Grand écran RCF - page 8

Pour leur neuvième opus " en même temps " les deux comparses déjantés mais tendres DELEPINE et KERVEN renvoient dos à dos écologie et extrême droite pour une utopie à hurler de rire mais très juste.
Comment réconcilier les extrêmes, démonter la bêtise, et finalement, traiter les sujets graves avec humour, mais aussi en donnant la parole aux plus démunis.
C’est tout leur art, une nuit de cauchemar pour deux politiques collés l’un a l’autre qui doivent loin des mots et des attitudes toutes faites, entrer en vrai dialogue !
Et si c’était cela aussi vivre ensemble ?
Se moquer de nos travers même les plus dangereux, déminerait-il les pièges de la démocratie ?
Pour public averti à ce style d’humour trop peu visité aujourd’hui.

Dans l’actualité, deux films où la modernité et les images font naître l’émotion et vont au-delà de la narration classique.
Deux réalisateurs, connus des festivals : dans « Hit the Road » l’iranien Panah PANAHI brosse un sentiment de la nécessité de l’exil. Avec humour et poésie et dans des images de paysage lunaire, le départ en cachette de l’Iran rejoint tous les déchirements des adieux non voulus.
Le hongrois Kornél Mundruczó, lui dans « EVOLUTION » délivre en 3 plans séquences étonnants, un sentiment de résilience et de malédiction, celui des traumas de l’holocauste, choc et poésie pour mieux exorciser un passé.
Plus proche des constellations que d’une chronique, deux films actuels sur nos écrans.

Présente à Cannes pour son nouveau film, découvrez le cinéma de Kelly Reichardt
Un art de la décroissance selon la belle formule de Thierry FREMEUX, où il faut prendre le temps d’occulter la nature, les paysages, les silences, pour découvrir un art d’espérer ou en tout cas une façon de ralentir la course à la destruction.
Une cinéaste qui rejoint les thèmes d’une écologie intégrale, où vivre est d’abord prendre soin de l’autre, sans mièvrerie ni bling bling.
Même économiquement, elle est un modèle d’artisan dans le sens le plus noble du mot.

Rattrapez le retard. Deux films sur la question du mal et de la rédemption.
Deux mondes, Téhéran et les casinos de jeu.
« LA LOI DE TEHERAN » de ROUSTAYE, nous plonge dans l’enfer du trafic de drogue, dans un pays ou la peine de mort est usuelle.
Lutter ou améliorer le sort des gens ? Un grand boulot d’un jeune cinéaste, coup de poing.
« THE CARD COUNTER », du vétéran Paul SCHRADER, propose un chemin de conversion, de rédemption : celui d’un ancien tortionnaire qui va essayer de sauver un jeune homme, mais aussi se réconcilier avec lui et s’ouvrir à la possibilité d’être heureux.
Le mal, regardé en face, mais pas pour être fataliste, pour en guérir, changer soi-même ou la société.

Un avant-gout de cannes 2022. Entre habitues, nouveaux venus et réalisatrices, des nouvelles du monde et du cinéma. Que le président LINDON aura a visionner et récompenser avec son jury.
Apres TITANNE, qui a fait un peu chou blanc en 2021, quelle palme et autres récompenses pour 2022.
De quoi rêvent les cinéastes, quelles espérances ?

Parfois le cinéma français, s’aventure par la fiction à traiter des sujets très actuels, et en faire des films qui accrochent et posent questions ?
C’est le cas de " La terre des hommes " qui aborde le problème du viol et de la parole de la femme, peu représentée dans un monde masculin : les agriculteurs.
Un très beau film fort sensible et qui remet au centre le problème du pouvoir sur l’autre, pouvoir de l’argent, politique et sexuel.
Primé au césar 2022
Et dans "Les choses humaines" Yvan Attal suit les zones d’ombre d’un procès.
Accusation, vengeance, consentement, ici le film nous met à la place des jurés, pas facile mais haletant et là aussi un film qui rappelle que la dignité de l’autre peut vite être souillée.
A découvrir

Deux films qui ont eu une existence trop brève en salles et à rattraper en VOD.
LE nouveau film, noir et passionnel de Nicole GARCIA, réalisatrice d’«AMANTS» où elle joue des codes du film noir, pour s’attacher à la difficulté de choisir : passion ou raison ?

Et " Julie en 12 chapitres " de Joachim TRIER prix féminin à Cannes en 2021 où l’impossibilité de poser des choix d’une génération de trentenaires, engendre une mélancholie typique de ce réalisateur.

Comment vivre et grandir ? comme un enfant dans un climat de violence, partir ou rester ?
En évoquant sa jeunesse dans le " Belfast" des années chaudes et terribles des guerres de religions, Kenneth BRANNAGH nous livre une chronique avec le regard d’un enfant qui découvre la dureté, la peur, mais aussi le cinéma, la tendresse, et une ouverture à la tolérance.
Film dur mais plein de vie.
Curieux cinéaste qui sort en même temps un second épisode de Hercule Poirot

MAIGRET, qui ne connait pas l’inspecteur à la pipe et aux silences ?
Après une longue éclipse au cinéma depuis le Gabin des années 60, d’Audiard, voici Depardieu.
On retrouve toute l’ambiance de l’enquête, sur une jeune morte inconnue, mais aussi le personnage d’un Maigret usé, en proie à son âge, ses fantômes, son passé.
Comme si à travers la figure du double de la jeune fille perdue qui ressemble à la morte, il se réconciliait avec lui-même. Un rôle qui va comme un gant à Depardieu, qui intègre son âge, son poids, son silence et ses failles.
A vous, fans de Georges Simenon ou néophytes, de vous laisser séduire, par un rythme auquel le ciné ne nous a plus habitué, à pied, sans courir, ni crier !!!!

