Lettre à mon jardin

Tous les lecteurs assidus des aventures d’Asterix le gaulois savent que la forêt c’est aussi un espace sacré, un sanctuaire, un lieu de rassemblement, de culte et d’enseignement, la réunion annelle des druides, les prêtres philosophes, les intellectuels chamanes des peuples celtes, dans la forêt du
peuple des carnutes.

Un nouveau style est lancé, il va accompagner le grand mouvement du romantisme, ce style néo-gothique, que l’on qualifiera plutôt de «  troubadour » en France, essaime dans tout le paysage, avec ses églises, ses châteaux, ses chapelles et la redécouverte des jardins médievaux et ceux de style « Tudor » dont nous avons parlé. Rendez-vous à Oxford et promenez-vous, les batiments des universités sont dans un curieux mélange.

Autant le dire tout de suite, Fontainebleau, le château, les communs, les cours, les jardins, le parc et la forêt c’est une des plus belle réalisation de ce que fut "l’esprit français", ce que l’on nommait autrefois la "civilisation française", une élégance sans pédanterie, une rigueur de conception tempérée d’une réalisation souple et gracieuse.

Tout est dit, il est là le secret de la campagne anglaise. Le paysage comme un jardin et le jardin comme un paysage, par l’action de tous, enfin de tous, disons de la « gentry » de ceux que nous retrouverons plus tard dans les romans de Jane Austen. Rompre avec les formes géométriques, elles n’ont pas de racine, pas d’Histoire, retrouver la verité des horizons tels que le temps et la nature les ont façonnés, avec leurs couleurs, leurs formes, leurs souvenirs, témoins de la grande ou la petite Histoire, la terre, les morts, comme le dit Alfred de Vigny : "Là où les morts sont passés."

"L’honnête homme" anglais aime la vie au grand air, il aime ses chiens, ses chevaux, son manoir et son jardin, dont il reste un nombre important ; ces « Country-houses » du XVIe et XVIIe et leurs jardins témoignent de la coexistence de plusieurs styles.

La Règle parle de la dimension spirituelle du jardin, se nourrir est un acte nécéssaire, mais que l’on peut concevoir aussi comme un acte de prière ; ce jardin monastique est, dès le début, un lieu chargé de symboles, que les moines souvent réinterprétés de l’antiquité, mais qu’ils ont forgés également à partir de la Parole, du livre sacré et de ses commentaires, notamment de ceux des pères du désert, les premiers moines, ceux du désert d’Egypte.

Imaginez un peu, d’abord il y a le Vesuve 1277m et s’étageant doucement les pentes couvertes de genets qui font comme un manteau doré à la floraison, puis semées de vignes, d’oliviers, la plaine et l’immense baie, à votre gauche au sud donc la presqu’ile de Sorrente, à votre droite au nord, le cap Misène, et tout au bout de ce formidable panorama, de cette vue d’anthologie, les îles Ischia et Capri.

Pourtant l’art militaire, son honneur et ses dangers ont toujours attiré, Madame de Sévigné écrivit ceci le 10 aout 1677 durant la guerre de Hollande : "La nouvelle du siège de Charleroi a fait courir tous les jeunes gens, même les boiteux."

On l’imagine paisible et bonhomme, tranquille à baigner des quais où se prélassent de luxueuses villas, où fleurissent les institutions les plus convenables et les banques les plus prospères ; on l’imagine propre et ponctué d’innombrables géraniums rouges et roses qui font écrin aux grands hotels et aux délicieuses promenades de ses rives. Lui, c’est le lac Léman et son nom même devrait nous conduire à nous méfier, nous méfier des apparences, ces apparences qui font que l’habit ne fait pas forcément le moine.

Elles ne sentent pas grand-chose, elles sont de toutes les couleurs, elles ont des milliers de variétés et partagent avec les roses la prétention d’être la passion, souvent exclusive, de nombreux amoureux des jardins. Elles, se sont les tulipes !

La curiosité c’est aussi le verger et, c’est le cas de le dire, taillé au cordeau, en palmette en U ou en éventail, le verger est situé dans l’ancien enclos des chartreux, la pépinière, il conserve des variétés anciennes de pommes et poires, de coings, de nèfles et autres abricots, prunes et figues. Certaines variétés étaient déjà au catalogue des moines chartreux, les traitements sont réduits au minimum et chaque gros fruit est ensaché et l’ensemble fait comme des boules de Noël sur un arbre.

La Venetie deviendra une zone agricole de référence , une des plus riches d’Europe et Venise devient un grand port exportateur de produits alimentaires et agricoles . Et Comme à l’époque romaine , c’est un domaine qui se met en place , batiments d’exploitation et maison de plaisance , et c’est là que entre en scène le génial architecte Andrea Palladio

Nos curés de campagne étaient dans "l’imitation de Saint François" et il importait de nouer des liens d’amitié avec le monde végétal et le monde animal, parce que leur petit jardin, leur modeste potager, les fleurs qui y poussaient et qui allaient embellir la vieille église, l’autel et les statues de l’humble piété populaire, la Sainte Vierge, l’enfant Jésus, tout ce travail fait de patience et d’amour, c’était pour la plus grande gloire de Dieu.

J'étais ...... J'étais ..... un jardin.... le ciel couleur de pêche rose au couchant.... Une voix enfantine, aigüe, qui répond aux cris des hirondelles ......." Son mari le disait à ses proches : "Il se dégage de Colette quelque chose d'agreste et de sain, une sorte de nymphe des champs, une divinité de la Terre."

Un fonctionnaire lettré , bonapartiste et bourguignon , un ami d’Alphonse Daudet qui écrivit pour la nouvelle « Le sous-préfet aux champs » , passait l’hiver dans sa villa joliment nommée « Les violettes » près de Cannes . Après 1870 , à la chute de l’empire , Stephen Liégeard démissionna et partagea sa vie entre sa Bourgogne et la cote méditerranéenne , ou il mourra à 95 ans après avoir inventé un terme qui deviendra célèbre « Cote d’Azur » .

Une folie, c’est une résidence, une maison, une extravagance qui pousse son concepteur à dépenser beaucoup plus que ce qu’il faudrait ; enfin c’est ce que pensent les gens raisonnables, ce n’est pas ce que pensait le polémiste et néanmoins poète Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort

Autant le dire tout de suite, Fontainebleau, le château, les communs, les cours, les jardins, le parc et la foret c’est une des plus belle réalisation de ce que fut "l’esprit français", ce que l’on nommait autrefois la "civilisation française", une élégance sans pédanterie, une rigueur de conception tempérée d’une réalisation souple et gracieuse.