordinateur aux regards croisés des sciences humaines et de la philosophie.

    Il s’appuie sur Hannah Arendt montrant que dans le totalitarisme, l’être humain est rendu « superflu ». Or, c’est précisément ce que font le GPS, la traduction automatique, la gestion d’un réseau d’amis sur Facebook, la confection de la série House of cards par calculs statistiques et d’innombrables autres exploits : ils nous dépouillent de notre subjectivité humaine. En mécanisant le langage, l’informatique transforme la société en une fourmilière commandée par des phéromones numériques.

    Sollicitant notre attention partout et à tout moment, elle exerce par ailleurs une emprise totale et ravageuse : la soumission croissante à la vitesse électrique est toujours plus incompatible avec nos besoins biologiques et psychologiques et crée une fragile monoculture humaine à l’échelle planétaire. Et les ambitions d’automatiser la vie sociale débouchent sur sa complexification algorithmique et sa paralysie bureaucratique, au sens étymologique d’un pouvoir du bureau et de l’écrit.
  • Boualem Sansal
    7 septembre 2024

    Boualem Sansal, Voltaire en Algérie

    27 min

    Boualem Sansal commence à écrire pendant la guerre civile algérienne en 1995. Il est l'un des auteurs les plus censurés du monde arabe car il s'attaque à la fois à la corruption endémique des régimes politiques et aux islamistes. Il cherche à entrer dans l'esprit de ses compatriotes, pour tenter de comprendre puis d'expliquer ce qui a mené à l'impasse politique, sociale et économique de son pays, et à la montée de l'islamisme. En 1999, il publie son premier roman, Le Serment des barbares, qui reçoit le prix du premier roman et le prix Tropiques. Sansal est connu pour ses propos critiques envers toute forme de religion, et l'islam en particulier : « La religion me paraît très dangereuse par son côté brutal, totalitaire. L'islam est devenu une loi terrifiante, qui n'édicte que des interdits, bannit le doute, et dont les zélateurs sont de plus en plus violents. Il faudrait qu'il retrouve sa spiritualité, sa force première. Il faut libérer, décoloniser, socialiser l'islam. »Marianne Payot, « Boualem Sansal : « Il faut libérer l'islam » », L'Express, 14 août 2011. Il met régulièrement en garde contre la progression de l'islamisme, particulièrement en France. À la fondation Varenne, le 13 décembre 2016, il déclare : « [Les Algériens sont] inquiets parce qu’ils constatent jour après jour, mois après mois, année après année, que la France ne sait toujours pas se déterminer par rapport à l’islamisme : est-ce du lard, est-ce du mouton, est-ce de la religion, est-ce de l’hérésie ? Nommer ces choses, elle ne sait pas, c’est un souci. Pendant ce temps, le boa constrictor islamiste a largement eu le temps de bien s’entortiller, il va tout bientôt l’étouffer pour de bon. » Il écrit : « La vérité se tient mieux dans le silence » ; ainsi que : « Dieu appartient à qui s'approprie son message. » Et, dans 2084 : la fin du monde : « La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n'est plus fort qu'elle pour faire détester l'homme et haïr l'humanité. » Sansal est très critique envers les pouvoirs : « Bouteflika est un autocrate de la pire espèce […] C'est pourtant lui que les grandes démocraties occidentales soutiennent et à leur tête la France de Sarkozy. » Il ajoute : « Je pense souvent à l'exil mais où, chez Bush, chez Sarkozy ? Remplacer un malheur par un autre n'est pas ce qu'on peut appeler une bonne décision. » Et, dans Dis-moi le paradis, il s'en prend aussi à « la bêtise souveraine » : « Vinrent les guerres, toutes les guerres, les mouvements de population, les holocaustes, les famines, les déclarations solennelles, les liesses propices aux mensonges, les longues attentes sur le qui-vive, puis les guerres reprirent, les clivages de fer, les vieilles haines ressuscitées, les exils, les exodes, et encore les mots qui blessent, les mots qui tuent, les mots qui nient. Mais toujours, inchangée dans la guerre ou la paix de l'entre-deux, marchant en tête, discourant à perte de vue, pontifiante et grossière : la bêtise souveraine. » Son livre Poste restante, Alger, une lettre ouverte à ses compatriotes, est resté censuré dans son pays. Après la sortie de ce pamphlet, il est menacé et insulté, mais il décide de rester en Algérie. Il publie Petit éloge de la mémoire, récit épique de l'aventure berbère. En 2003, Boualem Sansal est rescapé du séisme meurtrier qui a touché sa région à Boumerdès. Après avoir été porté disparu pendant un certain temps, il est retrouvé grâce à un appel lancé par la télévision algérienne. Son troisième roman, Dis-moi le paradis, publié en France en 2003, est une description de l'Algérie post-coloniale, à travers les portraits de personnages que rencontre le personnage principal, Tarik, lors de son voyage à travers ce pays. Le ton est très critique envers le pouvoir algérien, se moquant de Boumédiène, critiquant ouvertement la corruption à tous les niveaux de l'industrie et de la politique, l'incapacité à gérer le chaos qui a suivi l'indépendance, et attaquant parfois violemment les islamistes. Ce livre est l'une des raisons qui conduisent le pouvoir à limoger l'auteur de son poste au ministère algérien de l'Industrie. En 2005, s'inspirant de son histoire personnelle, il écrit Harraga (harraga signifie « brûleur de route », surnom que l'on donne à ceux qui partent d'Algérie, souvent en radeau dans des conditions dramatiques, pour tenter de passer en Espagne). Pour la première fois, les personnages principaux sont deux femmes : Lamia, médecin pédiatre qui vit dans la misère à Alger, et Cherifa qu'elle recueille alors que cette dernière est enceinte de cinq mois. Encore une fois, le ton est très critique envers le pouvoir algérien : l'argent du pétrole coule à flots, mais l'argent étant accaparé par une minorité de dirigeants, le peuple est dans la misère et les jeunes vont tenter leur chance ailleurs, pendant que ceux qui ne peuvent pas partir restent dans la misère et la peur. Son roman Le Village de l'Allemand, sorti en janvier 2008, est censuré en Algérie, car il fait le parallèle entre islamisme et nazisme. Le livre raconte l'histoire du SS Hans Schiller, qui fuit en Égypte après la défaite allemande, et se retrouve ensuite à aider l’Armée de libération algérienne, pour finalement devenir un héros de guerre et se retirer dans un petit village perdu. Le livre s'inspire d'un destin réel, découvert par la presse dans les années 1980. En mars 2008, il choisit de se rendre au Salon du livre de Paris, malgré la polémique soulevée dans le monde arabe quant au choix d'Israël comme invité d'honneur et l'appel au boycott venant des pays arabes et de certains intellectuels. Il s'en explique par la formule : « Je fais de la littérature, pas la guerre », ajoutant : « La littérature n'est pas juive, arabe ou américaine, elle raconte des histoires qui s'adressent à tout le monde. » Il publie une nouvelle fable futuriste et prophétique, Le Train d'Erlingen ou La Métamorphose de Dieu chez Gallimard, réflexion sur les crises migratoires et la montée en puissance de l'islamisme en Europe. Il déclare : Oui, l'Europe a peur de l'islamisme, elle est prête à tout lui céder. […] La réalité en boucle n'a pas d'effet sur les gens, en apparence du moins. On l'a vu en Algérie durant la décennie noire : les gens qui, au début, s'émouvaient pour une victime du terrorisme ont fini après quelques mois de carnage par ne ressentir d'émotion que lorsque le nombre des victimes par jour dépassait la centaine, et encore devaient-elles avoir été tuées d'une manière particulièrement horrible. Terrible résultat : plus les islamistes gagnaient de terrain et redoublaient de cruauté, moins les gens réagissaient. L'info tue l'info, l'habitude est un sédatif puissant et la terreur, un paralysant violent. » Boualem Sansal habite près d'Alger, dans la ville de Boumerdès.

