
Ondes poétiques RCF - page 10
Faire découvrir, redécouvrir, aimer la poésie.
Episodes
13 janvier 2025Jean Pierre Otte 1/5
Jean Pierre Otte est un écrivain belge né en 1949.Scientifique passionné par la nature ,les animaux,les plantes ,il est aussi poète.Il a reçu le prix Max Jacob en 2023.
Nous écoutons cette semaine des extraits de son recueil intitulé « L’immunité merveilleuse (aventure sans alibis) »éditions Sans escale.
Lundi 13 janvier2025
Aujourd’hui Privilège des yeux clos et Exister à l’évidence
Droits image: RCF42
16 décembre 2024Bestiaire de Jacques Roubaud
Cette semaine est consacrée à des poèmes de Jacques Roubaud, décédé le 6
décembre 2024.
Passionné depuis l'enfance par la lecture, ce membre de l'Oulipo laisse une œuvre
poétique considérable. J'ai choisi l'humour, la fantaisie de ce prix Goncourt de la
poésie en cette période Noël en choisissant des poèmes pour enfants et adultes extraits
du recueil intitulé
« Les animaux de tout le monde ».
Chaque jours vous aurez la surprise de découvrir deux animaux.Droits image: RCF42
6 décembre 2024Poêtes de la guerre de 14 - 18 -
Vendredi 6 Décembre
Terminons cette semaine par un poème de Louis ARAGON
Tu n'en reviendras pasLe poète y évoque son expérience de médecin militaire auxiliaire en 1918 pendant la Première
Guerre mondiale, poème en alexandrins écrits d'une manière régulière. Témoignage sur la
tragédie sans nom de la guerre, il est publié en 1956 dans Le Roman inachevé.
Tu n’en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j’ai vu battre le cœur à nu
Quand j’ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n’en reviendras pas vieux joueur de manille
Qu’un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu’il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l’ancien légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux
On part , Dieu sait pour où ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n’être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relève
Roule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secouent
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac l’haleine la sueur
Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées
Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit
Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s’efface
Déjà vous n’êtes plus que pour avoir périDroits image: RCF42
5 décembre 2024Poêtes de la guerre de 14 - 18 -
Jeudi 5 Décembre
Après avoir consacré ces trois premiers jours de la semaine à des poètes anglais, je vous invite
à découvrir Guillaume APOLLINAIRE, poète français de la première guerre mondiale
Engagé volontaire, Guillaume Apollinaire est mort lui aussi au faîte de sa gloire, mais à la toute
fin du conflit mondial, le 9 novembre 1918, à l’âge de 38 ans, victime de la grippe espagnole qui
faisait des ravages auprès des populations épuisées par quatre années de guerre. Le poète
était très affaibli par une blessure à la tempe en 1916, provoquée par un éclat d’obus et dont il
ne s’était jamais complètement remis.
Je vous lis:
Si je mourais là-bas... écris le 30 janvier 1915
Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur
Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de BARATIER
Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants
Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté
Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie —
Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur —
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
Ô mon unique amour et ma grande folieDroits image: RCF42
4 décembre 2024Poêtes de la guerre de 14 - 18 -
Mercredi 4 Décembre
Cameron Wilson s’engage en 1914 dans les Grenadier Guards et devient sous-officier l’année
suivante dans le régiment des Sherwood Foresters. Arrivé en France en février 1916, il fait
partie de ces nombreux combattants qui condamnent le principe de la guerre tout en étant
convaincus qu’il est de leur devoir de se battre. Son poème «Des pies en Picardie» est publié
dans la Westminster Gazette en août 1916. C’est à cette époque qu’il est muté au Grand
Quartier Général. Après avoir été promu capitaine, il repart au front et trouve la mort le 23 mars
1918 à Hermies, dans le Pas-de-Calais. Son nom est gravé sur le mémorial d’Arras à côté de
35 000 autres soldats portés disparus dans ce secteur.
DES PIES EN PICARDIE
Les pies de Picardie
Sont plus que je ne saurais dire.
Elles planent au-dessus des routes poudreuses
Et ensorcellent les hommes
Qui traversent la Picardie,
La Picardie, prélude à l’enfer.
(Le merle, farouche, s’envole au moindre bruit,
L’hirondelle la lumière inlassablement suit,
Les pinsons ont des allures de dame,
La chouette flotte dans l’air du soir.
Mais la grande et radieuse pie
Vole à la manière des artistes.)
Une pie, quelque part en Picardie,
m’a révélé ses secrets :
La musique qu’abritent ses plumes blanches,
La lumière qui chante
Et danse dans la profondeur des ombres.
De ses ailes, elle me l’a dit.
(Le faucon, cruel et austère,
Toujours nous regarde du haut du ciel ;
La morne corneille traîne de l’aile,
Le rouge-gorge aime la bagarre ;
Mais la grande pie radieuse
A le vol gracieux de l’amour.)
Elle m’a dit qu’en Picardie,
Une génération ou deux auparavant,Quand ses pères étaient encore dans l’œuf, Toutes ces grandes routes poussiéreuses
Charriaient des soldats qui partaient à la guerre,
La guerre en chantant,
Le long des prés et des champs de Picardie,
Prélude à l’enfer.Droits image: RCF42
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