Après la recherche d’un emploi et la guerre économique, vu côté chef de syndicat, Vincent Lindon retrouve Stéphane BRIZE pour "un autre monde"

Avec le même mélange de professionnels et de vrais cadres, cette fois ci dans cette trilogie du monde libéral et de la mondialisation, ce sont les dégâts collatéraux, vus du côté des cadres supérieurs, qui sont abordée.

Thriller, critique mais respectueux des personnes, jamais manichéen, une réussite et le parcours d’un homme qui s’interroge sur la dignité et comment se regarder dans la glace.

Angoisse ou humour ? deux films en échos sur le monde qui nous entoure.
Avec « BIG BUG » Jean-Pierre Jeunet (le papa d’Amélie Poulain) imagine le burlesque surréaliste d’un appartement ou les objets et les robots se révoltent au nom de la sécurité de leurs créateurs. Humour et citations, sur NETFLIX.
Par contre, angoisse pour "L’homme de la cave" de Philippe LE GUAY.
Ici c’est l’installation d'un inconnu dans la cave d’un immeuble, qui va polluer les idées, et faire remonter le passé, aux mauvaises odeurs de la seconde guerre.
Vous avez dit divertissements, oui, mais qui nous obligent gentiment à réfléchir.
Le second est sur plusieurs plateformes, UNIVERSCINE etc.

Le nouveau film de Laurent Cantet « Arthur Rambo » est un thriller moral.
Les réseaux sociaux et la mémoire actuelle qui livrent et gardent tout, vont faire et défaire un écrivain.
Mais qui est-il ? Arriviste ? Naïf ? Victime de ses pamphlets de jeunesse ou est-ce le produit que notre société fabrique ?
A la fin, lui-même se demande sur quoi construire désormais.

Trois films ont apporté la joie et ont pourtant aussi déployé des grands thèmes contemporains, par trois artistes majeurs.

SPIELBERG "West side story", CARAX et " Anette" LARRIEU et "tralala"
et si le cinéma osait tous les artifices pour atteindre le cœur ?

Trois classiques de 2021

Cannes 2021, présidé par spike LEE en juillet, ouvrira le feu des yeux avec un film déjà attendu.
Plus de 10 ans après HOLLY MOTORS, le poète et énigmatique réalisateur CARAX revient avec son premier film tourné aux USA, avec Marion Cotillard.
ANETTE, on ne pouvait faire meilleur choix, pour donner envie de voir sur grand écran du cinéma !
On attend la suite de la sélection, si elle est de cet acabit, on demande à avoir le virus du cinéphile !

UN HEROS d’Asghar Farhadi nous questionne sur le poids des apparences et l’importance de la rumeur, grâce à sa mise en scène au cordeau et au hors champ.
Cet homme, qui va être présenté en héros, est-il un naïf, un manipulateur, une victime ou un cas social ? Un thriller existentiel et moral.
Et découvrez grâce à " Louloute " d’Hubert Viel, un film sur l’enfance perdue, les souvenirs, les blessures et les joies, qui a aussi le talent de parler en douceur, mais avec sensibilité de la crise agricole, du mal-être, et de la grandeur des petits instants fragiles de bonheur fugaces comme un câlin de parents.
A découvrir sur la plateforme UNIVERCINE

Deux suggestions pour ouvrir les yeux sur les problèmes actuels :
- le remake de « West Side Story » par Steven Spielberg
- « Don't look up » de Adam Kayes sur Netflix
En revisitant West Side Story, Spielberg fait une ode au dialogue et à la tolérance en montrant l'échec de ceux-ci, un vrai chemin de croix et un appel à la réconciliation.
Le second est une farce qui fait froid dans le dos, l'humanité va être détruite dans 6 mois par une comète et la croisade de 2 scientifiques ne convaincra personne du changer, comme si l'humanité ne voulait pas voir le point de non-retour qu'elle a atteint.
Une farce hilarante mais qui nous interpelle.

Deux femmes, deux des plus grands cinéastes, nous interrogent à partir de faux westerns.
La première Jane CAMPION, première femme palme d’or en 93, dans " the power of dog" sur Netflix, où la féminité vient se révéler au cœur d’un monde très viril, et apaise des tensions.
Beau et envoutant.
Et Kelly REINARHT dans " FIRST COW" nous livre une leçon de simplicité, sur l’origine de la société industrielle, et une fable ou l’amitié est un lien dérangeant. Sur MUBI

Après un an sans cannes, quel film pouvait mieux qu’« Annette» de Leos Carax, ouvrir la sélection 2021 ?
Drame musical complètement chanté, histoire de spectacle et d’amour destructeur, opéra où tout le cinéma est convié.
L’art comme émotion autour d’un enfant
Poésie et folie
Vive le cinéma

Attention chef d’œuvre ! En tissant un fil entre deux mères qui accouchent dans la même clinique, Almodovar tisse dans « Madres paralelas » le fil de son cinéma.
Vrai mélodrame et vrai hommage aux destins de femmes, à leur entraide, à leur résilience.
Mais aussi retour sur le passé de l’Espagne, non pour tourner la page, mais vrai réenfantement.
Pour vivre libre, il faut grandir avec son passé.

Un Moretti de facture classique, sombre mais lumineux, plein d’empathie pour ses personnages. « TRE PIANI » c’est 3 histoires croisées, de soupçons, de mort, de solitudes. Avec ce dépouillement qui le caractérise, l’auteur nous brosse les aléas du monde rongé par la difficulté de dire et se dire.