  • Bernard Lahire
    6 juillet 2024

    Bernard Lahire, Les structures fondamentales des sociétés humaines (2/2)

    19 min
    Cette émission a pu voir le jour grâce à nos partenaire Loïc Millot, programmateur du Forum-IRTS de Lorraine, site de Metz - Ban-Saint-Martin. https://www.irts-lorraine.fr/animation-regionale/forum/

    Bernard Lahire, né le 9 novembre 1963, est un sociologue français. Il est directeur de recherche CNRS au Centre Max-Weber de l'École normale supérieure de Lyon. Il s'était orienté initialement vers l'électronique et envisageait une carrière de contrôleur aérien. En 1990, il soutient sa thèse en sociologie sur l'échec scolaire à l'école primaire. Intitulée Formes sociales scripturales et formes sociales orales : une analyse sociologique de l'échec scolaire, elle a été rédigée sous la direction de Guy Vincent. De 1992 à 1994, il est maître de conférences en sociologie. De 1994 à 2000, il est professeur de sociologie à l'université Lumière Lyon 2 et de 1995 à 2000, il est membre junior de l'Institut universitaire de France.

    Il est professeur de sociologie à l'École normale supérieure de Lyon depuis 2000, a été le directeur du Groupe de recherche sur la socialisation de 2003 à 2010, avant de devenir directeur-adjoint du Centre Max-Weber, de 2011 à 2018. Entre 2016 et 2020, il devient membre senior de l'Institut universitaire de France, puis entre au CNRS comme Directeur de recherche à partir de septembre 2020. Il dirige la collection « Laboratoire des sciences sociales » aux Éditions La Découverte depuis 2002. En 2020, il crée une seconde collection « Sciences sociales du vivant » aux Éditions La Découverte.

    Dans son maître-livre Les structures fondamentales des sociétés humaines il se propose de répondre aux questions suivantes: Et si les sociétés humaines étaient structurées par quelques grandes propriétés de l'espèce et gouvernées par des lois générales ? Et si leurs trajectoires historiques pouvaient mieux se comprendre en les réinscrivant dans une longue histoire évolutive ?

