Vatican II : qui sont les membres de l’Église ?
Dans l'Église d'avant Vatican II, on distinguait "l’Église enseignante et l’Église enseignée, ceux qui savent et ceux qui apprennent". Il y a soixante ans, la question de savoir qui sont les membres de l’Église a traversé le concile. Il a affirmé avec force l'égale dignité de tous les baptisés, qui forment le peuple de Dieu.
"Il n’y a qu’un seul prêtre dans l’Église catholique, c’est Jésus l’unique grand prêtre. Et tous par le baptême nous participons à l’unique sacerdoce du Christ." ©Vatican mediaLe concile Vatican II a profondément renouvelé le regard de l’Église sur elle-même et sur ses membres. Qui fait vraiment partie de l’Église ? Quels rôles pour les laïcs, les prêtres, les religieux ?
Qui sont les membres de l’Église ?
Au cours du concile qui s'est déroulé entre 1962 et 1965, la question est devenue centrale de savoir qui sont les membres de l'Église. "Il faut se remettre en tête qu’il y a une espèce de révolution copernicienne qui se fait parce que la sécularisation change énormément les rapports de l’Église au monde", rappelle Frère Gonzague de Longcamp, membre de la communauté Saint-Jean, théologien et maître de conférences à l'Université catholique de Lyon.
Or, comme l’a dit le grand spécialiste de l’Église, le théologien dominicain Yves Congar (1904-1995), l’ecclésiologie avant Vatican II était surtout de la "hiérarchologie". "On ne parlait que de la hiérarchie parce que finalement les prêtres, les membres de la hiérarchie, c’étaient eux les membres actifs, qui sont l’Église." Comme le résume Frère Gonzague de Longcamp, il y avait "l’Église enseignante et l’Église enseignée, ceux qui savent et ceux qui apprennent".
La révolution de Vatican II a été de dire que les membres de l’Église sont les baptisés, tous les baptisés. "Le point de départ, explique le théologien, ce qui a opéré la plus grande transformation c’est le premier chapitre de Lumen Gentium sur le mystère de l’Église." L’Église, pour se penser elle-même, a porté son regard vers Dieu et non plus vers elle.
Le peuple de Dieu
Sur les seize textes du concile Vatican II, la constitution Lumen Gentium, du 21 novembre 1964, traite particulièrement de l’Église et du peuple de Dieu. Elle parle de l’Église comme "sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain".
C’est au concile Vatican II que s’est imposée l’idée de peuple de Dieu et qu'a été affirmée avec force "la dignité baptismale", rapporte le théologien. Le baptême vu comme "sacrement du salut" où l’on reçoit "la dignité de prêtre, prophète et roi. C’est le baptême qui fait de nous un peuple sacerdotal, explique Frère Gonzague de Longcamp. Une communauté de sauvés appelés à vivre le salut et l’annoncer au monde." Ce peuple de Dieu qui reçoit un appel universel à la sainteté, à la communion avec Dieu.
Quelle place pour les ministres ordonnés ?
Cette approche du peuple de Dieu les critiques du concile ont pu désapprouver le fait que le rôle et le pouvoir des prêtres se trouvait minimisé. La hiérarchie a tout de même la responsabilité d’être "un guide", explique Frère Gonzague. Et qu’elle est amenée à le servir à l’image du Christ serviteur.
"Il n’y a qu’un seul prêtre dans l’Église catholique, ajoute le théologien, c’est Jésus l’unique grand prêtre. Et tous par le baptême nous participons à l’unique sacerdoce du Christ." Il précise que les ministres ordonnés - diacres, prêtres, évêques - "sont là pour poser les actes du Christ, manifester signifier et rendre efficace le salut du Christ". Le chapitre II de Lumen Gentium distingue "le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique". Il est précisé que tous deux "participent de l’unique sacerdoce du Christ" (paragraphe 10).
La synodalité, à laquelle était si attaché le pape François, qui avait convoqué un synode sur le sujet d’octobre 2023 à octobre 2024) est à ce titre "une réception du concile", selon Frère Gonzague de Longcamp. C’est-à-dire une manière "de se demander dans le concret comment la dignité baptismale affirmée si fort à Vatican II va pouvoir être incarnée dans les faits, dans la voix qu’on laisse aux baptisés, dans les responsabilités ecclésiales qu’on va pouvoir conférer aux baptisés qu’ils soient hommes ou femmes au titre du baptême… Je pense que la synodalité c’est en plein la réception du concile Vatican II."


Dans le souci de s’adresser au plus grand nombre et avec curiosité, Pauline de Torsiac sollicite théologiens et biblistes pour un échange enthousiaste sur les fondamentaux de la foi chrétienne.




