Qui est Marthe Robin ?

Marthe Robin est peut-être la mystique la plus connue du XXe siècle en France, notamment pour avoir vécu des phénomènes extraordinaires tout au long de sa vie. Comme, l'apparition des stigmates de la Passion du Christ chaque semaine ou encore le fait de continuer à vivre en n'ayant pour seule nourriture qu'une hostie par semaine. En 2023, une commission pluridisciplinaire est nommée pour faire la lumière sur d'éventuels abus sexuels mais aussi spirituels du père Finet au sein des Foyers de Charité. De surprenantes révélations révélées en 2020. Ce dernier est connu pour être le père spirituel de Marthe Robin avec qui il a cofondé les Foyers. Un an après cette nomination, tous ses membres ont démissionné. Marthe Robin a malgré tout marqué son époque et a laissé sa marque dans la spiritualité française du XXème siècle. Retour sur ce personnage fascinant pour les uns et dérangeant pour les autres.

Quelles sont les étapes pour devenir saint ?

Les catholiques et les orthodoxes prient les saints de l'Église chrétienne. Ce n'est pas le cas des protestants qui, par exemple, ne fêtent pas la Toussaint. L'Église compte environ 8000 saints. Les deux prochains saints à être canonisés seront Carlo Acutis et Pier Giorgio Frassati a annoncé le pape François. Différentes étapes sont nécessaires pour être reconnu saint aux yeux de l'Église catholique. En résumé, on devient saint lorsqu'on est canonisé. Avant la canonisation, il y a une étape importante : la béatification. Il faut pour cela qu'un miracle ait eu lieu grâce à l'intercession de la personne en voie de béatification. Après avoir été béatifié, on dit de la personne concernée qu'elle est Bienheureuse. Par exemple, Marthe Robin a été déclarée Vénérable par le pape François en 2014. Si un dexuième miracle a lieu alors la canonisation est envisagée.

En résumé, voici les étapes d'un procès de canonisation en héroïcité des vertus :

• Il y a d’abord un procès diocésain ;
• Une fois clôturé, les actes de ce procès sont envoyés à Rome à la Congrégation des saints où ils sont soigneusement étudiés ; les actes du procès de Marthe contiennent quelque 17.000 pages !
• Si l’avis est positif, l’Église reconnaît l’héroïcité des vertus et déclare la personne "vénérable". C’est ce qu’a fait le pape François en 2014.
• Ensuite, on voit s’il y a des miracles attribués à la personne ;
• Si un premier miracle est reconnu par l’Église, la personne peut être béatifiée ;
• Avec un second miracle reconnu, la personne peut être canonisée, donc rejoindre les 8000 saints de l'Église catholique.

Biographie de Marthe Robin

Marthe Robin est née le 13 mars 1902 dans une famille de paysans à Châteauneuf de Galaure, dans la Drôme. À l’âge de 16 ans, Marthe tombe malade : c’est une encéphalite évolutive. Peu à peu, elle devient paralysée et aveugle. À partir de ce moment, Marthe commence une vie mystique caractérisée par l’offrande d’elle-même au Seigneur. Elle est favorisée de diverses apparitions de la Vierge Marie et de Jésus. Elle est accompagnée par le père Faure, curé de la paroisse. Elle a une grande dévotion pour la "petite" Thérèse de Lisieux, une autre mystique bien connue en France, qui vient la visiter trois fois.

À partir de 1930, Marthe ne se nourrit plus que de la communion eucharistique ; à partir 1931, elle commence à vivre la passion du Christ chaque fin de semaine, du vendredi au dimanche. Des stigmates apparaissent aussi, c’est-à-dire des blessures qui reproduisent les blessures du Christ pendant sa passion et sa crucifixion. Chez Marthe, les stigmates sont les blessures de la couronne d’épine qui apparaissent quand elle revit la passion du Christ et disparaissent le dimanche.

En 1934, à son initiative, est créée à Châteauneuf-de-Galaure une école de filles qui grandit rapidement. En 1936, Marthe rencontre le père Georges Finet qui va devenir son père spirituel jusqu’à la fin de sa vie.

La création des Foyers de Charité par Marthe Robin et le père Finet

C’est avec le père Finet que Marthe fonde les Foyers de lumière, de charité et d'amour, en abrégé les Foyers de Charité, avec un double objectif : tenir des écoles vraiment chrétiennes et animer des retraites pour soutenir la vie spirituelle des laïcs.

Les Foyers sont un type de communauté tout à fait nouveau dans l’Église de l’époque. Ils rassemblent des laïcs hommes et femmes, célibataires ou mariés, et des prêtres dans une même communauté résidentielle qui se met au service d’un apostolat, en l’occurrence essentiellement le service de retraites spirituelles. Après les Foyers de Charité, de nouvelles communautés multivocationnelles – c’est-à-dire avec tous les états de vie – vont apparaître dans l’Église.

Un rayonnement international : plus de 100 000 personnes sont venues visiter Marthe Robin

Marthe a eu un rayonnement spirituel énorme de son vivant : plus de 100.000 personnes sont allées la visiter dans sa chambre qu’elle ne quittait jamais. Dans ses conversations, elle était très discrète, jamais intrusive ou directive. Mais beaucoup de personnes se sont senties soutenues par les paroles qu’elles ont reçues de Marthe, en particulier des fondateurs de communautés nouvelles.

Marthe est une vraie disciple de la petite Thérèse. Elle avait un cœur missionnaire. Même si elle n’a jamais quitté sa chambre, elle voulait évangéliser dans le monde entier. Jésus le lui avait demandé : "Je t’ai choisie pour ranimer dans le monde l’amour qui s’éteint." Marthe souhaitant être fidèle à cet appel du Christ disait : "Je voudrais être partout à la fois pour dire et redire au monde combien le Bon Dieu est bon, combien il aime les hommes, et se montre pour tous tendre et compatissant."

Béatification

Le procès de béatification de Marthe Robin a suscité des oppositions qui ont fait grand bruit. Notamment depuis que le théologien Conrad de Meester a commencé à mener son enquête à partir des 4000 pages écrites par Marte Robin. Cette enquête canonique  avait été demandé par l’Église et plus précisément, par Mgr Marchand, évêque de Valence, et Mgr Bouvier, promoteur de justice de la cause de Marthe, et commencé en février 1988. L'ensemble de ces recherches ont été publiées sous la forme d'un livre en 2020, écrit par Conrad de Meester. Son analyse est sans concession : "C’est pourquoi à mon sens, de la fraude mystique de Marthe Robin, il n’y a rien, à proprement parler, non seulement à vénérer, mais à conserver". Reste à savoir dorénavant si l'Eglise choisira de faire sainte la jeune mystique malgré les polémiques. Affaire à suivre.