    En comparant les sociétés humaines à d'autres sociétés animales et en dégageant les propriétés centrales de l'espèce, parmi lesquelles figurent en bonne place la longue et totale dépendance de l'enfant humain à l'égard des adultes et la partition sexuée, ce sont quelques grandes énigmes anthropologiques qui se résolvent. Pourquoi les sociétés humaines, à la différence des sociétés animales non humaines, ont-elles une histoire et une capacité d'accumulation culturelle ? Pourquoi la division du travail, les faits de domination, et notamment ceux de domination masculine, ou les phénomènes magico-religieux se manifestent-ils dans toutes les sociétés humaines connues ? Pourquoi l'ethnocentrisme est-il si universel et pourquoi des conflits opposent-ils régulièrement des groupes qui s'excluent mutuellement ? C'est à ces questions cruciales que cherche à répondre Bernard Lahire en formulant, pour les sciences sociales, un paradigme unificateur fondé sur une synthèse des connaissances essentielles relatives à la vie sociale humaine et non humaine accumulées dans des domaines du savoir aussi différents que la biologie évolutive, l'éthologie et l'écologie comportementale, la paléoanthropologie, la préhistoire, l'anthropologie, l'histoire et la sociologie.

    Le pari de ce livre est que seul cet effort d'intégration permet de comprendre la trajectoire des sociétés humaines par-delà leur diversité et d'augmenter la maîtrise qu'elles peuvent avoir de leur destin incertain.
  • Bernard Lahire
    29 juin 2024

    Bernard Lahire, Les structures fondamentales des sociétés humaines (1/2)

    19 min
    Cette émission a pu voir le jour grâce à nos partenaire Loïc Millot, programmateur du Forum-IRTS de Lorraine, site de Metz - Ban-Saint-Martin. https://www.irts-lorraine.fr/animation-regionale/forum/

    Bernard Lahire, né le 9 novembre 1963, est un sociologue français. Il est directeur de recherche CNRS au Centre Max-Weber de l'École normale supérieure de Lyon. Il s'était orienté initialement vers l'électronique et envisageait une carrière de contrôleur aérien. En 1990, il soutient sa thèse en sociologie sur l'échec scolaire à l'école primaire. Intitulée Formes sociales scripturales et formes sociales orales : une analyse sociologique de l'échec scolaire, elle a été rédigée sous la direction de Guy Vincent. De 1992 à 1994, il est maître de conférences en sociologie. De 1994 à 2000, il est professeur de sociologie à l'université Lumière Lyon 2 et de 1995 à 2000, il est membre junior de l'Institut universitaire de France.

    Il est professeur de sociologie à l'École normale supérieure de Lyon depuis 2000, a été le directeur du Groupe de recherche sur la socialisation de 2003 à 2010, avant de devenir directeur-adjoint du Centre Max-Weber, de 2011 à 2018. Entre 2016 et 2020, il devient membre senior de l'Institut universitaire de France, puis entre au CNRS comme Directeur de recherche à partir de septembre 2020. Il dirige la collection « Laboratoire des sciences sociales » aux Éditions La Découverte depuis 2002. En 2020, il crée une seconde collection « Sciences sociales du vivant » aux Éditions La Découverte.

    Dans son maître-livre Les structures fondamentales des sociétés humaines il se propose de répondre aux questions suivantes: Et si les sociétés humaines étaient structurées par quelques grandes propriétés de l'espèce et gouvernées par des lois générales ? Et si leurs trajectoires historiques pouvaient mieux se comprendre en les réinscrivant dans une longue histoire évolutive ?

    En comparant les sociétés humaines à d'autres sociétés animales et en dégageant les propriétés centrales de l'espèce, parmi lesquelles figurent en bonne place la longue et totale dépendance de l'enfant humain à l'égard des adultes et la partition sexuée, ce sont quelques grandes énigmes anthropologiques qui se résolvent. Pourquoi les sociétés humaines, à la différence des sociétés animales non humaines, ont-elles une histoire et une capacité d'accumulation culturelle ? Pourquoi la division du travail, les faits de domination, et notamment ceux de domination masculine, ou les phénomènes magico-religieux se manifestent-ils dans toutes les sociétés humaines connues ? Pourquoi l'ethnocentrisme est-il si universel et pourquoi des conflits opposent-ils régulièrement des groupes qui s'excluent mutuellement ? C'est à ces questions cruciales que cherche à répondre Bernard Lahire en formulant, pour les sciences sociales, un paradigme unificateur fondé sur une synthèse des connaissances essentielles relatives à la vie sociale humaine et non humaine accumulées dans des domaines du savoir aussi différents que la biologie évolutive, l'éthologie et l'écologie comportementale, la paléoanthropologie, la préhistoire, l'anthropologie, l'histoire et la sociologie.

