La médecine, toute une histoire

Montpellier a fêté en 2020 le huit centième anniversaire de son Université de Médecine. C'est dire que son histoire est particulièrement riche. Avec ses invités, Michel Voisin traite de thèmes concernant aussi bien les débuts de la faculté au XIII° siècle, que l'histoire contemporaine avec les progrès fulgurants de la médecine.
(en partenariat avec la Société Montpelliéraine d'Histoire de la Médecine).

La médecine, toute une histoire
Montpellier a fêté en 2020 le huit centième anniversaire de son Université de Médecine. C'est dire que son histoire est particulièrement riche. Avec ses invités, Michel Voisin traite de thèmes concernant aussi bien les débuts de la faculté au XIII° siècle, que l'histoire contemporaine avec les progrès fulgurants de la médecine.
(en partenariat avec la Société Montpelliéraine d'Histoire de la Médecine).
Barbiers et chirurgiens. Professeur Jean-Pierre Dedet

Puis une corporation s’individualise: les barbiers-chirurgiens de robe longue, dont un représentant emblématique sera Ambroise Paré (« je les pansai, Dieu les guérit ». Ce n’est que son chirurgien personnel le montpelliérain François Gigot de Lapeyronie incite le roi Louis XIV à créer le Collège Royal de Chirurgie.
Il faudra attendre la révolution française pour que les chirurgiens intègrent le corps des professeurs d’université et puissent revêtir la toge rouge et le camail bordé d’une double rangée d’hermine.
La médecine à la Renaissance: essor de l’anatomie et de la botanique

quelques uns.
Les universités médiévales. Pr Jean-Pierre Dedet

chirurgie. Leurs oeuvres furent à la base des enseignements jusqu’au XVII° siècle, notamment le « guidon », abrégé du traité de chirurgie de Gui de Chauliac.
La médecine dans l’Occident chrétien au Moyen Âge

Le XI° siècle est pour l’Occident chrétien une période de renouveau, avec redécouverte de la médecine grecque transmise par les arabes.
L’Eglise joue un rôle essentiel dans la proposition de soins, notamment dans les monastères bénédictins. C’est également dans les monastères qu’est réalisé un travail intense de traduction des auteurs anciens, notamment dans les couvents italiens du Monte Cassino et de Vivarium.
L’oeuvre médicale de Sainte Hildegarde de Bingen est évoquée, avec deux de ses ouvrages consacrés à la médecine: Physica et Les causes et les remèdes.
Salerne, en Italie, est le premier lieu structuré d’enseignement de la médecine.
La réforme grégorienne débouchera notamment sur une sécularisation de la pratique médicale.
La médecine arabo-musulmane, avec le professeur Jean-Pierre Dedet

dit, ni exclusivement musulmane puisque pratiquée par des médecins juifs et chrétiens. Cette médecine s’imprégna des auteurs gréco-romains grâce à un vaste mouvement de traduction en arabe des auteurs anciens. Les grandes avancées concernent les hôpitaux, la pharmacie, l’enseignement avec 4 grandes écoles. Les noms de plusieurs médecins ont traversé l’histoire: Razès, Abulcasis, Avicenne avec son fameux « canon », Ibn Al-Nafis, découvreur de la circulation pulmonaire. Les invasions successives turques et mongoles auront comme conséquence le déclin progressif de la médecine arabo-musulmane.
La médecine byzantine, avec le Pr Jean-Pierre Dedet

Dans le domaine médical, c’est une période de transmission de l’héritage antique sans découverte majeure. Le christianisme développe la dimension compassionnelle du soin, l’assistance au malade s’impose comme un devoir moral et religieux. Une innovation importante est la naissance de l’hôpital, lieu d’accueil des malades ou des étrangers voyageurs ou pèlerins.
Cette époque est marquée par la première pandémie pesteuse, la peste de Justinien, qui atteint Constantinople en 542. En conclusion, la médecine byzantine est en fait le prolongement de la médecine gréco-romaine, avec l’apparition d’établissements hospitaliers.
La médecine à Rome avec le Pr Jean-Pierre Dedet

particulièrement du coeur et des vaisseaux. Deux apports importants de la médecine de Rome: la thériaque, composé de très nombreuses substances d’origine végétale, chimique, animale, et le développement de l’hygiène publique, avec un système perfectionné d’acheminement de l’eau, tel le pont du Gard qui véhicule l’eau vers Nîmes, l’édification de latrines et d’égouts. En
conclusion, médecines grecque et romaine sont en continuité, et ont constitué un corpus important de connaissances qui se pérennisera jusqu’à la Renaissance.
La médecine grecque. Professeur Jean-Pierre Dedet

