Quel héritage laisse le pape François ?
Le pape François est mort à l'âge de 88 ans après avoir été souverain pontife pendant 12 ans. Engagé auprès des pauvres et des marginalisés, appelant les fidèles à s'engager dans les "périphéries' et la curie à ne pas se laisser tenter par le cléricalisme, le premier pape latino-américain de l'Histoire aura marqué son époque. À l'occasion de sa mort, RCF souhaite revenir sur l'héritage laissé par le pape François à l'Église catholique et au monde.
L’héritage du pape François
Le 266ème pape est mort à l’âge de 88 ans. Élu chef de l’Église catholique en 2013 à l’âge de 76 ans, le pontificat du pape François a duré douze ans (11 mars 2013). Jorge Mario Bergoglio, de son vrai nom, est né à Buenos Aires en 1936. Il est le premier américain et argentin à avoir été élu pape.
L’Église catholique est en deuil suite au décès de son chef de file. Connu pour être un réformateur ancré dans la réalité du monde et fin observateur “des signes du temps”, il a marqué au-delà des fidèles avec ses prises de position en faveur des migrants, mais également de l’écologie.
Quel héritage laisse le pape François ? Quelles sont les positions qui ont marqué son pontificat ? Quels textes du souverain pontife marqueront l’histoire de l’Église ? RCF répond à toutes vos questions sur la mort du pape François dans ce dossier spécial.
Un pape façonné par son parcours jésuite
Contrairement à ses prédécesseurs Benoît XVI et Jean-Paul II, le pape François est un religieux. C’est le premier pape membre de la compagnie de Jésus, autrement dit jésuite. La famille ignacienne, fondée par saint Ignace de Loyola, a fêté les 500 ans de la conversion de son fondateur en 2022. Les jésuites sont connus pour leurs méthodes de gouvernances tournées vers la concertation et le discernement. Une régulation de la démocratie chère au pape François dans son style de gouvernance qui prouve son héritage jésuite.
La spiritualité ignacienne
La spiritualité ignacienne, dont nous fêtions le 500ème anniversaire en 2021, est une “spiritualité du désir” selon Guilhem Causse, jésuite et docteur en philosophie. C’est une spiritualité “attentive à ce qui nous anime, à l’élan que nous avons à l’intérieur de nous, qui cherche à voir la forme de cet élan et à lui donner une réalité dans la société”. Porté par cette spiritualité, le pape François a souhaité, tout au long de son pontificat, rapprocher l’Église et les hommes et les femmes qui la composent des réalités de notre temps. Immigration, écologie, place des pauvres, gouvernance : le pape restera connu pour sa proximité avec les fidèles et sa volonté d’être au plus proche d’eux dans ce qu’ils vivent au quotidien.
La joie, thème central du pontificat de François
Durant ses 12 ans de pontificat, le pape François a régulièrement invité les chrétiens à faire la rencontre du Christ afin de connaître la joie. La joie de l’Évangile est un thème central du pontificat du saint Père. Dans l'un de ses tout premiers textes, il l'oppose à "la tristesse de l'individualisme" qui guette les pays occidentaux. Selon lui, la joie chrétienne est un programme social et politique. La joie est d’ailleurs centrale dans les textes qu’il a écrits tout au long de son pontificat : quatre encycliques et sept exhortations apostoliques.
La spiritualité du pape François
Alors que Benoît XVI, le prédécesseur du pape François, mort le 31 décembre 2022 à l'âge de 95 ans, avait orienté ses encycliques sur différents thèmes : la charité dans Caritas in veritate en 2009, l’espérance dans Spe Salvi en 2007 et l’amour de Dieu en 2005 dans Deus Caritas est, quatre des sept exhortations apostoliques du pape François font référence à la joie. C’est le cas dans Evangelii gaudium , ou La joie de l’Évangile, Amoris Laetitia ou La Joie de l’amour, Gaudete et Exsultate ou Réjouissez-vous et exultez et Laudate Deum ou Louez Dieu pour toutes ses créatures. Dans le jargon de l’Église catholique, une exhortation apostolique est un texte qui en soi n’a pas de valeur juridique mais qui correspond à un appel ou un encouragement que le pape adresse aux fidèles. Le pape François, tout au long de son pontificat, à appeler les fidèles à rester dans la joie malgré les difficultés du monde, les guerres, changements climatiques ou encore défis économiques et sociaux.
Le document d’Aparecida, le “programme” papale du pape François
Avant d’être pape, le cardinal Jorge Mario Bergoglio, le futur pape François, était archevêque de Buenos Aires. Il est à l’origine d’un document majeur pour l’episcopat latino-américain : le document d’Aparecida. Le Document final de la 5ème Conférence générale de l’Épiscopat latino-américain et des Caraïbes” aussi appelé le document d’Aparecida a été adopté lors de la conférence qui a eu lieu en mai 2007 dans la ville du même nom, au Brésil. Considéré comme un manifeste pastoral pour le continent, il met l’Église au coeur de sa mission d’annonce de l’Évangile et donne aux réalités sociales et politiques du peuple de Dieu une place importante dans les réflexions.
En effet, le document d’Aparecida met en avant l’évangélisation, un sujet cher au cardinal Bergoglio et futur pape François. Ce document encourage chacun à aller vers les périphéries de l’Eglise, notamment vers les pauvres et les marginalisés. Cet appel est au coeur de la théologie du pape François et c’est lui qui a vulgarisé cette expression auprès des fidèles. On le surnomme d’ailleurs “le pape des périphéries”.
Le document met l’accent sur la justice sociale et la promotion des pauvres, ce qui rejoint les préoccupations premières du pape pendant l’intégralité de son pontificat. On le voit dans les voyages apostoliques du pape François, dont le premier qui a eu lieu à Lampedusa, lieu de passage de nombreux migrants. Plus qu'un simple document final de conférence générale, de nombreux observateurs voient le document d'Aparecida comme une introduction au programme que suivra futur pape François tout au long de son pontificat.
François, le pape des “périphéries”
"L'Église est appelée à sortir d'elle-même et à aller vers les périphéries, pas seulement géographiques, mais également celles de l'existence." Ces propos ont été prononcés par Mgr Jorge Bergoglio, quelques jours avant qu’il devienne pape, le 13 mars 2013.
Le pape, tout au long de son pontificat, a invité les fidèles à faire Église avec les plus pauvres afin que l’Église ne soit pas un lieu élitiste mais une institution et un peuple proche des réalités du monde et de ceux qui les vivent. Une vision de l’Eglise qui est en accord avec la perception des fidèles. En effet, selon un rapport de la Conférence des évêques de France de 2016; 67 % des Français estiment que l’Eglise n’est pas encore assez présente aux périphéries, et tout spécialement dans les quartiers populaires.
Cette proximité nécessaire s’oppose au cléricalisme que le souverain pontife a souvent dénoncer lors de son pontificat en précisant que “le cléricalisme, est une perversion, parce qu’il se forme sur des “éloignements”.
La mise en garde contre le cléricalisme et la question de la gouvernance de l’Église sont également des marqueurs forts de la spiritualité du pape François. Le synode sur la Synodalité qui s’est terminé en 2024 avait pour objectif de réfléchir à la gouvernance de l’Eglise, à son organisation mais aussi à imaginer l’Église de demain. Place des femmes, bénédiction des couples homosexuels, place des laïcs, dialogue interreligieux : le pape n’a pas hésité à mettre sur la table des sujets qui sont habituellement peu traités par l’Église et les prélats qui la représentent.
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