    Le pari de ce livre est que seul cet effort d'intégration permet de comprendre la trajectoire des sociétés humaines par-delà leur diversité et d'augmenter la maîtrise qu'elles peuvent avoir de leur destin incertain.
  • Yann Porte et Camille de Toledo
    22 juin 2024

    Dibbouk et Marrane ou l'écriture d'un vertige transgénérationnel (2/2)

    19 min
    Camille de Toledo est écrivain, docteur en littérature comparée, et enseigne la création littéraire à l'Ecole nationale supérieure des arts visuels de La Cambre à Bruxelles) et à l'université d'Aix-Marseille. Il est lauréat de la Villa Medicis (2004) et de la Fondation Jan Michalski pour l'écriture et la littérature (2019). En 2008, il fonde la Société européenne des auteurs pour promouvoir " la traduction comme langue ". Il écrit également pour l'opéra, La Chute de Fukuyama (2013) et pour le théâtre, Sur une île sur la tragédie d'Utøya. En 2020, son livre Thésée, sa vie nouvelle est dans la dernière sélection du Prix Goncourt. Ses derniers ouvrages sont à ce jour: Le Fleuve qui voulait écrire (Les Liens qui Libèrent/Manuella éditions, 2021) et Histoire du vertige.

    Ecrire les mystères de son inquiétude d'être au monde dans sa propre langue comme dans une langue étrangère est l'effet que l'on ressent à la lecture d'Histoire du vertige. Le temps de ses livres que ce soit Thésée, sa vie nouvelle ou même d'Histoire du vertige est traversé par l'errance transgénérationnelle car Camille écrit une littérature de Dibbouk, ces revenants qui demandent réparation aux vivants au point de les posséder et dont est hantée toute la culture juive pour des raisons évidentes: l'errance, le déracinement, les persécutions, l'étrangeté d'être au monde, l'inquiétude qui rend subtile, la diaspora, l'extermination.

    Mais si Camille écrit le mal des fantômes, il est aussi un marrane, un juif qui s'est oublié puis s'est ressouvenu de son attachement à cette identité ensevelie, niée et déniée par les affres de la généalogie et de l'Histoire avec sa grande hache. D'où suis-je? Et qui suis-je? entend-on sourdement murmurer à chacune des pages de ses livres. Y aura-t-il un juste pour sauver ce monde? Et mériterons-nous alors que ce juste se penche sur notre destin pour en retisser la trame déchirée et faire des cicatrices qui ourlent nos corps des portes qui nous obligeront à rouvrir les failles du temps pour réparer les crimes et les douleurs insus qui font de nous des morts-vivants? C'est bien ce qui nous manque qui nous hante et fait de nous des robots, des automates, des marionnettes, des golems sans causes ni peuple à défendre.

    Il faut quatre générations pour sortir d'un secret de famille: la première le commet, le noue et l'enterre, la deuxième le protège, la troisième l'oublie et la quatrième l'exhume" car il n'a plus d'autres choix, pour ne pas en mourir dans sa vie même car le temps est alors scellé.
    La violence de l'Histoire fonde nos identités malheureuses: comment nous pacifier alors et nous réunifier au vivant? Par la lutte écologique et sociale? Mais pour que la Nature soit vivante en nous, ne faut-il pas que notre âme soit pacifiée et que même les fleuves veuillent écrire à moins que ce soit nous qui devenions la nature qui se défend.
  • Pascal Blanchard
    15 juin 2024

    Pascal Blanchard: "Français, encore un effort pour décoloniser vos consciences"

    19 min
    Pascal Blanchard a réalisé plusieurs expositions sur le thème de la colonisation et de l'immigration, dont Images d'empire (1996), L'appel à l'empire (1997) et Images et Colonies (1993). Ainsi que l'exposition Zoos humains à l'AfricaMuseum (Bruxelles, Belgique). En 2012, il a été le co-commissaire d'exposition avec Nanette Snoep et Lilian Thuram de Exhibitions. L'invention du sauvagen au Musée du quai Branly, prix de la meilleure exposition 2012 aux Globes de cristal Art et Culture.

    En 2014-2015, il a réalisé trois expositions itinérantes en lien avec les commémorations du Centenaire de la Grande Guerre (1914-1918) et du 70e anniversaire de la Libération de la France (1943-1945), sous le titre Ensemble. Présences maghrébines et orientales dans l'armée française et Présences des Afriques, des Caraïbes et de l'océan Indien dans l'armée française et Ensemble. Près de trois siècles de présences asiatiques et du Pacifique dans l'armée française.

    En 2016, il a réalisé l'exposition Champions de France suivie, en 2017, de l'exposition Artistes & Diversités en France. En 2021, il conçoit et anime l'exposition Histoire, Sport et Citoyenneté sur le thème des Jeux olympiques « Des Jeux olympiques d'Athènes 1896 aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 » pour la CASDEN Banque populaire.