Médecine des hébreux et des égyptiens. Jean-Pierre Dedet

Chez les hébreux, il s’est agi au départ d’une médecine sacerdotale, pratiquée par des prêtres de la tribu de Lévi, la maladie étant alors considérée comme le résultat de la colère de Dieu. La santé se confondait avec la pureté du corps, d’où des règles strictes d’hygiène individuelle et collective.
La médecine égyptienne est connu par divers papyrus. Les médecins étaient formés par leurs pères et complétaient leur savoir par des stages dans des « maisons de vie ». A côté des généralistes, il y avait de nombreux médecins spécialisés. L’examen médical était minutieux, les traitements utilisaient des
médicaments à base de substances naturelles, végétales et animales. La chirurgie comportait la suture des plaies, la réduction des fractures et la cautérisation des kystes et des tumeurs. Le principe de la momification est bien connu, car l’âme s’échappait du corps au moment de la mort, mais elle ne pouvait survivre au royaume des morts que si le corps subsistait pour la soutenir.
Les premiers temps de la médecine - Professeur Jean-Pierre Dedet

Dans cette première émission, il échange avec Michel Voisin sur la période préhistorique et la médecine assyro-babylonienne. Elles ont en commun un lien fort entre les croyances religieuses et la médecine, mais émergent déjà de connaissances et des pratiques médicales qui nous sont connues par les études de restes de squelettes, étudiés également par l’analyse de l’ADN. Les premières prises en charge sont plutôt chirurgicales, notamment la réduction des fractures, mais déjà apparaissent des connaissances sur les effets bénéfiques ou maléfiques de plantes, de produits minéraux ou d’éléments animaux.
Retour sur la commémoration du 8° centenaire de l’université de Médecine

Compte tenu de la situation pandémique, des évènements sont programmés jusqu’à la fin de l’année 2021. Michel Voisin et son invité, le professeur Thierry Lavabre-Bertrand, vice-président de l’Université de Montpellier en charge du patrimoine, reviennent sur les évènements qui ont marqué cette année, et sur ceux à venir. Ils concluent sur l’héritage contemporain de l’humanisme médical qui a toujours caractérisé l’école de Montpellier.
Lien: 800ans.fr
Les médecins naturalistes montpelliérains. Pr Thierry Lavabre-Bertrand

Les grands naturalistes du XX° siècle furent Hervé Harant, Charles Flahaut, Louis Emberger, Jean-Antoine Rioux, Daniel Jarry.
Histoire des hôpitaux

Auparavant, les monastères jouaient un rôle essentiel dans la prise en charge des malades. A Montpellier, il y a eu dans un premier temps de multiples petites structures, situées à l’extérieur de la commune clôture, certaines spécialisées: le lazaret pour la prise en charge des pestiférés, l’hôpital Saint Antoine pour l’accueil des malades souffrant du « feu de saint Antoine », maladie sévère liée à une intoxication par l’ergot, parasite des céréales. Une mention particulière pour l’hôpital du Saint Esprit, fondé par Gui de Montpellier, dont il persiste des vestiges archéologiques devant le Corum. Aux XVI°-XVIII° siècles, les hôpitaux viennent au sein de la cité, avec l’Hôtel-Dieu Saint Eloi, plus particulièrement dédié au soin, et l’hôpital général, créée par la volonté de Louis XIV, qui assure une fonction asilaire et reçoit tout ce qui peut troubler la paix civile: mendiants, prostitués, orphelins... Fin XIX°, l’hôpital Saint Eloi, faute de place, est transféré sur son emplacement actuel, avec une architecture adaptée aux nouvelles découvertes des agents infectieux, et en 1939 est construit, contigu à l’hôpital général, les cliniques Saint-Charles, structurées en fonction de l’apparition des spécialités médicales. Les années à venir pourraient voir le regroupement de toutes les structures hospitalière sur
le site Arnaud de Villeneuve.
Histoire de la clinique

seul interrogatoire. Ce n’est qu’au XVIII° et XIX° siècle que l’examen clinqiue devient plus approfondi, parallèlement à l’émergence de la méthode anatomo-clinique, et sont utilisés la percussion avec Auenbrugger et l’auscultation médiate avec Laennec. Cette progression dans l’analyse du patient débouche sur l’élaboration d’une classification des maladies qui se simplifie avec le temps. Dans la période contemporaine, l’apport des examens complémentaires, notamment d’imagerie, relègue parfois
à tort l’examen clinique au deuxième plan. Le XX° siècle a été marqué par une réflexion philosophique sur la clinique avec Michel Foucault et Georges Canguilhem. Le Pr Thierry Lavabre-Bertrand est notre invité.
Rediffusion de l'émission du 06/01/2022
Histoire de la physiologie - Professeur Thierry Lavabre-Bertrand

