« Vœu des Échevins » à Lyon : c'est quoi ce rituel catholique chaque 8 septembre ?
Le nom sonne comme une étonnante tradition. Chaque 8 septembre, la célébration de renouvellement du Vœu des Échevins à la basilique de Fourvière réunit les catholiques et les élus de la ville de Lyon pour une messe en remerciement de la Vierge Marie d'avoir protégé Lyon d'une épidémie de peste en 1643.
La tradition remonte au 17e siècle. Face à la peste qui sévit autour de Lyon, le prévôt des marchands (équivalent de notre maire), accompagné de ses 4 échevins (adjoints) et d’une foule de Lyonnais, se rend en procession à Fourvière le 8 septembre 1643, fête de la Nativité de la Vierge. C’est dans la chapelle de la Vierge - la basilique n'existe pas encore - qu’ils font le vœu, si Lyon est épargnée de l'épidemie, de monter chaque année sur la colline pour entendre la messe, et offrir à l'archevêque 7 livres de cire blanche et un écu d’or.
Lyon est sauve, et la promesse des échevins est tenue par intermittence au fil des siècles. Interdite en 1789, la tradition perdure de manière confidentielle jusqu’à l’édification de la basilique de Fourvière en 1896 qui ouvre la cérémonie aux Lyonnais.
Pendant la Première Guerre mondiale, à l’aune de l'Union sacrée, le conseil municipal de Lyon participe à la cérémonie du 8 septembre 1915, en dépit de la loi sur la séparation des Églises et de l'État, promulguée dix ans plus tôt. Depuis cette date, le maire de Lyon et les élus sont invités à monter Fourvière pour perpétuer cet engagement.
Le maire de Lyon pas toujours présent
Néanmoins, pendant 50 ans, le radical-socialiste Édouard Herriot (1905-1940 et 1945-1957) refuse de s’y plier. Ce chef du Cartel des gauches est un fervent défenseur de la laïcité et se fait alors représenté par un adjoint.
Son successeur Louis Pradel (1957-1976) décide de participer à la cérémonie et de remettre le cierge et l’écu, en échangeant quelques mots solennels avec l’archevêque au cours de la messe. La cérémonie du renouvellement du Vœu des Échevins s’institutionnalise davantage. L’héritage est perpétué par les successeurs de Pradel, Gérard Collomb le premier, si attaché à la cérémonie qu’il y reviendra même en 2018, alors qu’il assumait le poste de ministre de l’Intérieur. C’est sous sa mandature que d’autres élus y participent, des militaires, des représentants de la préfecture, et de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Depuis son élection en 2020, l’actuel maire de Lyon, Grégory Doucet a choisi de ne pas participer à la cérémonie, souhaitant se tenir hors de toute cérémonie religieuse au nom de la laïcité. Il n’est alors représenté par aucun de ses adjoints - décision qui a suscité l'incompréhension de certains catholiques à l’époque. S'il ne pénètre pas à l'intérieur de la basilique, l'élu écologiste prend la parole à l'extérieur, sur l'esplanade de Fourvière, après la célébration.
Qui pour représenter les Lyonnais depuis 2021 ?
Depuis 2021, en l'absence du maire de Lyon pour remettre symboliquement l'écu à l'archevêque, la Fondation Fourvière choisit une personnalité représentant tous les Lyonnais. Issus du sport, de la culture ou de la gastronomie, ces « remettants » ont été successivement la basketteuse Marie-Sophie Obama (2021), le pianiste André Manoukian (2022), l'entrepreneur et président d'honneur de l'Olympique Lyonnais Jean-Michel Aulas (2023). En 2024, ce sont deux figures de la gastronomie lyonnaise qui sont choisies : Colette Sibilia, ancienne gérante de la charcuterie éponyme et Jacotte Brazier, petite-fille d'Eugénie Brazier, l'une des « mères lyonnaises » et première femme récompensée par trois étoiles au Guide Michelin.
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