    Il a été aussi en 2021 co-commissaire de l'exposition au musée de l'Homme Portraits de France.
  • Valérie Zenatti
    8 juin 2024

    Valérie Zenatti, La traduction de la Lumière d'Aharon Appelfeld comme expérience initiatique

    19 min

    Merci à Pascal Didier et à son association Des mots et débats pour avoir organisé cette rencontre. Merci à eux de faire rayonner la Culture à Thionville et dans la vallée de la Fensch! Pour Valérie Zenatti qui est à la fois une autrice de roman et de nouvelles majeures et une traductrice très subtile de l'oeuvre d'Aharon Appelfeld de l'hébreu vers le français, traduire c'est se mettre au service d'une expérience qui vous élève et vous transforme dans les profondeurs de votre être. C'est l'expérience qu'a faite Valérie Zenatti en traduisant quatorze livres d'Aharon Appelfeld, depuis 2004, avec qui elle était liée d'une amitié profonde.

    De ma rencontre avec elle, je retiens son amour pour les chansons de Leonard Cohen et pour l'homme si touchant et si spirituel qu'il était. Traduire c'est donc traverser l'incommunicable, c'est faire l'expérience de l'altérité, du Tout Autre et se rendre compte que lorsque l'Amour circule nous pouvons accomplir la traversée vers l'Autre sans qu'il n'y ait dans nos différences rien d'irréversible et d'inconsolable. Et écrire c'est en core traduire car le style, c'est notre part d'intraduisible qui va à la rencontre du monde. Kafka disait qu'il écrivait dans une langue étrangère dans sa propre langue. C'est cet effet d'étrangeté qui nous permet d'affirmer que notre nécessaire singularité peut dialoguer avec le reste du monde et à jamais rester dans le faisceau des vivants.

    De retour dʹIsraël après lʹenterrement de lʹécrivain, en janvier 2018, Valérie Zenatti se plonge dans ses notes, dans les interviews de lʹauteur et les messages reçus de lui pour continuer à entendre sa voix. Elle se rend à Czernowitz où est né Appelfeld - aujourdʹhui en Ukraine, alors en Roumanie - pour ancrer dans un lieu réel cette "géographie si intime et précieuse" quʹil lui a transmise. Cʹest ainsi quʹelle peut "tisser son âme dans le faisceau des vivants". Trois figures et non deux sont au centre de son livre Dans le faisceau des vivants : Aharon Appelfeld, Valérie Zenatti et leur amitié, elle aussi personnage d’un roman sous le signe de la rencontre qui n’est pas seulement celle d’un immense écrivain et de sa traductrice, c’est celle d’un homme et d’une femme qui vont partager récits, langues et silences, c’est une évidence, une amitié unique, de celles, rares, qui dépassent les catégories et que seule l'écriture comme exercice spirituel vivant est à même de saisir.

    Aharon Appelfeld l’écrivait dans Adam et Thomas, et la citation est en exergue du livre : « Quand on rencontre quelqu’un, c’est signe que l’on devait croiser son chemin, c’est signe que l’on va recevoir de lui quelque chose qui nous manquait. Il ne faut pas ignorer ces rencontres. Dans chacune d’elles est contenu la promesse d’une découverte ». Cette présence est le cœur battant du livre. Son titre, rappel d’une prière juive, "Et que son âme soit tissée dans le faisceau des vivants", est son art poétique : tisser ses propres mots à ceux d’Appelfeld, le célébrer, non sous la forme d’un hommage compassé mais dans la vibration, « le faisceau » de souvenirs à jamais présents, de phrases qui demeureront des phares. Jamais Aharon l’homme et ami, jamais Appelfeld, l’écrivain, ne disparaîtront, ils sont dans le présent absolu des livres et des vivants. "Ce qui m'unit à Aharon Appelfeld, c'est ce que j'entends quand je le traduis.

    La force de l’œuvre d’Aharon Appelfeld est d’être à la fois, dans une réalité accessible à tous, parce qu’il n’a pas besoin de dire pour qu’on comprenne, mais aussi de résonner dans une dimension historique et intemporelle. Pour Aharon Appelfeld, après la seconde guerre mondiale et le régime nazi, il n’y a pas eu l’examen de conscience nécessaire, à savoir la réflexion de chaque être humain sur la façon de vivre après de telles ténèbres. Valérie Zenatti a traduit de nombreux livres dʹAharon Appelfeld, elle est aussi scénariste et écrivain. "Jacob, Jacob", son roman paru en 2014 a reçu le Prix du Livre Inter.

  • Jacek Zapasnik et Raymond Schuppert
    1 juin 2024

    L’Ecole Gnostique de la Rose Croix d’or de la rue Woirhaye à Metz

    20 min
    Avec Jacek Zapasnik et Raymond Schuppert

    La Rose-Croix d’Or est un mouvement spirituel dont la source est le christianisme gnostique des origines. Elle se rattache à cette tradition pour laquelle chaque être humain peut accéder à une connaissance universelle présente au plus profond de lui-même dont il est habituellement coupé par la marche du monde ordinaire.