C’est l’expérimentation sur le vivant qui a permis son émergence. Le précurseur de cette discipline est William Harvey, médecin anglais qui, au XVII° siècle, par un raisonnement et des expériences simples, a démontré la circulation sanguine. Au XVIII° siècle, deux visions s’opposent: une vision analytique, qui étudie chaque organe indépendamment des autres, et le vitalisme, qui défend une vision globale de l’organisme, promue notamment à Montpellier par Joseph Barthez. Le XIX° est le grand siècle de la physiologie, avec Magendie et surtout Claude Bernard, qui met au point la méthode expérimentale: observation - hypothèse - expérimentation pour confirmer l’hypothèse. Sa grande oeuvre est l’ « Introduction à la médecine expérimentale ». La vision vitaliste fait l’originalité de l’école de Montpellier au XIX° siècle avec Lordat, qui a apporté une contribution essentielle à la compréhension des mécanismes du langage, et au début du XX° siècle avec le professeur Joseph Grasset.
Histoire de la morphologie

Aujourd’hui, les méthodes d’imagerie, de plus en plus couplées aux techniques d’intelligence artificielle, sont si performantes qu’elles permettent une quasi transparence du corps humain, au point qu’un vrai risque existe que soient négligés l’examen clinique et la relation duelle médecin-malade.
Le conservatoire d'anatomie de la faculté de médecine

complété ces dernières années des collections « Delmas-Orfila-Rouvière » de la faculté de médecine de Paris.
L'esprit de l'Ecole de Médecine de Montpellier avec le Pr Lavabre-Bertrand

supprimé toutes les universités. Elle s’est distingué par de grands anatomistes: Pecquet, Vieussens, et plus prêt de nous Rouvière et Delmas, qui ont achevé leur carrière à Paris, par d’éminents botanistes, Rondelet, Richer de Belleval, directeur du premier jardin des plantes créé en France à la fin du XVI° siècle, plus près de nous, Hervé Harant, grand naturaliste. En chirurgie, Gui de Chaulaic écrivit un traité de chirurgie, le « guidon », qui fut une référence pendant des siècles, et Lapeyronie érigea la chirurgie en discipline universitaire. Aux XVIII° et XIX° siècle, Montpellier défendit la théorie vitaliste, face à une médecine de plus en plus expérimentale. Toute cette histoire de l’Ecole de Montpellier est toujours étudiée, et les connaissances sont diffusées par la Société Montpelliéraine d’Histoire de la Médecine dont la revue « Nunc Monspelliensis Hippocrates, va reprendre une périodicité annuelle.
Infos: histoiremedecine.fr
Le vitalisme montpelliérain. Professeur Thierry Lavabre-Bertrand

lois physiques et chimiques pour expliquer la vie, ce qui implique qu’existe un principe vital, dont la nature reste inconnaissable. Cette philosophie vitaliste émergea au XVIII° siècle en réaction au concept de l’ « homme machine », conséquence de progrès considérables des sciences exactes à partir des
Lumières. Sont analysées les contributions de Bordeu, pour lequel la sensibilité est la caractéristique du vivant, Barthez, avec son concept de « sciences de l’homme », Lordat, fondateur de la science du langage, et enfin Grasset qui, au début du XX° siècle, voulut faire la synthèse du vitalisme et de la médecine moderne, qui pour lui ne sont pas incompatibles. Le vitalisme fut une étape de l’évolution des idées en médecine, et reste d’actualité au moment où est remise au premier plan la médecine de la personne, prise en charge dans sa globalité, corps, âme, esprit.
Le Pr Pierre Passouant, pionnier de la neurologie, avec le Pr Michel Billiard

expérimentale à l’Institut de Biologie en 1954. Il réalise des travaux de recherche sur diverses structures du cerveau. C’est en 1971 qu’est créé pour lui à l’hôpital Gui de Chauliac un service dans lequel il organise plusieurs laboratoires, notamment un laboratoire du sommeil dans lequel vont être réalisés, pour la première fois en France, des enregistrement nocturnes de l’activité cérébrale. Ils vont permettre le développement de la recherche sur le sommeil, aidant à la compréhension de nombreux états pathologiques. Le fruit de ses recherches sera, immédiatement après sa retraite, la naissance d’une nouvelle spécialité médicale, la médecine du sommeil.