    Le chemin qu’elle propose s’adresse à celles et ceux qui aspirent intérieurement à donner une orientation spirituelle à leur vie. Ses valeurs fondamentales sont la liberté et l’autonomie de la conscience. Les membres sont des femmes et des hommes de tout âge, de toute catégorie sociale et de toute origine culturelle. La Rose-Croix d’Or aspire à incarner et à déployer une voie de Connaissance, de sagesse et de transformation, au service de tous les êtres et de l’ensemble du vivant. Cette aspiration élevée invite à découvrir la dimension spirituelle de l’homme, à s’y relier et à réaliser le processus de transfiguration.

    Fondée en 1924, aux Pays-Bas, par les ésotéristes Jan van Rijckenborgh et Catharose de Petri, sous le nom de Lectorium Rosicrucianum, elle s'inscrit dans la lignée spirituelle des Ecoles des Mystères. Active dans le monde entier, elle est présente en France depuis 1957. Sa vocation est de transmettre à l'humanité le riche patrimoine gnostique du passé, et d'enseigner le chemin actuel de la transfiguration, la philosophie gnostique de la transformation de l'âme.
  • Irène Pereira
    25 mai 2024

    Irène Pereira, L’héritage de Paulo Freire ou la pédagogie des opprimés

    19 min

    Merci à Loic Millot, le programmateur de l'IRTS Lorraine d'avoir organisé cette rencontre. Certifiée en philosophie et habilitée à diriger des recherches (HDR) en sociologie, Irène Pereira est Professeure des Universités à l'Université de Rouen Normandie, chercheuse au laboratoire CIRNEF. Elle est co-fondatrice de l'IRESMO et auteure de plusieurs ouvrages sur le militantisme, la sociologie du travail, la philosophie de l'éducation ou encore l'éthique professionnelle. Irène Pereira est spécialiste des pédagogies critiques dans la lignée de Paulo Freire. Elle a ainsi écrit et coordonné plusieurs ouvrages sur : Paulo Freire pédagogues des opprimés (2017), Philosophie critique en éducation (2018), L'anthologie internationale de pédagogie critique (2019)... Elle est co-fondatrice de l'Institut bell hooks/Paulo Freire. Elle est co-fondatrice des Cahiers de pédagogies radicales et initiatrice du réseau Les pédagogies radicales. Elle est représentante pour la France au Conseil mondial des instituts Paulo Freire. Elle a conçu et réalisé plusieurs formations sur les pédagogies critiques, entre autres sur support numérique, dont le site internet Pédagogie anti-discrimination. « Il est à la mode actuellement en France de parler des pédagogies alternatives dans la continuité de l’éducation nouvelle qui, au début du XXe siècle, entendait remettre les besoins de l’enfant au cœur du système, et favoriser une posture plus active des élèves. Les auteurs historiques souvent cités sont Steiner, Freinet, Montessori…

     

    Dans un récent article, Sylvain Wagnon a essayé de clarifier cette galaxie, en distinguant notamment deux pôles d’attraction : « Les idéaux de mixité sociale et de transformation de l’éducation restent des points d’ancrage forts dans la mouvance Freinet et Decroly alors que les courants Steiner et Montessori mobilisent avant tout le développement de la personnalité. » Aujourd’hui en France, le pôle « mixité sociale et transformation » est incarné par les pédagogies Freinet. C’est à cette mouvance que l’on rattache aussi en général le pédagogue brésilien Paulo Freire. Or, s’il existe « des liens pédagogiques, notamment sur les valeurs » entre les deux penseurs, aucun lien n’existe entre les deux penseurs sur les plans historique et géographique, comme l’explique Sylvain Connac dans un entretien au Café pédagogique. Le travail de Paulo Freire a inspiré un ensemble de pédagogies à travers le monde, que l’on appelle généralement les « pédagogies critiques ». Parmi celles-ci on peut citer : la pédagogie critique féministe, la pédagogie anti-raciste et décoloniale, la pédagogie critique de la norme, la pédagogie queer, la pédagogie anti-oppressive, la pédagogie intersectionnelle, l’écopédagogie…

     

    S’il est peu connu en France, Paulo Freire est pourtant l’un des auteurs les plus cités au monde dans le domaine des sciences humaines et sociales, et son œuvre est étudiée dans les plus prestigieuses universités de la planète, en particulier anglo-saxonnes. Une enjeu de transformation sociale Paulo Freire (1921-1997) a été parfois en Europe associé à l’éducation nouvelle. Pourtant, il s’en est clairement distancié. Ainsi écrivait-il par exemple dans un ouvrage d’entretien, en 1987 : « Il n’y a pas de doute que le mouvement de l’éducation nouvelle, et le mouvement progressiste, ou celui de l’école moderne, ont donné de bonnes contributions pour ce processus d’éducation, mais la critique de l’éducation nouvelle en est restée, en général, au niveau de l’école et ne s’est pas étendue à l’ensemble de la société. La marque d’un engagement sérieux, dans l’éducation libératrice, est pour moi, une critique qui dépasse les murs de l’école. Il ne suffit pas en dernière analyse de critiquer les écoles traditionnelles, ce que nous devons critiquer, c’est le système capitaliste qui a produit ces écoles. » Cette phrase permet de comprendre ce qui différencie très nettement la visée de Paulo Freire de celle des pédagogies alternatives.

     

    Ce dernier ne vise pas avant tout à transformer les méthodes pédagogiques, mais à transformer la société à travers la pédagogie. En particulier, il s’est illustré dans les dernières années de sa vie par une critique d’un enseignement techniciste au service des impératifs du marché économique néolibéral. Par conséquent, ce que les continuatrices et les continuateurs de Paulo Freire ont retenu, c’est en premier lieu la finalité qu’il assigne à l’éducation et à la pédagogie. L’éducation vise à développer la conscience sociale des inégalités sociales, des discriminations ou encore des dangers écologiques. Ce processus est appelé « conscientisation ». Passé dans la langue française, ce terme provient à l’origine de l’œuvre de Freire. Mais cette notion a chez lui à l’origine un sens très précis : celui d’un processus par lequel les opprimés prennent conscience de leur situation sociale d’oppression pour la transformer. C’est la signification du titre de son ouvrage le plus célèbre : Pédagogie des opprimés, rédigé en 1968. Traduit dans plus d’une vingtaine de langues, il n’est plus à l’heure actuelle disponible en français. L’éthique avant la technique Mais la pédagogie de Paulo Freire ne se caractérise pas uniquement par sa finalité, même si celle-ci est un point remarquable de sa pédagogie et qui suffirait à pouvoir déjà l’identifier, tant la notion de « conscientisation » est emblématique de cet auteur. Elle met en avant l’agir éthique avant l’agir technique. C’est le sens de son dernier ouvrage publié de son vivant : Pédagogie de l’autonomie (Ères, 2013). Il doit en partie sa célébrité à une méthode d’alphabétisation des adultes qu’il a élaborée dans les années 1950 et expérimentée par la suite dans plusieurs pays du monde. Néanmoins, au-delà de ce domaine précis, son œuvre a trouvé un écho dans tous les champs de l’éducation, de la maternelle à l’université, en passant par l’éducation populaire. Ce ne sont pas une méthode et ses techniques qui la caractérisent, mais un certain nombre de principes qui caractérisent « l’agir éthique » pédagogique et norment « l’agir technique » didactique.

    • Le premier consiste dans le fait de considérer que nul n’est totalement savant, ni totalement ignorant. Cela conduit en particulier les enseignantes et les enseignants s’inspirant de l’approche freirienne à prendre en compte les savoirs sociaux que possèdent les apprenantes et apprenantes sur leur propre oppression.

     

    • Le deuxième principe consiste à considérer que le processus d’émancipation éducatif fait dialoguer différents types de savoirs. Il s’agit d’un côté des savoirs tirés de l’expérience des apprenants – savoirs sociaux et culturels – et, de l’autre, des savoirs scientifiques théoriques des enseignants.

    • Le troisième principe consiste à refuser tout processus éducatif qui conduise à réifier l’être humain. L’éducation ne consiste ni à dresser un animal, ni à programmer une machine. L’éducation est un processus qui consiste à favoriser l’émergence du sujet comme personne morale.

    • Enfin, l’éducation est un processus qui vise l’augmentation de la conscience sociale critique afin de développer la capacité des sujets – qu’ils soient socialement opprimés ou socialement privilégiés – à s’engager pour transformer la société vers plus de justice sociale et environnementale. Les pédagogies critiques ont commencé à se développer dans les aires linguistiques anglaise, espagnole et portugaise à partir des années 1980. Elles ont trouvé en particulier un champ spécifique d’expansion dans les « éducations à » : éducation à la citoyenneté, à l’égalité, à l’écologie, aux médias, à la sexualité… Mais elles trouvent des applications également dans les disciplines scolaires plus traditionnelles en s’intéressant aux usages sociaux des mathématiques et des sciences ou encore au développement de la littératie critique. Il apparaît ainsi très étonnant que l’aire francophone soit restée en dehors de ce mouvement pédagogique international. » Connaissez-vous les pédagogies critiques ? (theconversation.com)

  • Georges Jérôme
    18 mai 2024

    Georges Jérôme, Metz sous Hitler

    18 min
    Georges Jérôme est un guide et un conférencier spécialisé sur les pratiques de la police allemande en Moselle pendant l’Annexion nazie (1940-1944). Depuis 2013, il anime des conférences où il aborde ce qu’il nomme « l’ordre imposé par une machine infernale, fanatique ».

    Georges Jérôme n’était pas prédestiné à devenir guide-conférencier, écrivain et spécialiste du décryptage de la police allemande SS. Ancien cadre de banque, il a parfois donné des cours à l’Université de Lorraine pour développer des systèmes de ventes. Rien à voir avec son ancienneté au sein de l’association Ascomémo (Association de conservation de la mémoire de la Moselle durant les deux Annexions), le musée de la guerre à Hagondange, dont il est membre depuis plus de 25 ans et guide-conférencier depuis 2013. http://ascomemo.chez.com/

    Enfant, il se passionnait les grandes batailles de l'Histoire. Puis, il s'est intéressé aux milices et aux bataillons de la police allemande nazie en Moselle. Du fait de sa familiarité avec l'abondant fond d'archives du musée ASCOMEMO de la guerre 39-45 de Hagondange, il lui était facile de s’imprégner de l’organisation dont faisait preuve les sevices SS. Autour de lui, des membres de sa famille, des amis et des témoins oculaires des actions de ces forces de police l’ont conforté dans ses recherches.

    « Outre ses conférences données sur les organes de répression allemande en Moselle annexée, et plus particulièrement sur la police allemande dans la vallée de la Fensch, il a aussi parlé du rôle de la police allemande dans les expulsions de 1940, de Metz dans les années noires de 1940 à 1944, et il a terminé un ouvrage en 2018 sur les maires de Metz pendant l’annexion. Par ailleurs, il a contribué à la parution d’articles dans des revues de guerres et magazines sur la période de 1939-1940 comme 39-45 magazine.

    https://www.facebook.com/georges.jerome
  • Renaud Evrard
    11 mai 2024

    Renaud Evrard : "On m'a parfois comparé à un arbre", une éco-biographie de Jean-Marie Pelt

    19 min

    Renaud Evrard est psychologue clinicien, maître de conférences habilité à diriger des recherches en psychologie à l’Université de Lorraine (Nancy). Il est membre du laboratoire Interpsy. Il dirige le Master Psychologie clinique, psychopathologie et psychologie de la santé de l’Université de Lorraine, ainsi que le parcours-type Modèles psychodynamiques, démarches diagnostiques et thérapeutiques. Il a co-fondé en 2009 le Centre d’information, de recherche et de consultation sur les expériences exceptionnelles (CIRCEE). Ses recherches portent principalement sur la clinique différentielle des expériences exceptionnelles et l’anthropologie clinique des dispositifs non-conventionnels en santé mentale. Il s’intéresse également à l’histoire de la psychologie hétérodoxe.

    Il intervient avec une rigueur scientifique et rationnelle pour expliquer les phénomènes paranormaux. Ces conférences abordent ainsi les thèmes d’expérience de mort imminente, de hantise et de la folie à l’aune des dernières découvertes en psychologie et psychopathologie. Le conférencier Renaud Evrard a suivi une formation en psychopathologie et psychologie clinique au sein des universités de Strasbourg, de Montréal et de Rouen. Après avoir obtenu un Master Professionnel en 2007, il obtient un second Master en Recherche en 2008. A la suite de ces deux Masters, il débuta une thèse en psychologie clinique sous la direction du Pr. Pascal Le Maléfan (Université de Rouen). Dès sa deuxième année de thèse, il travaille à temps plein en tant que psychologue clinicien dans un service psychiatrique pour adultes, en intra et en extra-hospitalier à Thionville. Il s’intéresse tout particulièrement aux personnes qui disent vivre des expériences exceptionnelles ou paranormales.

    Dans le cadre de sa thèse, Renaud Evrard a co-fondé un service de consultation spécialisé et gratuit en s’inspirant du dispositif dans lequel il a travaillé au sein de l’Institut pour les zones frontières de la psychologie et l’hygiène mentale (IGPP) en Allemagne. Ce service est devenu en 2009 le Centre d’information, de recherche et de consultation sur les expériences exceptionnelles (CIRCEE). En 2015, le psychologue conférencier Renaud Evrard a été recruté par l’Université de Lorraine en tant que maître de conférences. Il est d’ailleurs qualifié comme Professeur depuis 2018 et encadre des recherches sur la psychologie clinique, la psychopathologie et les expériences exceptionnelles. Par ailleurs, il a aussi pris la direction de l’axe « Psychopathologie clinique et projective » du laboratoire InterPsy en 2017.

    Les projets de recherches du psychologue Renaud Evrard portent sur les dispositifs alternatifs en santé mentale, le diagnostic et l’accompagnement clinique des expériences réputées psychotiques dans la population générale, et l’arrière-plan historique des champs d’intérêt. Il a notamment publié de nombreux articles à ce sujet dont sa thèse sous le titre Folie et paranormal (PUR, 2014). Les conférences de Renaud Evrard s’adressent à tous celles et ceux qui s’intéressent de près ou de loin aux phénomènes paranormaux. Abordant ces thématiques avec rigueur, elles ont pour but de questionner et d’ouvrir des pistes de réflexion sur des aspects encore méconnus et parfois injustement dénigrés. Enfin, Renaud Evrard est l’auteur de trois ouvrages: “La légende de l’esprit. Enquête sur 150 ans de parapsychologie” aux éditions Trajectoire (2016), “Folie et Paranormal. Vers une clinique des expériences exceptionnelles” (Presses universitaires de Rennes, 2014) et “Pierre Curie et les sciences psychiques” (Blurb, 2014). Renaud Evrard est aussi investi bénévolement dans différentes sociétés scientifiques en lien avec la psychologie et la parapsychologie, les Expériences de mort imminente et la clinique du paranormal. Ce qu'en dit la Science. Il nous fait ainsi passer du sens de la mort au sens de la vie...

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